La Sorcière Pandora

Chapitre 6 : Départ

Nous quittâmes la caverne d'Astr peu de temps après tous ces événements. Tout s'était passé extrêmement rapidement de notre point de vu, mais entre le chemin jusqu'à notre destination, l'entrée dans la grotte, la confrontation avec le begser, la rencontre avec la mystérieuse personne dans la hache, le réveil de Rasius, notre altercation et nos découvertes ... Le temps fut bien plus long qu'on ne l'avait ressenti.

De plus, la fatigue se faisait déjà bien sentir. Dû au surplus de magie qu'avait utilisé Aven, la force et l'énergie dépensée par Coal ainsi que les coups pris et les sorts que j'avais lancés, nous étions tous épuisés. Le trajet retour fut une épreuve tout aussi complexe pour nous à surmonter que le combat contre Rasius, même si je prenais sur moi. 

Je n'étais pas une combattante, mais je n'étais pas stupide : montrer un signe de faiblesse à son adversaire était synonyme de défaite imminente, dans tous les domaines. Je ne pouvais pas me le permettre ... Qui sait ce qui nous serait arrivé, sinon.

Une fois à mon domicile, et après un trajet plutôt silencieux,  je me dépêchais d'aller préparer le dîner. Nous n'avions ni la foi ni la force de veiller ce soir. Nous devions nous coucher au plus vite pour être prêt à se mettre en route dès le lendemain.

Je ne raconterais pas comment cuisiner du poisson, puisque ... ce n'est pas très intéressant. Enfin, au milieu de ce récit tout du moins.

Aven alla se poser dans le salon, plongé dans un livre ramené de cette étrange salle secrète. Il ne se détachait pas de cette lecture qui le tenait en haleine. Je ne l'eus pas regardé longtemps A son expression intriguée, il ne fallait pas le déranger. Je me demandais quand même ce qu'il pouvait avoir trouvé d'aussi intéressant. 

Coal ne perdit pas de temps. A peine arrivé qu'il alla se jeter dans le lit que je lui prêtais. De nous trois, il était bien le plus fatigué. Cet épuisement me révélait sûrement une information intéressante. Sa fatigue pouvait bien être lié à la hache ? L'usage de tels artefacts magiques, ou du moins celui-là, demanderaient donc une quantité d'énergie importante ? Comment ça pouvait fonctionner ? De nombreuses questions se relevaient dans mon esprit. Des questions auxquelles je n'avais pas de temps à accorder.

 Je devais me dépêcher de faire à manger, afin de plus rapidement encore nous laisser l'opportunité à tous d'avoir une nuit de repos bien méritée et la plus complète possible. 

La cuisine ne me déplaisait pas. Je voyais ce petit acte du quotidien comme les prémices de la science. 

C'était dans le but primaire de se nourrir que nous réfléchissions à quoi et comment le faire. Puis, une fois le domaine maîtrisé, nous cherchions à affiner notre goût, à parfaire des détails qui nous importaient plus ou moins. Le principe même de l'Alchimie n'était pas si éloigné de celui de la cuisine.

Quelle différence y a t-il à extraire des ingrédients, les mélanger, les infuser, les tempérer, les traiter et les goûter au résultat, que ce soit pour une purée de pommes de terre ou un liquide rosâtre aux propriétés curatives avec un petit arrière gout de cassis ? Oui, j'aimais parfumer mes potions, à condition que mes petites touches personnelles n'impactaient en rien mes breuvages.

Cet instant était donc du repos pour moi aussi. Repos durant lequel je me laissais aller à d'autres réflexions, encore. Je ne pouvais que réfléchir, et ma seule force contre un tel ennemie était bien là. 

Les Ennemis Divins ... de ce que j'avais trouvé dans les documents, il s'agissait d'un petit groupe qui s'est levé dans le but de combattre Rasius ... et Jebel, un camarade de Rasius. 

Dans l'Histoire, ces deux êtres étaient connus pour être deux envoyés d'Ylma, ayant avortés d'innombrables menaces, et mis un terme à la Guerre de Wurdal. Ce conflit naquit il y a des années, et dura au moins quelques décennies, voir siècles. Le flou ne me plaisait pas plus qu'à vous. 

De ce que l'Eglise inculquait, cette guerre a été incroyablement dévastatrice et mortelle. Elle aurait pris fin grâce à l'intervention des deux anges, et "uniquement grâce à ça" ... mais nous ne savons pas qui elle opposait, pourquoi, comment elle a prit fin exactement ... Entre autre nous ne savions que ce qui mettait en valeur les anges et l'église. 

Avec nos fraiches découvertes, et notre petite confrontation, le doute était encore plus grand en moi. J'étais déterminée à mettre des mots sur cette histoire. Oui, j'allais bientôt découvrir la vérité, je m'en fis la promesse juste avant de passer à table.

Le dîner se déroulait assez bien. Nous n'avions ni la force ni la réelle envie de nous chamailler avec Aven. L'épuisement jouait beaucoup sur le moral et l'ambiance du repas. Pourtant, Coal dégageait toujours sa sympathie naturelle, qui me faisait sourire. 

Ni moi ni Aven n'étions très sociaux, pour être honnêtes, mais avec lui c'était différent. Il arrivait à nous mettre à l'aise par sa simple présence. Un vrai rayon de soleil, qui nous faisait du bien, surtout à mon ami.

Je ne pouvais m'empêcher de penser à lui tout le long du dîner. La religion représentait une part importante de sa vie. Que ce soit de par la seule fonction de son père ou par le métier qu'il inspirait à devenir : soldat de le religion et du peuple, un koraten de feu. Il en rêvait depuis presque aussi longtemps que je le connaissais. Autant dire que ça remontait à loin, vers nos 4-5 ans de mémoire. Même là, il aimait s'entraîner à différentes positions en espérant lancer des morceaux de terre et créer de puissants jets d'eau, et moi j'aimais déjà chercher à comprendre comment c'était possible ! 

Finalement, rien avait changé. Ça rassurait de se dire ça. De se dire qu'on se connaissait depuis si longtemps et qu'on ne s'était jamais laissé tombé, et qu'on était encore ensemble, dans le même bateau contre des forces surpuissantes. Je n'étais pas du genre à avoir peur, mais ça me donnait confiance.

Le temps fila à toute allure. L'heure de dormir s'annonçait déjà. Les deux garçons débarrassèrent sous ma demande -je faisais déjà la cuisine c'était le minimum- avant de disparaître dans leur chambre. Autant je n'avais aucun doute quant au sommeil de Coal, autant je suspectais Aven d'être resté quelques temps sur son livre. Mais bon, je n'étais pas la mieux placée pour lui faire la morale.

Avant d'aller dormir, je devais m'occuper de quelques petites choses : les préparatifs pour le voyage. Je ne savais pas combien de temps nous allions partir, de quoi nous allions avoir besoin ... alors je me faisais prudente.

Je ne me privais pas d'un recyclage du matériel non usagé de la journée. Je préparais le tout pour le lendemain en m'assurant potions, matériel, argent et provisions. J'ai reparti les affaires à travers trois sacs : les provisions pour Coal, le matériel et l'argent pour Aven et le reste pour moi.

De ce que je savais, la ville n'était pas particulièrement dangereuse, je ne craignais pas de pillage. Si on se faisait attaquer sur le chemin, je supposais que nous nous en sortirions sans grand mal. J'étais assez sereine à ce niveau là. 

Soit dit en passant, c'était vraiment particulier de faire ce que je faisais tous les jours après les événements si intenses de la la caverne. Les événements de la caverne ... je n'oubliais pas non plus le sacrifice du begser, une créature loyale. Nous allions lui rendre hommage en réparant nos erreurs. 

Oui, nous devions tirer ça au clair et arrêter Rasius. C'était mon objectif. Pour les explications ... et bien, si nous le désarmions et mettions au sol, ça ne l'empêcherait pas de répondre à nos questions. Après quelques heures, je me montrais enfin raisonnable et allais passer la dernière nuit dans mon matelas moelleux pour quelques jours au minimum.

Le lendemain, nous étions sur le pas de la porte, prêts à mettre les voiles. À cause de sa durée, ma nuit ne fut pas des meilleurs. Je pu quand même me reposer, c'était l'essentiel. Ça pouvait me laisser sentir cette étrange aura qui nous entourait.

Coal, Aven et moi étions tous trois parés et équipés. Aven supportait encore plus mal que moi ce réveil, alors que le blond trépignait d'impatience. 

Je crois que c'était sa bonne humeur qui se propageait. Non, c'était plus que ça. La senteur de la terre me parvenait. Comme si ... je ressentais chaque parcelle de mon chez-moi avant le départ, et que mon seul point de repère était mes deux camarades. C'était étrange ... mais exaltant. Très.

Ça y est, je compris. Je levais ma main pour la regarder, elle qui clignota une petite seconde d'une lueur verte. Alors c'était ça, la sensation de partir à l'aventure, de découvrir de nouveaux endroits, de nouvelles personnes, de partir à la quête des secrets de ce monde avec un grand M.