Tu veux te suicider ?
Il est 22h53 ce dimanche soir. Tu as déjà dit bonne nuit à tes parents, à ton frère et à ta sœur. Ils pensent que tu dors profondément. Tu es assise à ton bureau, faisant virevolter ton stylo entre tes doigts. Tu regardes la feuille de papier vierge alors que les larmes emplissent tes yeux pour la cinquième fois déjà ce soir. Tu ne veux pas faire ça sans avoir écrit une lettre d'au revoir. Tu veux être sûr que ta famille sache pourquoi tu as fait ça. Les larmes tombent sur la feuille et tu ne peux empêcher ta frustration quand les gouttelettes ruinent le papier. Tu t'effondres et te brises encore plus. Tu réalises que tu ne peux pas écrire la lettre donc tu te regardes une dernière fois dans le miroir et laisse tes dernières larmes couler. Quelques instants plus tard, ton cœur s'arrête et le sang s'échappe de ton corps pour créer une flaque sur le sol. Mais personne ne s'en souciera, pas vrai ?
Il est maintenant 6h47 ce lundi matin. Ta mère t'attends en bas, dans la cuisine, pour te donner l'argent pour ton déjeuner. Elle est déjà en retard pour le travail mais elle ne veut pas que tu stresses pour préparer ton repas de midi. Elle ne sait pas ce qui te prends autant de temps. Elle crie ton nom plusieurs fois, mais personne ne répond. Elle ne sait pas que ton corps froid git dans ta chambre. Elle pense que tu dors encore donc elle monte les escaliers et toque à ta porte pour te réveiller. Mais il n'y a toujours pas de réponse. Elle ouvre la porte et crie, horrifiée en te voyant allongée sur le tapis rose que t'avais offert ta tante. Elle reste assise là à te bercer dans ses bras pendant une bonne heure, en larme et inconsolable jusqu'à qu'elle trouve la force de se lever et d'appeler ton père. Il se précipite à la maison, et il pleura toutes les larmes de son corps. Tes parents sont allés chercher ton frère et ta sœur à l'école et ont essayé de leur expliquer ce qu'il venait de se passer. Ton frère ainé sort de ta chambre et entre dans la sienne. Il claque la porte. Il pense que tout est de sa faute. Il s'est toujours moqué de toi, t'appelait par des petits noms et cherchait des arguments pour te pousser à bout. Il frappe dans son mur et les larmes de s'échappent de ses yeux. Ta petite sœur ne comprend pas. Elle demande si c'est parce qu'elle a toujours essayé de te voler des choses ou parce qu'elle ne te laissait jamais seule quand tu étais avec tes amis. C'est dur d'expliquer quelque chose comme ça à ta petite sœur de six ans. Mais elle ne se s'en soucierais probablement pas, pas vrai ?
Il est maintenant mercredi et ta mère est finalement allée à ton collège. Elle n'a pas quitté la maison depuis que tu es décédée, mais elle savait qu'elle devait aller l'annoncer à tes camarades. Elle entre dans ta classe et ne voit que ta professeure assise à son bureau en train de corriger des copies. Il est 12h19 et ta classe n'a pas cours. Ton enseignante la salue et lui demande où est ce que tu étais. Ta mère fond en larme et ta professeure est automatiquement surprise, comprenant que quelque chose ne va pas. Elle n'a pas la moindre idée de ce qui se passe mais elle essaie de réconforter ta mère. Ta maman commence alors à expliquer ce qu'il s'est passé, et ta professeure pleure aussi. Elle commence à se rappeler de toutes les fois où elle t'as crié dessus parce que tu n'étais pas attentive et que tu ne faisais pas tes devoirs. Elle pense que c'est sa faute car elle a été trop sévère avec toi. Ta classe retourne en cours et tous les élèves sont confus de voir la mère d'une élève dans leur classe. Quelques élèves ont reconnu ta mère et veulent lui dire bonjour mais ils ont remarqué que quelque chose n'allait pas. Ta professeure appelle le principal adjoint et le principal qui vienne dans ta classe et ta mère explique ce qu'il s'est passé. Tout le monde dans la classe est maintenant en train de pleurer. Même le garçon ennuyant qui était assis juste derrière toi et qui te mettait du chewing-gum dans les cheveux est en train de pleurer, pensant que c'est de sa faute. Même la fille populaire qui ne voulait pas te donner l'heure, est en train de pleurer, pensant que c'est de sa faute. Même l'intello qui ne voulait pas te laisser copier ses devoirs, est en train de pleurer, pensant que c'est de sa faute. Ils font probablement semblant, parce que personne ne s'en soucie, pas vrai ?
Une semaine est passé et c'est l'heure de ton enterrement. Personne n'en a jamais vu un aussi grand. Presque tous les enfants de ton école et leur famille sont là. En fait, presque toutes les personnes avec qui tu as été en contact sont venus. Tout le monde se lève pour parler et dire quelques mots en ton honneur. Et après chaque discours, tout le monde pleure encore plus fort se rappelant que tous les bons moments passés avec toi ne sont plus que souvenirs désormais. Tes funérailles ont duré plusieurs heures ; personnes ne veut se lever, bouger ou accepter de ne plus jamais te revoir, ton suicide. Ils sont tous trop fainéants pour se lever, c'est évident qu'ils ne se soucient pas de ton décès, pas vrai ?
Ça fait maintenant un mois depuis ta mort. Personne de ta famille n'est allé dans ta chambre. La porte demeure fermée. Ta mère va chez ton père et murmure « Il est temps ». Ton père la regarde avec ses yeux bruns habituellement pétillant de joie et de malice mais désormais sans vies, hoche la tête et se lève lentement de la table de la cuisine. Ils rentrent doucement dans ta chambre. Le simple fait d'y pénétrer donne des frissons à ta mère. Ton père tient ta mère et l'empêche de tomber quand elle commence à pleurer. Il essaie d'être fort, mais il ne peut pas, il n'y arrive pas, c'est beaucoup trop dur, et les larmes dévalent ses joues. Ils commencent à ranger tes habits, à dépoussiérer tes étagères et à faire ton lit. La tache de sang sur ton tapis a été recouverte d'un autre tapis marron, horriblement laide. Aucun d'entre eux ne s'en approche. Ils rangent en silence pendant une bonne heure, en ne se lançant que des regards emplis de tristesses et de regrets. Ils ne se soucient pas que tu soies partie, ils ne veulent juste pas une chambre désordonnée, pas vrai ?
Une autre semaine s'est déroulée. Ton frère passe devant ta chambre et entend des pleurs provenant de l'intérieur. Il ouvre la porte et voie ta petite sœur assise sur ton lit, accrochée à ton coussin préféré, en larme. Tu lui manques tellement, elle rêve de toi tous les soirs. Il s'assoie à côté d'elle et ils pleurent ensemble. Ton père et ta mère les aperçoives et les rejoignes peu de temps après. Ton père fait une blague « ce lit n'est pas assez grand pour nous quatre » et tout le monde rigole. Tu sais, c'est la première fois que ta famille sourit depuis que tu es morte. Ils se font tous un grand câlin et ta mère dit « nous traversons ça, un jour... Nous y arriverons ». Tu pensais que personne ne s'en soucierais ? Et bien, tu avais tords.
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Tu veux te suicider ?
Short StorySi tu as déjà, que tu envisages -ou que tu es juste curieux- de te suicider, lis ceci s'il te plaît. Je ne prétends pas pouvoir changer les choses seulement d'essayer.