C O N T R Ô L E 'S'

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Je regardais ma psy, le visage neutre et les mains moites. Le silence était maître dans son bureau et cela depuis un bon sept minutes. Je ne suis pas fan des moments malaisant, ça n'a jamais été ma tasse de thé. J'ai toujours été du genre sociable, faire le premier pas vers les autres. Mais maintenant que je me trouve devant ce médecin, je me remets en question. J'ai l'impression que toute ma vie est à reprendre, comme si depuis ma naissance un virus avait émis domicile dans mon crâne. Enfin, c'est ce que ma mère n'arrêtait de me répéter.

Lucia Dumond était une psychologue plutôt particulière. Depuis que j'avais mis le pied dans son bureau, elle ne faisait que me sourire sans cesse. Jamais elle ne détourna son regard du mien, comme si elle espérait trouver mon problème de cette façon. Plutôt jolie, elle avait les cheveux mi-long brun caramel avec les yeux de la même couleur, son petit nez était décoré d'un petit grain de beauté et ses lèvres étaient colorés d'un rouge pas mal voyant. Je voyais bien qu'elle aussi n'avait pas été épargné par le soleil brûlant du mois de Juillet car sa peau était légèrement bronzée.

Moi j'étais plutôt banal. Mes cheveux châtains frôlaient mes épaules protégées d'un t-shirt de mon groupe de musique préféré. Mes yeux bleus ressemblaient à tous les yeux bleus que l'on peut croiser dans une vie et contrairement à ma psy, je n'étais pas maquillé. La plupart des gens se demande si je suis une fille ou un garçon. Je les comprends, Je n'ai pas de poitrine mais ma voix fait penser à celui d'une femme. Moi-même je me pose parfois la question.

Est-ce que mon sexe définit vraiment ma véritable nature? Fille ou garçons?

Lucia me sortit de mes pensées en prenant un carnet sur la petite table basse de son bureau et l'ouvrit pour commencer à prendre des notes tout en me regardant. Après un bon cinq minutes elle arrêta d'écrire je ne sais trop quoi pour me donner toute son attention.

"Parle-moi de toi."

Je n'ouvris pas la bouche après ça. Que voulait-elle que je lui dise? Ma vie n'est pas palpitante au point d'en faire une histoire. Mais je sais que si je suis là c'est parce que j'ai un problème. Au fond de moi, je l'ai toujours su. Mes parents aussi et bien sûr, ma sœur me le rappelle à chaque seconde. Donc je fis un peu d'effort. Si je veux sortir d'ici normal, il va falloir que je coopère.

"J-je ne sais pas trop quoi dire..."

Comme si elle s'y attendait, Lucia me sourit calmement avant de prendre la parole.

"Tu as 16 ans, non?"

J'hochais la tête.

"Tu dois surement être en couple, je me trompe?"

Mon visage s'illumina à ses mots. Bien sûr, j'ai failli l'oublier. L'amour de ma vie. Faut dire que l'injection qui me transperce le bras me fait un peu tourner la tête.

"Ellie"

Dis-je en un souffle.

Ellie est la personne que j'aimais le plus au monde. Mais bizarrement, ça faisait environ cinq semaines que je n'ai plus de nouvelle. Je n'ai que des vues sur mes messages et quand je l'appelle, je tombe sur sa boîte vocale. Je crois que je peux dire adieu à notre histoire d'amour. Ellie m'a surement oublié et est passé à autre chose.

"Parle mois d'Ellie alors. Comment va votre relation?"

"Ellie et moi sommes ensemble depuis deux ans. Je commence. Pendant un bon moment, nous avons gardé notre relation secrète. C'était les meilleurs moments de toute ma vie."

Pendant que je comptais mon récit, je pouvais voir la psy froncer légèrement les sourcils et afficher une moue de dégoût. Elle est simplement jalouse du fait que moi j'ai trouvé l'amour et pas elle. J'aurais probablement dû faire attention à ses expressions, mais l'amour que je portais pour Ellie avait toute mon attention.

"Je l'aime tellement Lucia tu ne peux pas savoir à quelle point."

"Avez-vous passé le cap des préliminaires?"

Cette fois, sa voix trembla un peu. Comme si elle appréhendait ma réponse. Pourquoi Lucia?

"Oui."

Jamais je n'oublierais le jour où l'on s'est donné l'un à l'autre. C'était magique, la fonçon avec laquelle j'étais touché et les je t'aime que je lui murmurais. Tout était parfait. Si je pouvais, je recommencerais encore et encore sans jamais m'arrêter. Appelez-moi addicte au sexe, moi je dis que c'est une belle démonstration d'amour.

Sans même dévier son regard du mien, Lucia appuya sur un bouton qui se trouvait à côté d'elle. Tout de suite après son action je sentis le les seringues qui se trouvaient sur mon casque s'enfoncer dans ma tête. Directement, mon corps faibli et je sentais que bientôt j'allais perdre connaissance.

"Dis-moi, Ellie est une fille ou un garçon?"

Mais quelle question c'est ça aussi? Il me semble qu'elle l'avait déjà rencontré lors de sa visite il y a deux mois. Wow, maintenant 8 semaines que j'étais pris dans ce bureau. Mais bon, c'est parce que je dois vaincre le foutu virus dans mon cerveau.

"Mais Lucia, Ellie est un garçon. Vous devriez le savoir. Ellie n'est qu'un raccourci pour Elliot."

Tout de suite après mes mots, elle alluma le micro au milieu de la petite table et pris la parole.

"Pourtant tu devrais savoir."

Non...Non pas encore. Je sais que je dois évoluer pour guérir mais je vous en prie, pas encore. Je pouvais sentir le liquide des seringues pénétrer ma peau pour traverser mon crâne. Malgré moi, les larmes commencèrent à dévaler mes joues rougies par la chaleur. La douleur prit contrôle de ma tête sans que je ne le veuille. Petit à petit, ma vue s'embrouilla et je perdis tous mes sens. Lorsque ma psy vit que j'allais bientôt m'endormir, elle me sourit mais cette fois il était amer, limite diabolique.

"Pourtant tu le sais chérie. Qu'avoir une relation avec le sexe opposé est interdit."

"Je sais."

Et alors que je laissais sortir mon dernier souffle, alors que Lucia continuait à prendre des notes, alors que les médecins qui se trouvait de l'autre côté de la vitre, alors que le laboratoire me faisait encore subir leurs expériences, l'image de l'amour de ma vie fit apparition devant mes yeux. Ellie me regardais, le visage triste répétant sans cesse à quel point il était désolé. Mais au fond de moi je lui avais déjà pardonné. Je l'aime tellement, je ne peux le détester.

Avant de complètement sombrer, je fis face à Lucia qui continuait de me regarder. Et sans même une once de pitié dans ses yeux, je lui répéta.

"Je sais...."

De toute façons, qui étais-je pour contredire les étiquettes que la société nous collait au dos?

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