mission CONTACT - entrée n°21

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Journal de bord du DELS Espérance


Paddy était allongé sur son lit d'hôpital. Il était pâle et ne respirait qu'avec l'aide d'une machine. C'était l'affaire de quelques heures, tout au plus, m'avait-on dit. Mes pensées étaient vides, mon esprit comme anesthésié, et mes yeux étaient secs car plus aucune larme ne pouvait encore couler tant j'en avais déjà versé. Les silhouettes qui nous entouraient me semblaient floues et lointaines. Je n'avais cure des personnes présentes, seul Paddy comptait en cet instant. Péniblement, d'une voix fluette et à peine audible, il m'a réclamé son histoire favorite. Je me suis exécutée.


Chat venait de perdre un de ses amis. Triste, il pleurait cette âme perdue qui ne reviendrait jamais. Alors le Guerrier Ombre est venu à lui pour le réconforter. « Tu éprouves au fond de ton cœur ce qu'on appelle mono no aware, la sensibilité de l'éphémère, a-t-il dit. Mais ne sois pas triste par cette perte, car si ce corps est éphémère, son esprit reste vivant. Chat, certains êtres ne sont pas destinés à vivre éternellement, mais ce sont les plus beaux et précieux de tous et, le moment venu, ils iront rejoindre le Tout qui se souviendra d'eux à jamais. »

La peine de Chat n'était pas moins grande, mais les paroles du Guerrier Ombre reflétaient une vérité nouvelle. En laissant derrière lui son existence primaire, Chat savait qu'il lui fallait s'adapter à de nouvelles règles. Il en allait de sa survie et de celles de tous ses amis. Mais certains d'entre eux n'étaient pas destinés à suivre le même chemin que lui. Certains n'en possédaient pas la capacité et n'avaient donc pas droit à la vie secondaire.


Je ne suis pas allée plus loin dans mon récit car Paddy s'était endormi.



Je me suis réveillée en larmes, hantée par ce rêve d'une tristesse insondable. A force de rêver de Paddy, je m'étais attachée à son visage enfantin, son petit air mutin et sa voix de petit garçon. Même si c'était un rêve, même si ces souvenirs ne m'appartenaient pas, je ne pouvais pas m'empêcher de faire mienne la douleur que j'avais ressentie dans mon sommeil.


J'avais tenté de demander à l'entité si elle savait d'où provenaient mes rêves. Mais rien de ce qu'elle me montrait ne m'aidait à comprendre. Cela faisait une semaine que je communiquais tant bien que mal avec elle, et même si je commençais à saisir un peu mieux son mode de fonctionnement, il m'était la plupart du temps très difficile d'interpréter les souvenirs qu'elle piochait dans ma tête pour me répondre.


La seule avancée majeure concernant ce que j'avais appris était liée au lichen.

Suite à mes révélations et aux résultats des expériences de Virginie, Helen m'avait fait passer une batterie d'examens. Les résultats n'avaient pas mis longtemps à arriver, et ils nous avaient laissé toutes deux pantoises.

En se fondant en moi, l'entité m'avait donné la capacité d'assimiler par la peau les molécules d'eau présentes dans l'air. En fait, je réagissais comme les plantes hybrides de Virginie. Devenue auto-suffisante, je n'avais pas eu besoin de boire un seul verre d'eau depuis ces quelques derniers jours.


Helen tenait à observer plus longtemps les effets de l'entité sur mon organisme avant d'envisager la possibilité d'un traitement à plus grande échelle. Elle a toutefois accepté de faire une exception. Quatre en réalité.

Deux jours plus tard, nous avons donc amené les quatre techniciens malades dans le bâtiment où j'avais vu l'entité. Sous nos yeux, elle leur a fait la même chose qu'à moi et, dès le lendemain, nous avons pu noter une nette amélioration de leur état de santé.


Tim sera de retour dans moins de vingt-quatre heures, et j'espère qu'il aura autant de bonnes nouvelles à m'annoncer que j'en ai pour lui. 

Mission CONTACT (en cours de réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant