La Malédiction Des Immortels (En Pause)

Chapitre 1 : Introduction à l'étrange

La sonnerie de la porte d'entrée retentit, Lena a oublié quelque chose ? J'éteins la gazinière et me retourne, je fais cinq pas tout droit, je tourne sur la droite puis fais sept pas. Je tends la main pour trouver la poignée puis ouvre la porte. Une voix que je reconnais m'explique d'un ton neutre

-Me revoilà, c'est moi. J'ai oublié mon téléphone, je peux entrer ?

D'un ton neutre ? Ma sœur est toujours paniquée quand elle n'a pas son téléphone. Elle est normalement très expressive, alors pourquoi ce ton avec aucune fluctuation dans la voix ? Je sors de mes pensées et la laisse entrer, c'est étrange mais quelque chose l'a peut-être attristé. J'attends que ses bruits de pas soient assez loin puis je ferme la porte. Jusqu'à ce que quelque chose me fasse froncer les sourcils, pourquoi entends-je les bruits de pas de deux personnes alors que je ne marche pas ?

-Tu as amené une amie muette ? Lui demandè-je, d'un ton inquiet.

-Non je suis seule, pourquoi cette question ?

Répond t-elle, à nouveau sur ce même ton. Mais je suis sûre de ce que j'ai entendue ! Je ne suis pas folle... Si ?

-Pour rien... Je dois être fatiguée...

Dis-je, en repartant vers la cuisine, en faisant comme d'habitude cinq pas.

-Tu devrais te reposer un peu.

-Oui j'im-

Puis je m'arrête dans ma phrase. Elle n'est même pas inquiète pour ma santé, elle qui est pourtant toujours trop prudente lorsque quelque chose me concerne. Il y a quelque chose qui n'est pas normal. Je lui dis en tentant de garder ma voix la plus calme possible.

-Tu n'oublieras pas d'amener ton appareil photo pour demain ? Je veux absolument garder une image de toi pour ton anniversaire.

-Oui, je l'amènerai.

Maintenant le doute n'est plus possible. Je m'empresse de faire les derniers pas vers la cuisine et cherche un couteau que j'attrape. Qui que ce soit, ce n'est pas ma sœur.

-A-Allez vous-en ! Qui que vous soyez ! Hurlais-je, dans la direction du dernier son que j'ai entendu.

-Hein ? Mais qu'est ce que tu racontes, c'est moi. Me dit-elle.

-Non ! Alors partez ou j'appelle la police ! L'anniversaire de ma soeur n'est pas demain alors je sais que vous n'êtes pas Lena !

Mais pour seule réponse, je ne reçois qu'un long silence. Un silence qui me tétanise, mon coeur accélère à chaque seconde supplémentaire. Puis, sortant de cette pause voulu, l'intrus lâche un juron étouffé.

-Merde, me faire démasquer par une aveugle, c'est humiliant.

Sa voix ne ressemble plus du tout à celle de Lena. Mais maintenant c'est sûr et je le sais, cette personne n'est pas ma sœur. Cette réponse est encore plus déstabilisante que le silence qui s'est déroulé juste avant. Ses pas se rapprochent de moi. Mes jambes tremblent comme des roseaux lors d'une tempête, que veut cette personne ? Et que va t-elle faire de moi ? Je n'ai pas envie de mourir ! Pourquoi est-ce que cela doit m'arriver à moi ? N'ai-je déjà pas assez souffert ?

-Ne t'inquiète pas, je te tuerais pas. Dit-elle d'un ton exaspéré. Arrête juste de bouger et laisse moi faire.

Elle a répondu à ma pensée ? Cette question peut être importante dans une autre situation mais c'est normal qu'elle ne le soit pas ici, il y a bien plus important. L'intrus est à moins d'un mètre de moi. Je dois absolument me défendre, et mon corps l'a déjà compris. Mon bras tenant le couteau récupéré auparavant est déjà brandi en l'air en direction de l'intrus. Et au moment où je comprends que je dois l'abattre sur elle, mon bras a déjà entamer le mouvement. Je suppose que c'est mon instinct de survie.

Mais quelque chose cloche, le couteau a disparu de ma main. Comment est-ce arrivé ? Je le serrais de toutes mes forces ! Jamais je n'ai pu le lâcher dans un moment pareil ! À l'idée de me retrouver avec aucune possibilité de me défendre, mon corps se met reculer aussitôt le plus loin possible de l'intrus. Mais je suis déjà contre le mur de ma cuisine. Ses mains ont déjà attrapé mes bras pour m'empêcher de lui résister, sa poigne est vraiment puissante, trop puissante pour que ce soit normal. Sous cette constatation, mon corps s'est décontracté. Comme s'il savait que c'était déjà trop tard. Impossible de hurler, de me debattre, j'attends en espérant seulement que ce ne soit pas trop douloureux.

Je me demande d'où va arriver la douleur ? Du cou, en me tranchant la jugulaire ? De la poitrine, pour en finir rapidement ? Tout s'est arrêté pendant ma réflexion, impossible de savoir le temps qui s'est écoulé depuis que cet intrus est entré. Je suis presque sereine à l'idée de ma mort, je sais que je ne peux pas y réchapper. Et voilà, le frisson et le sursaut dû à un nouveau contact sur ma peau. Mais quand j'y réfléchis je me rends compte que je ne souffre pas, c'est même bizarrement agréable. Ce que j'ai imaginé être la chose qui allait me tuer est en réalité un baiser. Un baiser froid. Comme s'il est nécessaire, et obligatoire pour le bon déroulement d'un scénario étrange que je ne peux comprendre sans explication. La personne coupable de ce baiser répond une nouvelle fois a mes pensées.

-Tu auras une explication quand tu auras ouvert les yeux.

Mes yeux ? Pourquoi elle me demande ça tout à coup ? Elle ne voit pas que je suis aveugle ? Et pourquoi dois-je l'écouter ? Quelque chose me dit de le faire, même si c'est totalement fou. Alors j'obéis et j'ouvre les yeux, en espérant l'impossible. Elle soupire de nouveau.

-L'impossible appartient à la Terre, mais là où l'on va tout est possible.

Comment ça "là où l'on va" ? Des questions beaucoup trop étranges les unes que les autres me submergent. Mais soudain elles disparaissent toutes, remplacées par une seule encore plus importante : Pourquoi mes yeux me brûlent ? Une douleur, arrivée vite, très vite, sans savoir d'où elle vient mais qui est entrain de me terrasser. Mon esprit commence à marcher au ralenti, je vais m'évanouir sous l'effet de cette violence. Je tente de m'accrocher à quelques chose pour ne pas m'effondrer mais c'est peine perdue. Pendant les dernières secondes de conscience qu'il me reste, j'entends un soupire éloigné. Il y a bien quelqu'un d'autre...

-Tu aurais dû la prévenir...

Je sombre dans l'inconscience, sans aucun moyen de m'arrêter.

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