La sœur de mon frère, c'est ma sœur // FRAMAL [TOME 1]

30/ UNE FÊTE, DÉFAITE

On finit bêtes à la fin de nos soirées
On fait la fête jusqu'à ce que l'un de nous soit raide
Y avait du monde mais je l'ai vu apparaître
Pâle comme une aquarelle, j'ai vu son ombre avant de la voir elle

PDV IDRISS

Le repas du midi avait commencé une demi-heure plus tôt. Nous en étions toujours à l'entrée. J'étais assis entre Ken et Mona, la pote d'Iris. Cette dernière était entre Ken et Hakim. J'essayais de la fixer le moins possible pour que mon frère et Ken ne s'en rendent pas compte. C'était compliqué. Compliqué parce qu'elle était en face de moi. Compliqué parce qu'elle était magnifique, encore plus belle que d'habitude. Le maquillage soft qu'elle avait appliqué mettait encore plus ses yeux bleus en valeur. J'avais parfois du mal à détacher mon regard de son visage.

-Je me sens toujours mal à l'aise dans ces trucs chics, fit Hakim.

-Tu comptes te marier en jogging baskets ? Demanda Iris en souriant.

Mon frère leva les yeux au ciel.

-Je compte pas me marier du tout, répliqua Haks.

-ça s'est parce que t'as pas trouvé la bonne, le rassura la jolie grecque.

A ce moment-là, je la fixais. Je ne savais pas si sa phrase avait un double sens qui m'était destiné mais en tout cas, moi je l'avais interprété d'une autre façon. D'une façon qui me concernait. Je ne lui avais peut-être jamais dit clairement, probablement par peur de la faire fuir, mais je savais que c'était la bonne. La femme que j'épouserais. Celle qui serait ma femme. Celle à qui je passerai la bague au dos. Celle qui me rejoindrait devant l'autel habillée d'une longue et magnifique robe blanche.

-Et toi Id', tu vas te marier ? Questionna Ken en tournant la tête vers moi.

-Ben ouais, un jour, je répondis en essayant de ne pas fixer Iris.

Ken et Hakim rigolèrent.

-T'as même pas de meuf ! S'exclama Hakim.

Je serrais les dents. Ne pas s'énerver. Ne pas tout faire foirer. Pas ici. Pas maintenant. Pas au mariage de mon meilleur pote. Je pris donc sur moi et ne répondis pas au pic lancé par mon frère.

Le repas continua accompagné de conversations toutes aussi banales les unes que les autres. Une fois le dessert terminé, certains invités allèrent se promener, d'autres allèrent se poser dans l'herbe tandis que certains allèrent jouer à la pétanque et autres distractions.

~

Vers 20h00, on se retrouva tous dans la salle des fêtes. Théo et Aline étaient debout au milieu de la piste de danse. Ils firent tinter leur verre pour demander le silence.

-Aline et moi voulions vous remerciez d'avoir été présents avec nous pour ce jour si spécial. Nous sommes vraiment touchés et émus que vous ayez répondu présent. A présent, j'ai appris quelques minutes plus tôt qu'Aline avait demandé à une amie à moi de faire un discours. Je ne sais pas qui c'est alors je vais demander à cette personne de se lever pour prendre la parole.

Les invités se dévisagèrent puis se fixèrent sur la chaise qui se recula. La chaise face à moi. Iris. Je souris. Quelle cachottière ! La jeune grecque sourit timidement et se leva. Elle traversa la salle et se plaça au milieu. Elle prit le micro que Théo lui tendit.

-Bonsoir à tous ! Je m'appelle Iris et je connais Théo depuis j'ai 4 ans. Quand Aline m'a demandé de faire un discours, j'ai d'abord été surprise, je lui ai dit que je n'étais probablement pas celle qui le connaissait le mieux. Je lui ai dit qu'elle aurait dû demander à ses meilleurs amis mais elle m'a assuré que je m'en sortirais très bien. Je ne vous cache pas que j'ai la pression ! Je ne savais pas trop par où commencer alors je vais commencer par ce qui me semble essentiel. Merci à toi Théo. Depuis qu'on se connait tu as été pour moi comme un grand frère, un ami et un confident. Tu m'as toujours fait rire même quand je n'en avais pas envie. Tu es probablement celui dont on a tous besoin pour résoudre des situations. Tu es quelqu'un de gentil, de droit, d'honnête mais surtout tu es un fidèle ami. Un ami sincère. Je suis heureuse que tu es trouvée quelqu'un comme Aline. Je trouve que vous vous complétez à merveille. J'espère que vous allez nous faire des petits, parce que je voudrais bien être tata ! Trêve de plaisanterie. Aussi loin que je m'en souvienne, je ne suis allée à un mariage et je commençais à croire que j'en verrai pas avant de me marier. Le vôtre est tout ce que je m'étais imaginée. Il m'a donné des frissons, m'a ému, m'a rendu joyeuse et m'a fait un peu plus croire au bonheur et en la vie. Je vais probablement m'arrêter de parler avant de dire n'importe quoi. Je voudrais qu'on lève tous nos verres à Aline et Théo !

