Alors j'ai épousé ma plume
Pour affronter les tempêtes et repousser la brume
Y en a qu'une et elle m'absorbe
Comme la goutte d'encre sur laquelle j'mets l'accent
J'suis là pourtant mais j'suis absent, ouais
PDV IRIS
Mes doigts tapaient à une vitesse affolante sur le clavier de mon Mac. Ils tapaient ainsi depuis 7 jours. Une semaine que mes journées se résumaient à être assise sur une chaise, le regard rivée sur l'écran de mon ordinateur, à écrire. J'avais retrouvé le goût d'écrire. J'en savais la raison mais je ne préférais pas y penser pour le moment. En une semaine, j'avais écris une vingtaine de chapitres de ce qui semblait se rapprocher d'un roman. Dans le cas actuel, j'aurai plutôt pencher pour une quasi biographie. Bien que je ne parlais pas de moi, les sentiments ressentis par le personnage principal étaient ceux qui m'accablaient depuis 7 jours.
Tristesse.
Mélancolie.
Culpabilité.
Peur.
Colère.
Amour.
Manque.
C'était la première fois que je parvenais à écrire autant en si peu de temps. J'avais acquis ce goût de l'écriture aux alentours de mes 10 ans, grâce à Ken. Lui, qui, déjà passait son temps à écrire dans un carnet, m'en avait offert un pour mon 10ème anniversaire. J'avouais avoir été quelque peu déçue au début en découvrant le carnet. Mais aujourd'hui, en y repensant, c'était probablement le plus beau cadeau qu'on m'avait fait jusque-là. Ce carnet, à partir de ce jour, m'avait suivi partout. J'y écrivais mes pensées, mes ressentis sur les situations et mes sentiments. C'était ce carnet qui avait été témoin de mes premiers mots, mes premiers sentiments à l'encontre d'Idriss.
Idriss.
Une semaine que je ne lui avais pas parlé. J'avais éteint mon téléphone dès que j'étais arrivée à la colocation. Ensuite, j'avais ouvert le tiroir de ma table de nuit et avait fourré l'appareil tactile à l'intérieur. Je savais que si je le rallumais maintenant, mon téléphone n'arrêterait pas de biper pendant de longues minutes pour m'annoncer tous les messages et appels que j'avais manqué en une semaine. Je savais qu'il m'avait envoyé des messages. Je savais qu'il m'avait appelé. Mais je voulais prendre le temps.
Prendre le temps d'encaisser que désormais Ken savait.
Prendre le temps d'encaisser que j'avais trahi mon frère.
Prendre le temps d'encaisser que j'avais fait du mal à mon frère.
Je me sentais tellement mal vis-à-vis de lui.
Pendant mes deux séances de dialyse, l'une avec Moh et l'autre avec Deen, aucun n'avait eu de nouvelles de Ken. Les deux le soupçonnaient d'avoir, comme moi, éteint son téléphone. C'était son genre. C'était le mien. Pas de coïncidence à ça. Pendant les séances, que ce soit avec Deen, ou avec Mohammed, aucun n'avait vraiment parlé de ce qui s'était passé le fameux soir. Deen avait simplement laissé entendre que Ken ne répondait pas au téléphone. Mohammed lui aussi avait dit qu'il n'avait pas de nouvelles de mon frère depuis la soirée. Il n'avait jamais été question d'Idriss, ni de mon rôle dans l'histoire. Néanmoins, quand j'avais croisé le regard de Moh pour la première fois, il avait esquissé un petit sourire rassurant comme pour me dire que tout allait s'arranger.
Je voudrais bien être aussi optimiste que lui.
Je n'y arrivais pas.
Tout comme je n'arrivais pas à dormir depuis 7 jours. Je passais la première partie de la nuit à tourner et à retourner dans mon lit et la deuxième partie, assise en tailleur sur mon lit, l'ordinateur sur les genoux, à écrire.
C'était à ça que ma vie se résumait depuis une semaine. A écrire.
Comme si écrire me sauvait.
Comme si écrire me maintenait en vie.
En à peine quelques jours, j'avais enfin réalisé que ce que je voulais faire de ma vie ce n'était pas travaillé dans une bibliothèque, c'était écrire. Je voulais écrire.
Comme Ken.
Mais pas des chansons. Non. Des livres. Des histoires. Des romans. Je voulais écrire. Ecrire pour vivre. Ecrire pour moi. Ecrire pour me libérer. C'était ce que je faisais depuis des jours. Ecrire pour me libérer. Je savais que c'était encore plus ridicule que vouloir travailler dans une bibliothèque. Mais c'était ce que je voulais. Alors j'y arriverais. C'était désormais mon objectif.
Ecrire.
Je savais que ça serait dur. Je savais que ça serait semé d'embûches. Mais qu'importe. J'y arriverais. Ça prendra le temps que ça prendra.
Comme pour le reste.
Je ne m'attendais pas à ce que Ken me pardonne tout de suite.
J'en avais conscience.
Il était du genre rancunier. Comme moi. Je savais à quoi m'attendre.
Je fus sortie de mes pensées par l'ouverture de la porte d'entrée de l'appartement. Mona fit son apparition. Elle posa son sac dans le hall. Puis, comme elle le faisait depuis une semaine à chaque fois qu'elle rentrait, elle me sonda du regard pour savoir comment j'allais. Les premiers jours, ma meilleure amie avait voulu rester avec moi pour disait-elle « que je ne fasse pas de conneries ». Je n'avais pas non plus prévu de me foutre en l'air. Je l'en avais dissuadé et finalement, après de longues discussions, elle avait cédé.
Elle s'assit face à moi.
-Comment ça va ? Me demanda-t-elle.
J'esquissais un petit sourire pour tenter de la rassurer. Je n'aimais pas qu'on s'inquiète autant pour moi.
-Comme quelqu'un qui a trahit son frère.
Elle hocha la tête.
-Tu penses pas que tu devrais contacter un des gars ? Hakim par exemple ? Vous vous entendez bien, nan ?
-C'est le frère d'Idriss, lâchais-je. Un pincement au cœur se fit sentir lorsque je prononçais son prénom depuis une semaine.
-Je sais, mais ne vas pas le voir en tant que copine de son frère mais juste en tant qu'amie, petite sœur qui a besoin de conseils et d'aide.
Je souris derechef. Mona avait toujours les bons mots, les bons conseils. Je posais l'ordinateur sur la table basse et me levais pour la rejoindre sur le canapé. Je la pris dans mes bras et la serrais fort. Heureuse d'avoir une amie comme elle. Heureuse de l'avoir à mes côtés.
Quand nous nous séparâmes, elle me conseilla d'envoyer un message à Hakim maintenant. J'allais donc chercher mon téléphone. Quand il fut allumé, il sonna à de nombreuses reprises. Au bout de quelques minutes, je regardais l'état de ma messagerie : 30 messages et 10 appels manqués. La plupart d'Idriss.
Je ne les lus pas et me rendis directement sur le contact d'Hakim.
A Hakim :
Salut, est-ce qu'on pourrait se voir ?
Je posais le téléphone sur la table basse. La réponse ne se fit pas attendre. Mona attrapa mon téléphone et me le tendit.
De Hakim :
Pas de soucis. Demain, 16h00, au café des Peupliers ?
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La sœur de mon frère, c'est ma sœur // FRAMAL [TOME 1]
FanficIris Samaras est la sœur du célèbre rappeur Nekfeu. En 2013, à la suite d'un drame, elle décide de partir se ressourcer et se retrouver en Grèce, son pays natal, le pays de son cœur. Mais lorsqu'elle revient sur Paris, deux ans plus tard, elle ne s'...