14.

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 Wesley

Ça fait plus de deux heures que nous sommes ici, et à chaque fois que je lui fais essayer un vêtement, soit elle n'aime pas, soit ça ne lui va pas, en gros elle a toujours une excuse. Mais j'ai quand même réussi à lui faire acheter une chemise blanche, deux hauts un peu décolletés - même si pour ça, elle a un peu rechigné - et trois jeans. La petite scène avec la vendeuse m'a bien plus, ma Sainte-Rose jalouse, qui l'aurait cru, je souris bêtement.

— Tu peux appeler quelqu'un s'il te plaît, la fermeture de la robe ne veut pas se...

— Je vais t'aider, la coupais-je.

Elle n'a pas le temps de riposter, que j'entre déjà dans la cabine. Elle porte une robe bordeaux, près du corps, qui épouse parfaitement ses courbes, et même un peu trop.

— Merci... alors, elle me va bien ? Tu penses qu'elle plaira à Zack ?

Elle est bandante, voilà ce que je voudrais lui dire, mais ce serait un peu dérangé de faire ça. Je n'en reviens toujours pas qu'elle a accepté, non, que j'ai accepté de l'aider à... plaire à l'autre crétin de Taylor.

— Ouais, pas mal, répondais-je finalement.

Sérieusement ? Pauvre Abruti.

— Enfin, oui... elle te va bien.

Elle m'adresse un regard confus, je lui lance un sourire et sors de la cabine. Elle en ressort quelques minutes après.

— Tu devrais la prendre.

Elle lève les yeux vers moi, incertaine, puis se tourne pour se regarder dans le miroir de la cabine d'essayage. 

— Tu en es sûr ?

— Oui, il va l'adorer, rétorquais-je en lui faisant un faux sourire.

On passe à la caisse, puis on se dirige vers le parking.

— Merci encore pour tout ça, me dit-elle.

— De rien.

Le soleil commence à décliner doucement dans le ciel, teintant tout d'une lueur dorée. Nous reprenons la route vers le campus, le silence s'installe dans la voiture, mais ce n'est pas un silence inconfortable. Arrivée, elle descend, prend les sacs et me fait un signe d'au revoir. J'attends qu'elle entre dans son bâtiment pour démarrer, je sens mon téléphone vibrer dans ma poche, je le sors et réponds à l'appel.

— Allô ?

— Mon lapin, s'exclame une voix grave.

Mario.

— Putain ! Ça va mec ? m'enthousiasmais-je.

Il rigole.

— Encore trois mois dans ce trou, je peux tenir et puis j'ai hâte de vous voir les mecs.

— Nous aussi, merde ça me fait grave plaisir de t'entendre.

— Alors, tu as rencontré ma sœur ? Elle est géniale, pas vraie.

Ouais, super rencontre, elle et moi, nus dans une douche.

— Elle est vraiment sympa.

— Et tu sais si... elle sort avec quelqu'un ?

La fameuse question, lui dire que sa sœur me plaît plus que je ne veux bien me l'avouer ? Jamais. Je soupire légèrement, me demandant comment Mario réagirait s'il savait que je fais semblant d'être en couple avec sa sœur. Est-ce que je dois lui dire pour l'autre abruti ? Évidemment, quel genre d'ami serais-je pour ne pas lui dire une chose aussi importante ? Sa question me fait quand même tiquer. Pourquoi Mario me pose-t-il cette question précisément ?

— Il y a un crétin, Taylor.

— Quoi ?! Je ne veux pas qu'il approche Aria, pas après ce que tu m'as raconté sur lui !

— Elle a l'air de bien l'aimer, et je ne peux pas lui dire que tu m'as demandé de la surveiller.

— Attends, tu lui as au moins dit que tu me connaissais.

— Si je lui dis, elle se doutera forcément de quelque chose.

Il ne répond pas tout de suite, mais j'entends un vacarme pas possible derrière.

— Tu as peut-être raison... je dois laisser ma place, à dans trois mois.

— À dans trois mois, mon pote.

— Bon, je te laisse, mon lapin. Prends soin de ma sœur, hein ?

— Toujours, mec. À bientôt.

Je raccroche le téléphone, perplexe. Mario... il ne m'a jamais expliqué pourquoi il était en prison, ni à Devon et Aden. On a essayé plein de fois de savoir, il n'a jamais craché le morceau ; mais s'il me demande à ce point de surveiller Aria, c'est qu'il y a forcément une chose derrière ça.

— Les gars, vous êtes là ?

Je me dirige vers la cuisine, personne. Soudain, la porte d'entrée s'ouvre, c'est Aden, son nez est en sang, ainsi que ses phalanges, je m'approche vers lui brusquement. Son visage affiche un mélange de douleur et de fierté, ce qui me fait froncer les sourcils.

— Qu'est-ce qui s'est passé, encore !

— Ne t'inquiète pas, j'ai gagné, tu verrais l'autre, me dit-il avec un sourire en coin.

— Bordel ! Je ne rigole pas Aden, tu es allé la voir ?

Il ne répond rien, donc j'ai raison.

— Je voulais juste voir si ce fils de chien continuait à la maltraiter.

— Et j'imagine que ce n'était pas le cas, vu qu'on lui a fait passer le message la dernière fois.

Il hoche la tête.

— Je ne comprends pas pourquoi, pourquoi elle ne veut pas venir habiter avec nous ? On lui a proposé tellement de fois.

— Idy est forte, ne t'inquiète pas pour elle et puis elle sait qu'au moindre problème, elle peut compter sur nous.

Il me lance un merci avant de se diriger vers la cuisine.

— Au fait, tu étais où aujourd'hui ?

— Je suis... juste allé faire un tour en voiture, répondais-je.

Il ouvre le frigo et en sort une bière.

— Tu ne trouves pas que Devon disparaît beaucoup, ces temps-ci ?

— Il doit sûrement baiser à droite et à gauche, tu le connais.

On éclate de rire. Si vous saviez le nombre de nanas qu'on s'est tapées avec les mecs. Je crois que même huit mains ne pourraient pas suffire à les compter.

Aden hausse les épaules.

— Peut-être. En tout cas, je suis crevé, je vais prendre une douche.

— Vas-y, mec.

Il s'éloigne en se frottant le nez, je souffle et secoue la tête. Tous autant que nous sommes, on a nos histoires, et pourtant, on est là les uns pour les autres. Une chose est sûre, avec Aria dans le tableau, les choses risquent de devenir encore plus compliquées. Je regarde par la fenêtre, perdu dans mes pensées.

Je me lève de la table où je suis assis et décide de prendre l'air. Je sors de la maison et me dirige vers la balustrade du balcon. Tout est calme, paisible. J'essaie de faire le vide dans ma tête, de laisser de côté les questions et les préoccupations. Juste un instant de tranquillité.

Le vent doux caresse mon visage, apportant avec lui l'odeur légère de la nuit. Les étoiles scintillent dans le ciel obscur, formant des constellations familières. Je ferme les yeux un moment, essayant de trouver un certain réconfort dans cette immensité céleste.

Pourtant, même ici, l'image d'Aria ne quitte pas mes pensées. Son visage, ses yeux, sa voix résonnent dans ma tête. Cette situation dans laquelle nous nous sommes tous les deux embarqués. Je repense à la conversation téléphonique avec Mario. Ses inquiétudes, son avertissement. Je sens un poids sur mes épaules, une responsabilité envers Aria et envers lui.

The (Im)Perfect PactOù les histoires vivent. Découvrez maintenant