Préface - Adieux

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« Émilie,
Je sais que tu dois sûrement être très inquiète et, maman aussi, mais ne t’en fait pas, je vais bien.
Je sais ce que tu dois te dire ; que je suis une égoïste, cruelle et sans cœur, qui abandonne sa mère lorsque cette dernière a vraiment besoin d’elle.
Mais laisse moi te répondre que tu es loin, très loin de là vérité.
Je peux seulement t’écrire que je vais bien et que je dois absolument m’absenter durant quelques temps, car, vois-tu le monde n’est pas ce qu’il prétend être.
Aussi fou que cela puisses paraître, il y a autre chose au-delà des murs de notre univers. Plus grand, plus vaste, plus beau et…  beaucoup plus dangereux que la Terre.
Aujourd’hui, ces deux mondes sont liés et menacés, et si je n’interviens pas très vite, les deux s’écrouleront, et dans leur chute, nous avec.
Je ne peux pas t’en dire plus malheureusement, de peur que cette lettre ne tombe entre de mauvaises mains. Là où je suis, il faut prendre un maximum de précautions car on ne peut plus faire confiance à personne.
Je reviendrais, je sortirais indemne de cet affront, je t’en fait la promesse, Emi, accorde moi juste un peu de temps. Du temps, c’est ça qu’il me manque…
Je sais que ça a l’air dingue, et pourtant, c’est la vérité. Je suis incapable de te mentir Emi, tu t’en doutes, non ?
Alors, promets moi une chose ; cesses de t’inquiéter et réfléchis bien à tout cela.
Lorsque tu auras fini de lire ce message, détruis le, et surtout, surtout, n’en parles à personne, encore moins à ma mère. D’ailleurs, elle doit certainement croire que j’ai fugué, et je te demande de le lui laissé croire. Je préfère savoir qu’elle me pense partie, plutôt qu’elle court un danger plus grand que celui qui me poursuit.
Je suis bien consciente que c’est un risque de t’avoir mise au courant, mais si tu étais à ma place j’aurais voulu que tu en face autant.
J’essayerai de te recontacter, plus tard, lorsque les choses se calmeront et que je trouverai un moyen de communication plus sûr.

Reposes-toi  bien, Émilie, je serais toujours ton amie, quoiqu’il arrive. »


Voilà la lettre que j’avais écrite quelques jours plus tôt à celle que je considérais comme étant ma sœur. Je me rappelais très bien le soir où, installée à mon bureau, j’avais l’espoir de lui adresser un dernier adieu. J’avais changé ce message plusieurs fois et ma poubelle en était remplie. Cette nuit là, je ne savais trop quoi lui dire. Je connaissais Émilie depuis l’âge de cinq ans, et dès le début, nous nous étions très vite liées d’amitié. Du certaine façon, elle faisait partie intégrante de moi. Dans un sens, nous nous complétions mutuellement. Elle parvenait à m’apaiser dans les moments difficiles, notamment à la mort de mon père. Et je suis certaine que si Émilie n’avait pas été là, j’aurais sombré dans la dépression, tout comme ma mère.
Mon amie répétait souvent que j’étais la meilleure personne qu’elle eu jamais connue.
Un jour d’ailleurs,  il y a moins d’un an, nous avions décidé de faire un crochet par la plage avant de rentrer chez nous. Bien que la saison estivale était déjà bien avancée, il faisait encore frais pour se baigner. Mais Émilie n’avait pas peur, elle était bonne nageuse, quant à moi, je me débrouillais assez pour nager cinq mètres sans me fatiguer. Mais cette fois ci, Émilie voulait allez plus loin que le trajet auquel nous étions toutes les deux habituées.
J’avais bien essayé de l’en empêcher en sachant pertinemment que ni elle, ni moi ne tiendrait aussi longtemps. Et j’avais raison, mais elle refusait de m’entendre. J’imaginais qu’elle voulait se prouver à elle, plus qu’à moi, qu’elle en était capable. Mais elle s’entêta à poursuivre et moi, je trimais derrière elle. Au bout d’un certain temps, je fus fatiguée et décidai de me reposer en m’appuyant sur un rocher durant quelques minutes, tout en essayant de reprendre mon souffle. Puis, je relevai la tête et ne la vit plus. Paniquée, je me mit d’abord à la héler, puis à hurler son nom. Je cherchai un peu partout, en vain. J’aperçus une chevelure blonde étrangement semblable à celle de mon amie. Je me ruai sur elle. Hélas, le temps me parut effroyablement long et je redoutais plus que tout d’être arrivée trop tard. Épuisée par le trajet auquel je n’étais pas habitué, ce fut à bout de souffle que j’essayai de relever les cheveux d’Émilie qui flottaient dans l’eau verdâtre. Je repérai très vite la berge, et nouai mon bras solidement autour du corps inerte de mon amie. Mes larmes roulèrent sur mes joues et se mêlèrent aux profondeurs marines. Je peinait à poursuivre ma nage, Émilie n’étant pas si légère. C’en était fini, j’avais perdu la seule personne qui me restait.
Je la sortie de l’eau et l’étalai sur le sable. Au collège , j’avais vaguement appris les gestes de premiers secours. Rassemblant mes quelques connaissances, je testai toutes les méthodes que je connaissais. Après plusieurs secondes, je vis mon amie revenir peu à peu à la vie. Elle crachota, toussa et expulsa l’eau qui restait dans son corps. Mais elle était bien là, vivante. Elle m’étreignit vivement et ne cessa de me répéter qu’elle avait été bête, qu’elle aurait dû m’écouter et combien elle tenait à moi.
Ce fut à cet instant seulement, que je réalisai à quel point elle comptait pour moi. Elle était ma sœur de cœur, ma meilleure amie, ma confidente…
Aujourd’hui, l’idée de la quitter me révulsait.
Émilie ne me pardonnerait jamais de l’abandonner ainsi, mais hélas, j’y était contrainte, malgré moi. L’Ordre me l’avait clairement fait comprendre, je devais quitter ma famille, mes amis, les personnes qui comptaient pour moi lorsqu’il m’en donnera le signal. Et le moment paraissait être survenu….C’était cela ou j’acceptais la fin funeste qui nous semblait destinée, à nous, terriens.
Mais en temps qu’Arianna Roberts, ou en tant que Défenseuse d’Angel, j’avais le devoir de partir et d’obéir aux ordres de ceux qui étaient mes supérieurs.
Seulement, j’avais enfreint la règle la plus importante qui soit
En laissant cette lettre à Émilie, j’avais divulgué le secret d’Angel. Et avec ça, j’avais signé son arrêt de mort, ainsi que le mien. Cependant, j’espérai qu’Émilie comprenne le danger et qu’elle prenne toutes les précautions nécessaires à sa sécurité. Ainsi, la mort nous serait épargnée à toutes les deux. Le mystère qui enveloppait Angel ne pouvait être connu des humains.
Les deux mondes auquel j’appartenais étaient étroitement liés mais ne pouvaient cohabiter ensemble. J’étais ce que L’Ordre appelait “une anomalie”, “un bug dans le système” et désormais, je devais faire un choix.
Je paraissait confrontée à un dilemme auquel je ne pouvais me résoudre : Protéger ce qui était le plus chère à mes yeux ou aider d’autres à le détruire ?
Quelque soit le choix que je ferais, il y aurait forcément des pertes, beaucoup de pertes…  Désormais, la guerre était inévitable et avec moi dans leur camp, L’Ordre avait enfin une chance de la remporter.

R E V O L U T I O N  - T1 Là où tout commence Où les histoires vivent. Découvrez maintenant