Un chemin sans fin

Ce jour-là, c'était un seul coup de fil qui l'a détruit. Adam buvait un jus d'orange quand il apprit que les anges de la mort avaient emporté sa bien-aimée. Le regard perdu dans la brume, il attendait le bus. Il en avait déjà manqué deux à force de se torturer l'esprit. Il se demandait sans cesse, pourquoi elle et pas lui et pourquoi maintenant, si tôt... La nuit était tombée et un vent souffla, amenant et dissipant un fin crachin. Des larmes perlaient sur ses joues, celles qu'il refoulait depuis le funeste appel. Soudain, une lumière aveuglante l'éblouit et le sortit de sa torpeur, c'était ceux des phares d'un étrange autobus. Agréablement surpris de constater qu'il y en avait un encore malgré l'heure tardive, il monta sans se poser plus de questions. À peine était-il rentré à l'intérieur qu'un froid glacial le happa férocement, au point d'en avoir des frissons. Le chauffeur le dévisageait d'un air mauvais et les autres passants le regardaient ébahis. Adam se dit simplement qu'il devait avoir l'air piteux dans son état. Il se dirigea vers le siège le plus reculé et s'assit sans émettre le moindre son. Durant tout le trajet, il y régnait un silence religieux et Adam se perdit à nouveau dans ses pensées. 

***

Lorsqu'il se ressaisit, il remarqua que quelque chose clochait, quelque chose d'anormal. Tous les passants étaient encore là et pourtant cela faisait au moins une heure, voire plus, qu'ils étaient à bord. De plus, ils avaient tous un air de déterré.

— Où est-ce que ce bus nous emmène ? demanda-t-il.

— Six pieds sous terre, répondit une jeune femme au visage familier.

— Pardon ?, s'exclama Adam.

— Qu'est-ce que vous ne comprenez pas jeune homme ? C'est le dernier bus pour l'enfer, rétorqua le chauffeur agacé.