Quatorze.

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Wesley

Ma mère, élégante comme toujours, ajuste une nouvelle fois sa robe bleu avant que la porte massive des Parks ne s'ouvre devant nous. Une vague de nostalgie m'envahit instantanément. Je reconnais la gouvernante, une femme d'âge mûr au visage familier, celle que j'ai croisée tant de fois durant mon enfance lors des nombreuses réceptions organisées ici. Elle a toujours le même sourire courtois, professionnel, qui ne laisse transparaître ni surprise ni émotion.

— Bienvenue, madame King, dit-elle d'une voix douce mais ferme, en s'inclinant légèrement.

Je la salue d'un hochement de tête, me contentant de rester en retrait tandis qu'elle prend le manteau de ma mère, comme si chaque mouvement était chorégraphié.

— Madame Parks vous attend dans le grand salon, ajoute la gouvernante en nous invitant à entrer.

Je serre un peu plus fort les pans de ma veste. Contrairement à ma mère, je préfère garder le mien. Tout ici respire la richesse et le pouvoir, des lustres scintillants aux immenses tableaux de famille accrochés aux murs. Ma mère me jette un coup d'œil en coin, ajustant un dernier détail sur elle-même avant de marcher d'un pas assuré vers le salon.

— Wesley, tu es sûr de vouloir garder ton manteau ? me demande-t-elle sans s'arrêter, ses talons résonnant contre le sol en marbre.

— Je suis bien comme ça, répondis-je, en évitant de croiser son regard.

Elle ne dit rien, mais je sens dans le silence de ma mère tout le poids de sa désapprobation. Je suis déjà à deux doigts de regretter d'avoir accepté de venir à ce dîner. Une boule se forme dans mon estomac, signe que cette soirée va être aussi longue que je l'avais anticipé.

En pénétrant dans le grand salon, la première chose qui capte mon attention est la décoration. Luxueuse, comme toujours, mais froide, presque impersonnelle. Les lourds rideaux en velours bordeaux, les chandeliers en argent et les tableaux de chasse accrochés aux murs dégagent une opulence qui me met mal à l'aise. Sur le canapé, dans un coin de la pièce, je remarque Melanie et sa mère. Toutes deux vêtues de façon impeccable, comme si ce dîner était un événement digne d'une réception diplomatique. Melanie m'adresse un sourire éclatant dès l'instant où je franchis le seuil, mais je sais pertinemment que c'est aussi faux que le masque que je porte moi-même. Son parfum envahit l'espace entre nous avant qu'elle ne vienne me faire la bise, un geste empreint de familiarité et pourtant dépourvu de toute sincérité.

— Wesley, je suis tellement contente que tu sois venu, murmure-t-elle, sa voix douce mais parfaitement maîtrisée. Ses doigts effleurent mon bras un instant de trop avant qu'elle ne se recule, un sourire toujours fixé sur ses lèvres.

Je hoche la tête en réponse, forcé de jouer mon rôle à la perfection, bien que chaque fibre de mon être me hurle de fuir. Nous savons tous les deux pourquoi nous sommes ici. Je détourne le regard vers Madame Parks, sa mère, une femme dont le sourire figé et calculateur n'a pas changé depuis toutes ces années. Elle me jauge, comme si elle évaluait un bien de valeur, ses yeux passant rapidement sur moi pour s'assurer que je suis toujours à la hauteur des attentes familiales.

— Wesley, est-ce bien toi ? Tu as tellement grandi, s'exclame-t-elle en me scrutant de la tête aux pieds, ses yeux brillants d'une lueur satisfaite. Toujours aussi beau, vraiment, tu es devenu un homme impressionnant.

— Maman... intervient Melanie avec une pointe de gêne, mais son sourire ne disparaît pas pour autant.

Je force un sourire, poli, distant, presque mécanique, et réponds à Madame Parks par un « merci » à peine audible. Je sens que mes mots n'ont pas beaucoup d'importance ici, tout comme ma présence. Ma mère, fidèle à elle-même, prend rapidement le relais, brisant le silence avec une conversation mondaine.

LOVE DEAL  (Réecriture prochainement/ imperfect pact)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant