Désolé de ne pas l'être.

18 4 0
                                    


J'étais avant dernier, et Jo était deux places au dessus de moi dans dans le classement.
Pourquoi je pense toujours à cette fille ?!  Je me rassieds bien, et ramène mes genoux contre moi. Peu importe ce qu'elle devient dans son sas, toute seule, à se morfondre pour la mort d'Assou. Qu'elle s'en veuille ! Elle ne peut rien faire d'autre en attendant le lancement de la prochaine épreuve. Je pose ma tête sur mes genoux, et respire un grand coup, en essayant de mettre de coté ma douleur, et le chagrin d'avoir perdu Assou. L'écran devant moi s'allume, et la présentatrice toussote devant le micro avant de prendre la parole:
- Bravo à tous ceux qui sont dans leur sas à cet instant! Vous n'êtes plus que 10 ! Le jeu devient un peu plus compliqué désormais !
Je ricane. 30 personne sont mortes, et c'est seulement maintenant que ça devient dur ?!
- Prochainement, vous disputerez une place des plus importantes: si, à la fin de l'épreuve, vous parvenez à ouvrir la porte de votre sas avec la bonne clé, vous aurez une récompense. Si vous n'y parvenez pas... Vous verrez vous même !  Vous avez trente minutes pour trouver un masque, et 15 minutes pour trouver votre clé. Une fois les trois quarts d'heures écoulés, vous serez éliminés. Dans votre masque, il y aura une carte de la salle. Voici vos couleurs: Anaïs Aberpi, bleue;  Justin Androust, vert; Sarah Carmillo, rose;  Mathis Dustemps, orange; Léo Loweran, rouge; Damien Lousto, marron;Joanne Marsegaira, violet; Lou Provot, blanc; Juliette Vantderberghen, noir, et Paul Zeppanskii,  jaune. Bon courage !
Un long Bip me déchire les oreilles, et je fixe les portes des yeux: trente minutes pour un masque... Ils comptent vraiment nous gazer ?? Je bondis au dehors dès que j'ai la place pour sortir, et galope dans la salle à la recherche des masques. L'arène est... différente de d'habitude: nous sommes dans une rue, bordée de maisons. Un détail me frappe: en face de moi... c'est ma maison ! J'oublie le reste, et traverse le jardin: c'est incroyable comment ils l'ont bien représentée ! Il fait toujours aussi sombre, mais je reconnais mon portail, ma fenêtre, la porte d'entrée avec la couronne de houe, pour célébrer Noël... je regrette tellement d'être parti à cette période de l'année ! Je regarde derrière moi, et vois que mes adversaires ont aussi leur maison dans le lot. Je remarque Jo entrer dans une petite maison aux volets rouges, et hausse les épaules en entrant à mon tour chez moi. Une odeur de pain me chatouille les narines, et je me précipite dans la cuisine pour ouvrir le four: j'ai tellement faim que même si le pain est  brûlant, je pourrais l'avaler !
Mais ce n'est qu'une illusion: l'odeur est diffusée par un petit boitier à l'intérieur du four.  Je ravale ma déception, et traverse mon salon pour monter les escaliers qui mènent vers les chambres. Nos appartements ont été reproduit à la perfection ! Je m'assied sur mon lit, et tente de réfléchir à l'emplacement de mon masque. Il ne peut-être ailleurs qu'ici, mais la maison est quand même grande, et pleine de petits endroits. Ça va me prendre des heures de chercher partout dans les moindres recoins ! Malheureusement, je n'ai vraiment pas le temps de m'attarder dans ma maison, même si je sais que je ne la reverrais sûrement jamais ! Je fouille dans mes tiroirs, en cherchant dans ma mémoire un endroit de ma maison ou je cachais certaines choses. Je soulève une latte de plancher près de mon lit, passe la main dans la cachette mais n'en ressort qu'une tirelire en forme de cochon à la peinture écaillée. Ma chambre ne compte pas énormément de cachettes, et j'en fais vite le tour.
Je passe dans la chambre de mes parents, un peu réticent à l'idée de fouiller dans leur affaires personnelles ( on ne sait jamais ce qu'on peut trouver ! ) quand une phrase sur leur miroir m'interpelle:
- Deux, quatre, sept, neuf: pour pouvoir respirer, trouve-les, ils boivent un verre à ta santé. 