Tout le monde leva son verre puis des applaudissements retentirent dans la salle. Les mariés se levèrent et allèrent remercier et embrasser Iris.

Théo fit signe à Hugz de lancer la musique. Iris revint s'asseoir à notre place.

-Genre tu nous avais caché ça ! S'exclama Ken.

Le regard de ma copine se voila. Ken ne l'avait probablement pas remarqué et n'avais pas fait exprès de dire ça mais c'était déjà assez difficile pour elle de devoir cacher tant de choses à son frère. Iris ne répliqua pas et commença à se servir du plat qui venait d'être déposé sur notre table. Hakim nous servit du champagne à tous sauf à Iris et l'on trinqua en même temps que les mariés et les autres invités.

~

La soirée était déjà bien avancée. Le repas touchait à sa fin et l'ambiance était à son apogée. La musique emplissait la salle des fêtes et la piste de danse était remplie d'invités. Quelques minutes plus tôt, Théo et Aline avait ouvert le bal avec une danse. Ça nous avait fait bizarre de voir Théo danser sur une musique douce plutôt que sur un bon son de rap. J'étais resté assis à la table avec Hakim et Ken tandis qu'Iris et Mona étaient en train de danser. Cela faisait plusieurs minutes que je voyais Ken fixer la piste de danse les yeux plissés.

-Tu cherches quoi ? Demandais-je.

-Ma sœur, lâcha-t-il.

J'esquissais un sourire.

-Elle va pas s'envoler, fit Hakim. Cette remarque de mon frère lui valut un doigt d'honneur de la part de Ken.

-Je veux pas qu'un pauvre type profite d'elle. C'est une gamine encore.

-Tu devras bien la lâcher un jour, me risquais-je à dire en laissant divaguer mon regard sur la piste de danse à mon tour.

-Ouais, quand elle aura 25 ans, répliqua Ken.

Hakim explosa de rire. Ce ne fut pas mon cas. Je ne savais pas si il était sérieux ou pas et j'espérais fortement que non. A cet instant, je pris un peu plus conscience que ça serait difficile.

Difficile.

Long.

Périlleux.

Ken était protecteur envers Iris. Trop protecteur. Notre différence d'âge n'allait certainement pas arranger les choses. Si il y avait bien une chose qui ne me gênait pas c'était bien ça, notre différence d'âge. Au début oui, évidemment, j'étais majeur depuis longtemps et elle, elle ne l'était pas. Notre histoire n'était pas légale, aux yeux de la Loi. Aujourd'hui, nos 6 ans d'écart ne m'atteignaient plus.

Vers une heure du matin, Iris et Mona réapparurent complètement essoufflées. Iris s'avachit sur sa chaise et but un verre d'eau.

-T'étais où ? Demanda Ken d'une voix agressive.

Iris me jeta un regard. J'avouais ne pas savoir d'où sortait ce soudain énervement de Ken. Je sentais mal la suite.

-Sur la piste, dit calmement ma copine.

Mon kho secoua la tête.

-Ouais ou au bar en train de te bourrer la gueule ! S'emporta le grec.

Les yeux d'Iris s'écarquillèrent. Je remarquais que ses poings se serrèrent.

-Si tu me dis ça, c'est que t'as encore rien compris. T'as pas encore compris que l'alcool pouvait me détruire ! T'as pas encore compris qu'avec seulement deux verres d'alcool toute la dialyse est foutue, toutes les opérations sont foutues et que je peux juste commencer à creuser mon trou ?!

Elle jeta un regard haineux à son frère et se leva en trombe. Mes yeux restèrent bloqués sur sa chaise vide. Quand je me décidais enfin à dévier mon regard sur Ken, il était choqué. Choqué par les paroles de sa sœur.

-Je suis vraiment con, souffla mon pote.

Il commença à se lever mais Mona l'interrompit :

-Si je peux me permettre Ken, je crois que tu devrais la laisser seule. Tu iras t'excuser demain. Crois-moi, laisse-lui le temps, elle le sait pas mais au fond c'est un premier pas vers la délivrance ce qu'elle vient de faire.

Ken fixa Mona, surpris, mais néanmoins il se rassit.

De mon côté, je mourrais d'envie d'aller la retrouver mais je ne pouvais pas. Je n'avais aucune excuse. Je passais donc le reste de la soirée à fixer la porte d'entrée de la salle, espérant que ma jolie grecque la franchirait. Hakim me grilla à de nombreuses reprises. J'espérais juste qu'il ne comprenait pas.