Un été pour oublier

40.

Le point de vue d'Olivia.

Je me réveille de bonne humeur, je me sens libéré. Je n'aurais jamais pensé que raconter ça, serait si libérateur ! Et en même temps si dur.

J'ai une envie d'aller courir, cela fait longtemps que je n'y suis pas allé. J'enfile une tenue de sport que j'emprunte à Tess, qui dort toujours. Je décide de lui laisser un mot avant de partir pour ne pas qu'elle s'inquiète :

Salut Tess, si je ne suis toujours pas là à ton réveil,

Ne t'inquiète pas. Je suis partie courir sur la jetée.

Bisous Liv.

Arrivée sur la jetée, je m'arrête quelques minutes

pour souffler quand une voix dans mon dos m'interpelle :

-Belle vue, n'est-ce pas ?

Ses mots me glacent le sang, je reconnaîtrai sa voix entre mille : Tom Willers. Les fantômes du passé reviennent toujours dans les moments où on les attend le moins.

Je me retourne pour lui faire face, je le dévisage, une barbe naissante apparaît sur ses joues, il est plus musclé que dans mes souvenirs. Mais que fait-il là ?!

-Tu fous quoi là ? Lançais-je mauvaise.

-Bonjour Liv, je vais bien merci. Tu m'as manqué aussi.

-Tu ne m'as absolument pas manqué. Répondis-je cassante.

-Ça me blesse, mais je te pardonne. Aller vient, on devrait discuter tous les deux.

-On peut très bien le faire ici !

Il me saisit le poignet, j'essaie de me détacher de son emprise, mais ça ne sert à rien. Je suis paralysée par la peur, je perds mes moyens et n'arrive pas à me défendre. Je le laisse me guider à travers les rues.

Il s'enfonce dans l'une d'elles, c'est un cul-de-sac. Il ne veut apparemment que personne ne nous voit. Il ne supporterait pas de se faire attraper par les flics.

-Si tu savais comme j'attendais ce moment.

-Tu es bien le seul.

-Tu savais pourtant que tu ne pourrais pas me fuir éternellement.

-L'espoir fait vivre comme on dit, malheureusement, tu n'as plus de moyen de pression sur moi. Vee m'en veut pour je ne sais pas quoi exactement, et les gens que j'ai rencontré ici sont des amis proches de ta sœur. Et tu ne veux pas te mettre ta sœur à dos, même s'il vrai qu'elle t'ai laissé, encore.

Je sais que malgré tout, Tiffany ne voudrait pas perdre ses seuls amis, elle aurait trop peur de se retrouver seule.

Tom me regarde d'un regard noir et vide. Je sens d'ici qu'il bout de colère et qu'à tout moment mon corps frêle pourrait venir s'écraser contre cette maison pour ne faire qu'un. Il est à bout de patience, c'est d'ailleurs pour ça qu'il est venu jusqu'ici. On a du mal à croire que j'ai pu aimer un homme tel que lui et pourtant, avant il semblait diffèrent, avant l'amour semblait présent et avant, j'avais confiance et j'étais naïve.

Ayant analysé toutes les situations possibles et n'en voyant pas une lui convenant, il commence à rentrer dans une colère noire :

-Je vais te faire souffrir ! Tu ne peux pas me quitter ! Je t'aime, tu dois rester avec moi !

-Alors qu'est-ce que t'attends ?!

Il paraît réfléchir. Et je sais très bien que je n'ai aucune chance de le battre à son propre jeu. Alors autant m'épater moi-même. Tom m'a tout appris, et je sais qu'il est très fort ! Il m'assène le premier coup, je ne me défends pas, je le laisse frapper avec toute sa haine. Je sais que ça va le faire enrager, je sais qu'il veut que je par ses coups, que je me défende que j'essaie de l'attaquer, mais ça ne servirais à rien !

-Défends toi !

-Non !
-Oh. Fait-il blesser. C'est tellement plus facile. Tu rends les choses moins... Divertissante !

Les coups pleuvent de plus belle. Je tombe à terre, ma tête se cogne contre le mur, il m'attrape par la gorge et resserre son étreinte. Il va me tuer, s'il continue comme ça, il va vraiment me tuer. Je sais que c'est bien le cadet de ses soucis, mais peut-être n'ai-je pas envie de mourir finalement ? Peut-être que je me suis préparé à cette fin depuis des semaines, mais que désormais, je n'en suis plus certaine ? C'est comme quand on se décide enfin de sauter d'une falaise, c'est seulement dans notre chute qu'on se dit qu'on aurait mieux fait de ne pas le faire. Je n'arrive plus à trouver d'air. Je cherche désespérément une prise pour me défaire de son emprise, mais je ne trouve rien. Je divague, ma vision commence à se troubler, elle devient de plus en plus trouble. Je le vois sourire de plus belle, un sourire sadique collé sur son visage, il ne relâche pas son étreinte. Il va vraiment le faire. Il ne s'arrêtera pas, pas cette fois-ci.
Je m'évanouis. Mes souvenirs défilent. Ma mère, mon père, Jamie, Vanessa, Tessa, Liam et Jayce. Jayce. J'ai l'impression que je percute violemment le sol que je l'entends courir au loin me laissant seul dans cet état. Il a raison, je ne lui échapperais jamais. Ma vie est comme enchaînée à la sienne, que je le veuille ou non.

Le sol est dur. Du sang coule de mon crâne, j'ai du mal à respirer. J'ouvre les yeux

péniblement, je suis toujours dans ce cul-de-sac. J'essaie de repérer où je suis. Je crois reconnaître être à une vingtaine de minutes de la maison. Je rassemble toutes mes forces, peut-être même les dernières et me mets en marche vers la maison, j'espère que ma mère est rentrée.
Je ne sais pas comment j'arrive encore à me déplacer, je ne sais pas où mon corps puise cette force, mais je me laisse guider et pour une fois, je me bats pour rester.
Sur le chemin, je croise des passants détournant le regard en me voyant, je boite du mieux que je peux sans trop faire traîner ma jambe. Pendant ce trajet interminable, je réfléchis, et toute sorte de chose viennent me tourmenter l'esprit. Tiffany n'a jamais eu peur de son frère, et je doute qu'elle ne soit pas au courant de ses excès de colère. Néanmoins, dès qu'elle a appris pour l'overdose de Tom, elle s'est cassé le plus vite possible, comme libérée de ses chaînes. J'ai beau détester Tiffany, tout ce que je peux vraiment lui reprocher, c'est de n'avoir rien fait quand elle savait ce que Tom me faisait subir. Elle m'a trahi et blessé. Et nous voilà maintenant à nous détester sans aucune raison valable à part le faite que nous avons toutes les deux perdu l'homme qu'on aimait, Cay... Je pense qu'elle m'en veut, qu'elle m'en tient pour responsable et en plus de ça, je crois qu'elle l'aimait vraiment, malgré et envers tout ce qu'elle lui faisait dans son dos un part d'elle s'était attaché à lui. Je laisse mes questions à plus tard et continu mon chemin tant bien que mal sans me retourner sur les passants qui me dévisagent.