Chapitre 13 : Confrontation.

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MYRA

Je me regarde dans le miroir de la salle d'eau commune, et c'est à peine si je me reconnais. Vivante. C'est la manière dont je décrirais mon état depuis ce matin. Je ne me suis jamais sentie aussi ressourcée, prête à affronter des hordes d'ennemis sans jamais faillir. Ma mine jusqu'alors épuisée et morne est désormais pétillante et fraîche, comme celle d'une gamine venant de prendre le soleil. Malheureusement, je crains que cette énergie soudaine ne soit pas due au hasard, bien au contraire.

Cela faisait plusieurs jours que je craignais ce qui est finalement arrivé hier soir. Ça ne m'était arrivé qu'une fois auparavant, et ce, lorsque je ne connaissais pas encore les limites de mes aptitudes, ou plutôt, de mon fardeau. J'ai beau détester ça, le fait est indéniable: je dois me nourrir, absorber les forces d'autres pour supporter la lourdeur de ce que m'a imposé, il y a dix ans désormais, cette enflure de Doflamingo. J'ignore comment il a fait ça, mais il a fait de moi sa bête, sa "succube" comme il aimait tant m'appeler. Toutes ces heures passées à tester sur moi ces produits chimiques, ces injections, et finalement, ce fruit artificiel, m'ont transformée en monstre insatiable, assoiffé de l'énergie des autres, sans jamais y trouver de répit. J'aurais sans doute préféré mourir, mille fois même, plutôt que de grandir en devant lutter contre ma propre nature. Cette même nature qui me force à amadouer les hommes pour épuiser leurs propres forces ensuite, quitte à les tuer, tant que cela augmente ma puissance. C'est bien plus qu'une envie, c'est un besoin. Ce même besoin qui s'est manifesté avec ce pirate de Sabaody, Killer, et bien pire, Law.

Hier soir, j'étais hors de moi, incontrôlable. La possibilité de me ressourcer ne m'avait plus été donnée depuis des semaines, depuis mon arrivée sur ce foutu navire pour tout dire. Ces derniers temps, j'ai pourtant voulu me contrôler, ne pas sauter sur Penguin ou même Shachi pour m'emparer de leur énergie, mais cette retenue ne pouvait plus durer. L'énergie des autres a beau me rendre forte, elle n'en est pas moins une dépendance, sans laquelle je suis incapable d'action ou de raison, réduite à la simple condition de bête. Exactement ce que voulait Doflamingo; une bête affamée obéissant à tous ses ordres, sans ciller.

Et hier soir était le soir de trop. J'ai failli y passer, la folie causant ces hémorragies de part et d'autre de mon corps, puis, le capitaine des Heart est arrivé. Et c'est lui qui a bien failli ne pas s'en sortir. Ce type est une masse d'énergie ambulante, à laquelle il m'a été impossible de résister. Et je l'ai quasiment tué. Mais c'était plus fort que moi. Le contact de sa peau contre la mienne, la proximité de nos corps, c'était comme mettre un morceau de viande face à un loup enragé.

Je l'ai embrassé. Putain. Et nul doute qu'il ait ressenti son énergie qui quittait son corps alors que mes lèvres agrippaient les siennes. Je préférerais qu'il croie à une folle et soudaine envie de ma part de l'étreindre, mais Trafalgar Law n'est pas dupe, et il finira par vouloir des réponses à ses questions. Je n'ai plus qu'à jouer le rôle de la parfaite, innocente et stupide nana à qui on a refusé les faveurs d'un baiser, et nier toutes ses accusations en bloc. Espérons simplement que ça soit suffisant.

Les cheveux encore humides, je n'ai pas quitté le miroir des yeux depuis que je suis sortie de la douche. J'avais grandement besoin d'enlever tous ces restes de sang de mon visage, et il faut dire que je ne me suis jamais sentie aussi propre qu'après ce nettoyage. Malgré tout, je sens une boule de trac se former en moi. Je sais bien que je devrais retourner à ma cabine à un moment ou à un autre, mais je sens que moins je croiserais de monde, mieux je me porterais. La dernière chose dont j'ai envie soit que cette situation se soit ébruitée. D'autant plus que Bepo aussi m'a vue hier soir, et j'imagine qu'il risque d'encore plus me craindre après ça.

Rassemblant toutes mes affaires sales, je soupire une dernière fois, et me décide à quitter la salle des douches communes. Je suis seule à cette heure-ci. Il faut dire qu'il se fait encore très tôt. Après l'incident de la veille, je n'ai quasiment pas fermé l'œil de la nuit, réfléchissant à tous les plans possibles et imaginables pour me sortir de ce pétrin. Alors, à cinq heures, avant que tout le monde ne se lève et se mette au travail, je me suis empressée d'aller prendre une douche rapide. Il faut croire que cette technique porte ses fruits, puisque je n'ai encore croisé personne depuis que j'y suis.

Chasseuse de primes (Law x OC)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant