Parce que tu es humain.

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Lorsque Lily vit l'adolescent se mettre à vomir du sang, elle réagit instinctivement. Même si l'infirmière – son mentor – ne l'avait pas appelée, elle savait qu'elle aurait besoin d'elle. Pourtant, elle rebroussa chemin, et partit s'occuper des compagnons du blessé.

Si l'un d'eux était dans cet état, il valait mieux prévenir que guérir, et ausculter les autres.

Ses yeux de futur-guérisseuse remarquèrent presque immédiatement le moignon gauche de la sorcière brune, elle vit le boitillement presque imperceptible du garçon roux. Elle tourna son regard émeraude vers l'autre fille, rousse, elle aussi – même si cela ne se voyait guère, avec la crasse et le sang qui la recouvrait – et elle écarquilla les yeux, détaillant les griffures, les morsures, et les coupures qui saignaient à flots. Lily se précipita vers elle, la voyant ramper en pleurant pour rejoindre son ami à l'agonie ou presque. Son état déplorable, de sa tenue déchirée à son visage marqué de cicatrices et de plaies, de tristesse et de haine.

« Calmez-vous (le vouvoiement était instinctif, elle paraissait si différente des habituelles jeunes filles qu'elle fréquentait) s'il-vous-plaît. Je vais vous soigner un peu, et vous le rejoindrez. »

Elle aurait pu parler à un mur.

« Erèbe, occupez-vous d'Erèbe, comment-va-t-il ? Il s'en sortira, hein ? Je ne pourrai pas le perdre, pas après Draco, Tom et les autres, aidez-le, juste, sauvez-le s'il-vous-plaît... »

Le babillage incessant et les yeux vagues, fixés sur la silhouette convulsant de « Erèbe », la convainquit que son état psychologique était bien plus grave que ce à quoi elle s'attendait. On aurait dit qu'elle avait vu l'horreur, la mort, la guerre, et pas qu'une seule fois. Des larmes dans les yeux bruns, elle tendait la main vers le corps secoué de spasmes devant elle. Lily sentit un brin de pitié qu'elle rejeta pour de la compassion et la volonté de sauver ces enfants qui avaient grandi trop vite.

« Chut, tout ira bien. »

Et d'instinct, pas celui d'infirmière, mais un autre, d'amitié ou d'amour elle la prit dans ses bras.

James ressentit une bouffée de jalousie en voyant sa Fleur de Lys enlacer cette inconnue. Garçon ou fille n'y changeait rien, il ressentait une possessivité et une jalousie sans borne envers ceux qui avaient l'honneur d'avoir un geste d'affection de Lily. C'était pour ça qu'il s'en était pris tant de fois à Severus Snape, l'ami d'enfance de la jeune fille.

Il serra les poings.

« Tu te fais du mal pour rien, Jamesie. » Murmura Sirius, qui observait avec dégoût l'agresseur de Dumbledore.

« Je sais. »

Mais il ne pouvait vraiment pas s'en empêcher.

Albus observa avec horreur Erèbe qui, tremblant, tentait de rester conscient, sans vraiment y parvenir. Il se pencha et murmura une formule, nettoyant un peu le visage maculé du légendaire Prince.

« Par la Magie... Je suis vraiment désolé, Erèbe, vraiment... »

Mais dans le regard vitreux de la Créature, il n'y avait pas de place pour le pardon.

Mrs Pomfrey demanda à Hagrid de porter le jeune homme, clairement en manque de magie et qu'un simple sortilège de lévitation pourrait tuer. Le gardien s'exécuta, un peu pataud, mais il réussit à placer l'adolescent dans une position à peu près confortable. Il se dirigea d'un pas balourd vers le château tandis que l'infirmière se retournait vers les trois autres arrivants. Elle s'approcha à grands pas, passa devant son assistante qui avait les choses bien en main, et s'arrêta devant les deux autres enfants, la brune et le roux. Elle commença par faire les soins basiques à la jambe du garçon, pour qu'il puisse marcher, puis s'attela au bandage du moignon de bras.

Le prince de l'ombre (tome 2) {Fini}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant