En sortant ce soir là de la répétition, j'étais sur les rotules. Lenny ne nous avait pas ménagé comme il l'avait dit et je dois dire que j'en suis heureuse. C'est tout simplement de la bonne fatigue. Je dois aussi dire que la chorégraphie qu'il a imaginé dépasse toute mon imagination et d'après lui les costumes seront de toute beauté. J'ai déjà hâte d'être vendredi soir, je suis toute excitée. Mais pour l'heure, il faut que je rentre dormir, demain j'ai cours et pas question de sécher.
La fin de semaine se déroule sans encombre, Anaëlle et moi suivons nos cours et révisons ensemble à la bibliothèque universitaire dès que possible ou bien à la maison. Nous nous sommes organisées de façon à nous partager les tâches, je fais la cuisine, elle fait le ménage mais chacune fait sa chambre pour garder un peu d'intimité. Finalement, nous nous sommes mises d'accord et je déménagerais cet été quand nous serons diplômées, comme ça pas de nouvelle perturbation dans notre quotidien et ça me laisse le temps de trouver quelque chose de correct. Je pense avoir assez subi de soucis pour cette année.
J'arrive de temps en temps à téléphoner à maman, même si ce sont des appels rapides, nous sommes contentes d'échanger quelques mots. Mais je dois dire qu'entre les cours, les révisions, les entraînements et les week-ends au cabaret c'est plutôt chargé et compliqué.
Nous sommes enfin vendredi, les cours ont fini à 15 heures aujourd'hui et je dois être au cabaret pour 18h30, le temps de se maquiller et de se coiffer, de préparer les tenues dans les loges et dans l'ordre de passage pour ne pas perdre de temps entre les numéros à les chercher. Le spectacle débute à 21h30, juste après le dîner des clients. Mais pour l'heure, je rentre à la maison préparer un petit quelque chose pour manger ce soir, ce sera salade composée, très rapide à faire et pratique à emporter. Je salut rapidement Anaëlle, qui est occupée au téléphone, je quitte donc le salon pour lui laisser un peu d'intimité, pose mes affaires dans ma chambre et part en direction de la cuisine. Pas de temps à perdre, je sors la salade du frigo et commence à la nettoyer, puis c'est au tour des tomates de passer sous l'eau, j'adore la cuisine mais cette fois pas le temps de rêvasser en cuisinant. Lorsque je me mets à couper les tomates en dés Anaëlle fait son apparition à la porte de cuisine:
- Salut ma belle, tu veux un café ? me demande t-elle
- Volontiers.
- Qu'est-ce que tu nous mijotes de bon ? me questionne t'elle en servant deux tasses fumantes.
- C'est du rapide, mais je te promets que tu te régaleras. Salade composée.
- Hummm j'en salive déjà. Oh mais dis-moi, tu penses à mettre du maïs ?
- Bien évidemment, je sais que tu en raffoles.
- T'es la meilleure ! Tu le sais au moins ?
Je ris:
- Oui, oui, tu me le dis tous les jours ou presque, chaque fois qu'il y a quelque chose que tu aimes, ce qui, ma foi, n'est pas compliqué, vu que tu aimes tout ce que je prépare.
- Ce n'est pas de ma faute si tes plats sont divins.
- N'exagère pas ! Je me débrouille, je ne suis pas cheffe.
- Non, mais tu pourrais.
Je soupire, elle n'est pas la seule à me le dire, mais la cuisine reste une passion, mon rêve c'est éditrice et je suis en dernière ligne droite pour le devenir.
- Bon, sinon, interrompt-elle mes pensées, tu pars pour quelle heure ? C'est le grand jour, le retour d'Azélie sur scène.
- Eh bien il faut que je sois au plus tard à 18h30 là-bas. Donc je dirais, 17h45, pour éviter tout embouteillage ou tout autre soucis. Tu me connais, je prends mes précautions.
- Oui, comme d'habitude, mieux vaut être en avance qu'en retard.
- Tout à fait et j'ai été bien trop souvent limite. Je ne veux pas que Nina me souffle dans les bronches et termine par changer d'avis.
- Je te comprends. Dis-moi ?
- Oui ? Je m'interromps dans la préparation deux petites seconde, je la regarde, elle à l'air soudain sérieuse.
- Tu as revu Chris ? Voyant que je fronce les sourcils, elle enchaîne. Je veux dire... Tu ne pourras pas l'éviter longtemps, tu sais, tu travailles avec lui, même si ce n'est pas exactement au même endroit vous êtes quand même tous les deux dans le même lieu, tu ne pourras pas faire semblant longtemps.
Je soupire:
- Je le sais parfaitement Ana, il reprend ce soir aussi d'ailleurs. Et je vais le croiser, je le sais, surtout que Nina a décidé avec Lenny que l'ouverture du spectacle se ferait directement en salle.
- C'est-à-dire ? Je ne comprends pas.
- Eh bien... J'hésite, mais je me lance, troublée par ce qu'il a été décidé... Lou sera tout au fond de la salle, cachée derrière des clients, quelques danseurs seront sur les tables quant à moi, je serais sur le bar. Je dois...
- Ne me dis pas qu'il sera en première ligne pour mater tes fesses ?
Je ris, gênée:
-Pire... Je suis censée attraper chacun des barman par le col, les aguicher et les embrasser à pleine bouche!
- Nom de Dieu ! s'exclame t-elle
- Oui, je ne te dis pas comme je suis stressée à cette idée, j'ai bien essayé de négocier pour que ce soit Lou, mais elle a catégoriquement refuser et Lenny voulait absolument que ce soit moi, il a dit mot pour mot "Il y a un truc entre Chris et toi, comme une étincelle et je veux la voir, mais avec les deux pour donner plus de piment à cette nouvelle ouverture"
- Wah! C'est chaud. Ma foi, il n'est pas dupe en ce qui concerne Chris et toi.
- Comme tu dis... J'espère juste que le public ne ressentira pas ma gêne vu "notre situation" mimais-je avec les guillemets.
Je reprends la confection de la salade, dans mes pensées et j'enchaîne avec la vinaigrette balsamique. Anaëlle ne pose pas plus de questions. Je me fais une petite boîte pour manger en arrivant au cabaret, mais je sais d'avance, qu'elle restera dans sa boîte, je suis bien trop nerveuse pour avaler quoi que ce soit. Le spectacle en lui même est génial comme d'habitude, c'est juste cette "ouverture" qui m'angoisse. Bon il ne faut plus que j'y pense. Je ferme la boîte et passe dans ma chambre chercher mon sac, je glisse mon repas dedans et ferme ma porte. Je rejoins Anaëlle dans le salon, qui vient de s'installer dans le canapé avec un livre.
- Bon j'y vais, passe une bonne soirée. Je lui embrasse la joue.
- Merci et merde, comme on dit.
- C'est gentil.
Je file vers la porte d'entrée, l'ouvre et la referme derrière moi en sortant, me dirige vers ma voiture, souffle un grand coup.
- C'est parti, je vais assurer ! me dis-je à moi même.
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Il a changé ma vie
RomanceÂgée de 22 ans, Azélie consacre tout son temps à ses études de lettres afin de devenir éditrice. Tout se passe à merveille, elle loue un petit studio et travaille le soir dans un bar-cabaret en tant que Barmaid et parfois danseuse en remplacement po...