Mon ramassis de divagations

Jusqu'à la mort

Contexte: Voilà ce qui se passe quand une fille tordue comme moi s'est inscrite à l'option de latin. (Basé sur des faits réels, excepté la relation amoureuse entre dirigeants qui n'a aucun sens) Avant de commencer, le trium virat est une alliance politique au temps de l'empire romain entre trois politiciens: Octave, chargé de diriger l'occident de l'empire, Marc Antoine, chargé de l'Orient (où il rencontra Cléopâtre) et Lépide chargé de la partie africaine. Bonne lecture !

Update: petit retour après informations: enfaite, nulle que je suis, la bataille ne s'est  pas déroulée exactement comme dans mon texte mais bref...

J'inspire profondément pendant que mes intestins s'enroulent viscéralement. Il faut dire que le balancement irrégulier de toute la cabine n'arrange rien. Les souvenirs des partisans encore tiède de ce Brutus et de Cassius se mélangent aux démons de ma propre imagination. Il faut que je sorte: la blessure de ce soldat ne peut pas être entouré d'une aussi liquide et volumineuse mare de sang comme le suggère ces images. Et celui-là, si ses os peuvent peut-être sortir de ses peau pâle; mais les bouts de viscères ne seraient jamais aussi voyants. Mon estomac arrête ses nœuds, il préfère se contracter d'un coup: le garde arrive juste à temps avec l'amphore. Je remplis encore un peu son contenu et me dirige vers la sortie: il vaut encore mieux que j'affronte la réalité de la bataille plutôt que mes vieux démons. Enfin ça s'était ce que je voulais car déjà, j'arrache des mains l'amphore et le jet l'atteint de justesse. C'est drôle, ce n'est que lorsque mon estomac effectue un énième salto que je me demande si les choses ne vont pas un peu trop loin. Bah, après tout ce bâtard l'a bien mérité. La douleur n'enlève plus rien à ma haine. Tous mes muscles se crispent tellement que mon abdomen se contracte violement et expulse une enième partie de son contenu. Et dire que c'était "la plus belle chose qui me soit arrivé". Si seulement j'avais su... hélas quand je l'ai vu la première fois , j'étais occupé à penser à autre chose, enfin, "penser" est un grand mot. Se faire contrôler par une vague intérieure, ce n'est pas penser. Ses mains, ses bras, sa bouche, tout son corps à tout de suite pris possession du mien. Je laissais la peau lisse de ses doigts glisser sur mon dos et sa bouche fusionner avec la mienne, je voulais de faire qu'un avec lui, je voulais oublié où mon être finissait et où il commençait (NDA:  phrase inspirée du compte instagram "amours_solitaires" oupsy). Je ne pourrais pas mieux expliquer cette passion viscérale et physique qui nous liait à se moment-là, je crois que les mots s'arrêtent à un moment donné et il ne pourront jamais atteindre cette puissance qui me parcourait tout le corps quand je l'apercevais. Un jour, quand tous le monde était parti au sénat, il est venu collé son corps contre le mien et m'a susurré dans un souffle "je t'aime". Je sens une boule de bile froide qui remonte le long de ma gorge, heureusement que j'ai gardé l'amphore sous la main. Et dire qu'à ce moment-là, je lui avais répondu que je l'aimerais jusqu'à la mort... Mon estomac se contracte une nouvelle fois et ajoute encore un peu plus de liquide dans le contenant. L'ennui, c'est que je n'ai pas précisé laquelle de nos deux morts... Et dire que c'est moi qui ai proposé le trium virat. Quelle idée d'envoyer Antoine se saouler en Orient ! Même Lépide, dans sa chétive et maigre enveloppe corporelle et sous son regard fuyant a mieux gérer ses provinces, enfin, jusqu'à sa veine tentative de soulèvement qui lui a valu son bannissement. Là, pour être pire, il faudrait être vraiment extrême. Je crois que Lépide s'est toujours senti exclu, en même temps comment inclure cet être chétif quand un amour si puissant nous liait ? 

Les premières semaines sans lui, après la formation de ce maudit trium virat, ont été les pires. J'avais beau connaître chaque centimètre carré de sa peau, je mourrais d'envie de l'embrasser. Quand les rumeurs ont commencé à remonter en occident, je ne les ai pas crues. C'était ridicule ! Pourtant, j'ai du me rendre à l'évidence. Il avait eu deux enfants avec la première venue ! Je l'avais pourtant bien marié à ma sœur, je pensais qu'il se tiendrait tranquille avec cette écervelée. Les bruits devenaient de plus en plus précis. Il devait, régulièrement, poser sa bouche sur la sienne et entrer sa langue dans son palais. Cette fois, je manque de m'étouffer en faisant sortir un nouvelle partie de ce que peut contenir mon ventre. ça n'a même pas été si difficile de convaincre d'attaquer ce bâtard. Le peuple était déjà très remonté depuis qu'il distribuait nos provinces à sa pute et puis personne ne pourra jamais vérifié si ce testament scandaleux que j'ai fait ouvrir était un vrai ou un faux.

Je dois sortir pour assister à la bataille. Peut-être que Marc Antoine est déjà mort. Je prends une grand inspiration et sort sur le pont du bateau. Ma respiration se bloque en voyant tous les corps pâles gisant à terre mais elle se coupe réellement à sa vue. Il est à terre, la respiration sifflante. Cet abdomen dans lequel je me suis blotti se soulève à présent difficilement dans l'agitation de la bataille navale. Après m'être approché, je me penche sur lui. Quand je repense à sa peau et à ses lèvres, je ressens presque de la pitié. Je pourrais arrêter cette bataille et on pourrait régner ensemble... Régner avec Cléopâtre ? Non, qu'est-ce que je peux pensé de ce petit con ! Il a baisé avec elle. Tous mes muscles se contractent quand je sors mon arme. La fin de mes souffrances, la début d'un nouvelle ère. Dans le dernier éclat de ce sentiments, j'abat le glaive droit dans le cœur de Marc Antoine. Pendant un instant, je reprend ma respiration. Marc Antoine est mort. Puis, j'abat le couteau dans l'abdomen de celui-ci sans m'arrêter. ça, c'est pour Cléopâtre. ça c'est pour lui avoir fait un enfant. ça, c'est pour l'autre enfant. ça, c'est pour lui avoir distribuer des provinces. 

Je m'arrête enfin. C'est fini. Aujourd'hui est la fin d'une guerre et d'un combat inutile, je pourrais enfin régner sur l'empire.