Désastre des Astres

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« Regarde-moi dans les yeux, dit-moi que tu me hais. »

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Alors que les dernières notes de la symphonie retentissent dans la somptueuse et grande salle, les sièges claquent déjà du public richement habillé pour l'occasion qui se lève à l'unisson en ovation pour le jeune maestro.

Mozart…ce jeune artiste, avec un talent et un culot incomparable, fais trembler la salle, vibrer les âmes et fondre les cœurs en quelques mouvements par lesquels il fait vivre son art. Nobles, courtisans, paysans et les gens des bas quartiers ne peuvent résister, et se trouvent charmer par de telles mélodies. Même le plus roi des rois ne peut que se soumettre à un tel talent ; rien ni personne ne pouvait arrêter cet astre, lumineux comme le jour, qui brûlait tout sous son passage avec un sourire et une facilité déconcertante.

Le jeune homme blond se retourne une fois les derniers chants des instruments prononcés pour observer le public, en applaudissement général.

Qu'il est bon de voir une telle reconnaissance. Damné que je suis si j'ose un jour m’accoutumer d’un tel privilège.

Il sourit, et salut le public. À la lumière de la scène, son costume rose brille de mille feux à chacun de ses mouvements. Il ramasse le flot de roses à ses pieds. Rouges, roses, oranges, que de couleurs vives et éclatantes, comme le reflet de son jeune succès.

Après tout, je l'ai enfin, le parfums des roses. Alors pourquoi suis-je toujours…insatisfait ?

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Même dans la pénombre pourtant calme en temps ordinaires des couloirs des coulisses, le boucan incessant des acclamations se fait entendre, étouffé par les murs. Ce bruit n'était pourtant pas suffisant pour essouffler le son du poing cognant sur la porte de bois.

Salieri est le seul dans ce couloir. Même le personnel du théâtre était parti écouter le grand Mozart. Il laisse glisser sa main vernie de jais de la porte pour la porter à son visage. Il expire profondément, d'une inspiration qu'il semblait avoir retenue prisonnière.

« Comment fait-il…il empoisonne tout le monde de ses compositions, tous le suivent et l’adule ! ...Qu'ils aillent au diable ! »

Il place ses mains derrière son dos et les joints. Son regard marron est si perçant qu'ils semblent creuser à travers les murs pour poignarder Mozart.

« Mozart. Le graaand MOZART ! Prennez donc plaisir à votre succès. Il ne tiendra pas aussi longtemps que vous ne le pensez. Votre sourire se moque bien de savoir si je souffre de vous savoir meilleur que moi.»

En maudissant le compositeur, Salieri positionne de meilleure manière le petit poignard d’argent dans sa manche.

« Bientôt…bientôt…le rouge qui ne sis que trop bien à vos fleurs…sera celui de votre sang. Vous tomberez, vous poserez les armes. Votre talent n'aura plus d'importance, et le miens pourra briller de nouveaux. »

~

La salle se vide progressivement. Les dames font traîner leurs robes de soirée vers la sortie, et les mieux habillées vont dans les luxueux appartements du théâtre. Les danseurs et les musiciens rangent costumes et instruments, heureux de la prestation de ce soir.

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⏰ Dernière mise à jour : Feb 06, 2021 ⏰

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