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Alors, on en est là ? C'est comme ça que cela va se terminer ?

Mon message s'attacha à la conversation avec un petit bruit à peine audible, me donnant presque l'impression que mon téléphone a voulu me certifier que oui, j'ai osé appuyer sur le bouton d'envoi. Je fixais le nom de mon contact avec appréhension, mais surtout, le petit 'En ligne' qui se configura en haut de page. Elle écrit. Elle écrit... Que pouvait-elle bien écrire ? Oh, tant de choses, et souvent, elle n'en disait que vingt pour cent de ce qu'elle pourrait m'apporter. Je savais déjà ce qu'elle voulait me dire, il me suffisait de la regarder droit dans les yeux. Dans ses yeux bleus, divinement profonds et étrangement sombres.

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J'ai de la peine à y croire, moi aussi... ( ºΔº )

Ses prunelles, je les connaissais par cœur. Elles me donnaient le même effet que lorsque je regardais la mer durant la déclinaison du soleil, si proche du lit de l'horizon que les ténèbres s'abattaient déjà sur le paysage. Des nuages gris de-ci, de-là, comme des taches de peinture oubliées.
Merde. Ses yeux me manquaient. Et c'est alors que je me rappelai que je ne lui avais pas répondu.

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Je crois encore que je vais fermer les yeux et me lever demain pour aller en cours, comme d'habitude. (╥_╥)
💬
Pareil... Tu es avec ta famille ?

Ah ! la fameuse question.

🗨
Non. Trop lourd à supporter. Maman nous a déjà souhaité une "bonne" nuit, à moi et à ma petite sœur.

J'avais encore en tête ses joues humides. Elle s'était assise sur mon matelas, et m'avait tendrement caressée les cheveux, comme si j'étais la plus belle chose au monde. Ses murmures m'avait fendue le cœur.

💬
Tu te souviens de l'heure ?
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03h12. (μ_μ) Mais je n'y crois pas trop. Je pense avant. On dormira de toute façon.

Enfin, ceux qui ne voudront pas regarder. Je me demandais s'il y avait des idiots qui allaient filmer la scène...
Trois heures douze précisément. Une belle nuit de juillet. Il faisait si torride que mes vêtements collaient à la peau, je n'arrivais même pas à tenir tranquille sous mon duvet. J'avais mis mon tee-shirt préféré et mon jogging porte-bonheur pour l'occasion. Putain, oui, j'avais monstrueusement chaud, mais je voulais être habillée ainsi. Mon tee-shirt trop large et trop jaune, et mon bas trop épais. Une toute dernière fois...

💬
Hm...

Elle n'était pas très bavarde. Elle ne l'avait jamais été, d'ailleurs, mais son silence pouvait signifier plus de choses que ma propre logorrhée, quelques fois. Je savais que si je le lui demandais, elle pourrait me parler pendant des heures. Elle était si surprenante. Si fascinante. Elle était unique.

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Dis, est-ce que je peux t'appeler ? J'aimerais entendre ta voix une dernière fois...♡

Elle était partout. Partout dans ma tête. Partout dans mon cœur. Partout dans mes pensées. Partout dans mes rêves. Mais jamais à côté de moi.
Je n'attendis pas plus que quelques secondes avant de recevoir un appel entrant. Ma sonnerie résonna comme le bruissement de la mer dans ma chambre, où le mutisme de mes quatre murs m'encerclaient comme une geôle de crépis. Je décrochai. Pas même un allô. Pas même un salut. J'entendis ses bruits d'écouteurs contre son corps, et je sus qu'elle pouvait m'entendre, elle aussi. J'eus un rire dénué de bon cœur, proche d'un sanglot que j'étoufferais volontiers avec ma taie d'oreiller.

- C'est donc ici et maintenant que je pourrais te parler pour la dernière fois ?

Un instant de silence durant lequel elle émit un maigre son, loin d'une réponse, mais proche d'un vulgaire signe de vie.

Quatre heures pour t'aimer, encoreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant