Chapitre 3

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Kael

Mr. Rives, l'ingénieur, est à mon chevet tout en consultant des données sur son appareil holographique portatif. Il fronce les sourcils : son expression ne me dit rien qui vaille.

« Je crains que des dysfonctionnements nous forcent à terme à faire de nouvelles chirurgies. Votre réseau cérébral est relativement stable cependant, votre vie n'est pas en danger. Il va falloir revoir à la baisse les fonctions biomimétiques des circuits... »

Et voilà qu'il commence à marmonner tout en prenant des notes. Il est assez excentrique finalement, lui aussi. Si j'ai bien compris, le gros est fait, mais il faut peaufiner le travail. Je n'aime pas beaucoup ces idées de «baisse», mais je ne suis pas spécialiste. Je ne peux que lui faire confiance. Mais devrais-je ? Je ne suis toujours pas certain qu'on ne m'ait pas effacé volontairement une partie de ma mémoire. Malheureusement, je ne peux rien y faire. Je risquerais bien plus à objecter qu'à suivre leurs recommandations.

Je me retrouve ainsi de nouveau dans la machine qui sert de table d'opération. Enfin, plus que cela, car aujourd'hui les chirurgies et opérations médicales sont très assistées par la robotique. Je plonge à nouveau dans un sommeil artificiel, mais cette fois je devrais en ressortir plus tôt.

Je me réveille ce que je pense être le lendemain et si j'ai pensé être désorienté auparavant, je le suis dorénavant bien davantage. Je ne vois rien, si ce n'est cette espèce de texte qui semble comme remplacer mon champ de vision :

[Interface de secours mise en ligne]

[Analyse cérébrale...]

[Sous-réseaux opérationnels : 87%]

[Alimentation organique : EN LIGNE]

[Compilateur : STATUT INCONNU]

[Niveau d'acidité des composants organiques : DANGEREUX]

Et ce n'est franchement pas rassurant. D'abord parce qu'être aveugle donne une impression de vulnérabilité, surtout que je ne me sens pas spécialement en sécurité ici, mais aussi à cause des résultats de l'analyse cérébrale. Si je saisis bien, 13% de mon cerveau ne fonctionne pas ? Et les parties organiques ont un niveau d'acide dangereux ? La bonne nouvelle, c'est que je suis vivant. Ce qui n'est pas chose donnée apparemment. Ce qui est également étrange, c'est que je n'entends pas un son. En fait je ne sens pas mon corps du tout. Et je ne panique pas. Beaucoup de faits plutôt étonnants.

Étant donné que je ne peux rien faire, réfléchissons. 13% de mon cerveau est considéré hors-ligne, et je n'ai pas accès à mes sens. Je peux donc envisager avec une confiance relative que mes fonctions cérébrales liées aux sens sont incluses dans ces 13%. Ensuite, il semblerait que le compilateur intégré ne fonctionne pas si j'en crois l'interface de secours. J'imagine qu'il est utilisé pour reprogrammer mes propres systèmes. Mais la grande question est de savoir comment utiliser cette interface. Elle n'est pas là juste pour m'indiquer que ça va mal, si ?

[Confirmez-vous l'ouverture du gestionnaire ?]

Il semblerait que non, je peux interagir avec elle en me concentrant. Il va falloir de la pratique, parce que cela n'a pas été facile.

[Gestionnaire ouvert]

[Attention : des fonctionnalités sont hors-ligne]

Je vois que même le gestionnaire de cette interface de secours n'est pas épargné. Quoi qu'il en soit, il est temps d'explorer un peu toutes ces choses.

Après exactement 26 823 secondes, si j'en crois l'horloge interne, j'ai trouvé le compilateur et la raison de ses dysfonctionnements. L'interface de secours n'est pas sous une version compatible avec le compilateur. J'ai donc deux solutions : les rendre compatibles ou démarrer l'interface principale. Voyons, si j'utilise la deuxième approche...

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