Qui ? Pitié, pas encore des énigmes mortelles, j'ai eu ma dose avec celles du bateau ! Ils boivent un verre... "ILS" ne sont ni à la cuisine, ni au salon. Il ne me reste plus qu'à envisager la possibilité qu'ils soient sur la terrasse en plein hiver, en sachant que ma mère a froid à partir du moment où il fait 25 degré à l'ombre ! Je descend donc les escaliers, et sort par le devant de la maison pour en faire le tour, et tombe nez à nez avec...
- Woogie ?! Mais ... ??
J'enlace mon chien dans mes bras : pas de doute, il est bien réel, et si il ne l'est pas, c'est que je rêve ! Mais si mon chien est là... J'ai un mauvais pressentiment... J'arrive à la terrasse et vois mes parents, attachés à leur chaise et bâillonnés. Je pousse un cri de surprise, et accoure à leurs cotés. Je détache le bâillon de mon père, et ma mère me supplie en pleurant de faire de même.
- Léo, Léo... ! Vite, ne t'attardes pas pour nous ! s'exclame mon père.
- Va vite chercher ton masque à la banque ! On les a entendus le dire quand ils nous ont attrapés ! C'est la seule chose qu'ils nous ont autorisés à te dire ! sanglote ma mère, complètement dépassée par les évènements.
La gorge serrée, paniqué à l'idée que mes parents puissent subir le même sort que moi, je leur claque un bisou sur leur joues humides de larmes, et fonce dans la rue. 2,4,7,9, voilà mon code. Reste à trouver où et quand l'utiliser. Un imposant bâtiment termine la rue, et je pense que plusieurs candidats s'y sont déjà rendus. Un hurlement derrière moi me fait tressaillir, mais je ne me retourne pas. Un coup de feu, et je comprends que nous ne sommes plus que 9.
La banque est gigantesque, et j'ai l'impression de m'être introduit dans Gringotts ! Des panneaux lumineux affichent les guichés auxquels doivent se rendre chaque candidat. Je fonce vers celui qu'il m'indique, le n°113, et stoppe net, à bout de souffle, devant la personne qui m'y attendait: mon meilleur ami.
Il me jette un regard suppliant, tout en restant silencieux, et je comprends qu'il n'a le droit de rien dire. Il me tends un pistolet, et ferme les yeux, comme fatigué de ce qui lui arrive. Je regarde sans comprendre l'arme qu'il m'a mis dans la main, et le regarde encore: de grosse larmes coulent sur ses joues: je dois le tuer si je veux mon masque. Le coffre fort derrière lui m'est inaccessible, tant que je n'ai pas abattu celui qui me bloque le chemin. Le bureau où est mon ami est trop petit pour nous contenir tout les deux, ça à l'air déjà difficile de rester seul là dedans sans mourir étouffé !
Cet horrible choix ne semble pas gêner certains: trois coups de feu résonnent déjà dans la banque. Mais à en voir le corps en combinaison qui tombe à quelque mètres de moi, je vois que l'un d'entre nous a préféré partir plutôt que de tuer celui en face de lui.
Je pourrais faire pareil, si je n'avais pas promis à Assou que je gagnerais. Et sans savoir ce qu'il adviendra de Tim, je préfère continuer.
En le regardant dans les yeux, je repense à nos courses folles dans les champs, à nos parties de Nerfs dans mon jardin, où on finissait toujours notre dernière heure ensemble à rechercher toutes les balles perdues, sans en retrouver la moitié... Je me souviens alors qu'il a une petite amie, une fille rousse qui doit s'appeler Marie, si je ne me trompe pas. Tim ne mérite pas cette mort, parce qu'il a eu la présence d'esprit de ne pas tout abandonner pour ce foutu concours.
Je brise la vitre qui nous sépare avec la poignée du pistolet, et saute au dessus du comptoir, pour le serrer dans mes bras. Ce que je viens de faire n'a pas l'air d'être interdit, car aucun des tireurs, quel que soit l'endroit où ils sont, ne vient me punir d'une balle dans la tête.
Je détache les liens de mon ami, et lui hurle, pour couvrir les cris de surprise des autres joueurs, de s'en aller le plus vite possible, et de rejoindre mes parents. A peine est-il arrivé à la porte que celle-ci se ferme. Il me jette un regard terrifié, et reviens vers moi lentement: un silence de mort s'installe alors, et tous ont les yeux rivés sur les lourds battants qui nous ont pris au piège. 

La boîteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant