Est-ce que, pour n'pas la gifler, t'as dû te battre contre l'instinct?
T'es-tu juré que plus jamais tu perdrais l'contrôle à c'point?
PDV IRIS
La journée s'était terminée plus tôt. Mon dernier prof étant absent, je rentrais chez moi à 16h45 au lieu de 17h45. Je montais les escaliers à contre-cœur. Une fois devant la porte de l'appartement, mon cœur s'emballa lorsque j'entendis le bruit de la télévision. Il était là. Le monstre était là. Je restais de longues minutes, bloquée, devant la porte. Puis finalement, avant qu'une voisine trop curieuse me surprenne, j'abaissais la poignée. J'ouvris la porte et la refermais sans un bruit. Mais alors que je pensais échapper à la furie, le son de la télé s'éteignit. Je posais ma veste sur le porte-manteau de l'entrée et me retournais, prête à affronter la tempête. Il était là. Devant moi. Les yeux froncés.
-T'as séché ? Demanda-t-il d'une voix sèche.
Crois-moi que si j'avais séché, j'aurai au moins eu l'intelligence de rentrer à l'heure habituelle.
Pauvre con.
-Mon dernier professeur était absent.
-Foutaise ! Cria-t-il en balançant sa main sur ma joue gauche.
Ma tête valsa avec la douleur et je manquais de tomber sur le coup. Mon sac tomba à terre. Je savais que ce n'était que le début. Je devais prendre sur moi. Comme d'habitude.
-Tu n'es qu'une bonne à rien ! Comme ton frère ! Qu'est-ce qu'on a fait pour avoir des gamins comme ça ?!
Mon regard était rivé sur le sol. Comme si...comme si j'attendais le prochain coup. Cette triste vie était devenue une triste routine.
-Parle pas de Ken, murmurais-je.
-Oh que si je vais parler de lui. Ton frère n'est qu'un incapable ! Il me fait honte et fait honte à la famille.
Mon cœur se serra. Je détestais qu'il parle de Ken comme ça. C'était mon frère.
-C'est toi qui fait honte ! Criais-je alors. Presque aussitôt, je mis ma main sur ma bouche. C'était sorti tout seul. Le monstre écarquilla les yeux. Il s'approcha de moi et m'attrapa par le pull. Avec toute sa force, il réussit à me soulever de quelques centimètres avant de me jeter contre le mur du salon. Ma tête heurta le mur et je retombais au sol.
-Tu es faible ! Comme ton frère. Vous êtes faibles ! La prochaine fois que je vois ton incapable de frère, je vais lui refaire le portrait.
-Non ! Réussis-je à crier.
Il me regarda, un sourire complètement fou pendu aux lèvres.
-Ah oui ? Alors tu prendras deux fois plus si je ne peux pas me défouler sur lui ?
J'hochais la tête. Je réussis tant bien que mal à articuler :
-Oui. Pas Ken.
Il acquiesça. J'étais surprise qu'il accepte aussi facilement de ne pas toucher à Ken. Certes ce que j'allais subir allait être pire, mais il ne toucherait pas à ce que j'avais de plus cher : mon frère. C'était peut-être ridicule et inconscient, peut-être qu'il allait finir par me tuer, mais je voulais protéger Ken. Rien ne me ferait changer d'avis. Personne ne me ferait changer d'avis.
Alors il continua. Il me gifla une nouvelle fois, ce coup-ci sur l'autre joue. Dommage qu'il n'était pas professeur de mathématiques, ça aurait été symétrique au moins. Il me poussa une nouvelle fois contre le mur et je m'écroulais au sol. A croire qu'il aimait me voir faible, il me balança un coup de pied dans le ventre. Ce dernier coup eut pour effet de finir de m'achever. Je crachais du sang sur le carrelage du salon, ma respiration devint saccadée. Le monstre devant moi n'en eut que faire et s'éloigna me laissant seule, recroquevillée comme un chien.
Je n'avais même pas la force de pleurer. Les larmes ne voulaient plus couler. Le sang, lui, par contre sortait par salves de ma bouche. Des bleus commençaient déjà à se former sur mes bras. Je soulevais difficilement mon pull et aperçut une grosse marque sur mon ventre.
Je rassemblais toute la force qu'il me fallut et me mit à ramper jusqu'à ma chambre. Quand j'atteignis mon paradis, je refermais la porte à clé. C'était le seul endroit où j'étais un minimum en sécurité dans cet appartement. Je me trainais jusqu'au miroir de ma chambre et observais mes marques. Comme j'avais l'habitude de faire ces derniers temps, j'attrapais mon téléphone et pris en photos mes marques. Je ne savais pas pourquoi j'avais commencé à faire toutes ces photos. Au fil des semaines, je m'étais dit que peut-être un jour j'aurai le courage. Le courage de tout dire. Le courage de le dénoncer. Et que ce jour-là, il me faudrait des preuves. Dans le même temps, j'avais aussi commencé à écrire. Ecrire ce qu'il me faisait. Ecrire les stupides raisons pour lesquelles il se défoulait sur moi. Ecrire ce qu'il m'infligeait. Ecrire que ma mère, cette lâche, ne réagissait pas. Ecrire ce que je vivais. J'écrivais tout dans le plus grand des détails. Je voulais croire qu'un jour ce carnet me servirait.
Nicolas Samaras venait, une fois de plus, de me détruire.
Nicolas Samaras venait, une fois de plus, de me briser.
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La sœur de mon frère, c'est ma sœur // FRAMAL [TOME 1]
FanfictionIris Samaras est la sœur du célèbre rappeur Nekfeu. En 2013, à la suite d'un drame, elle décide de partir se ressourcer et se retrouver en Grèce, son pays natal, le pays de son cœur. Mais lorsqu'elle revient sur Paris, deux ans plus tard, elle ne s'...