Chapitre 36 - Romy - Là où tout a commencé

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Quand les sens de Romy reviennent, petit à petit, c'est d'abord la nausée qui la prend. La lumière aveuglante de la pièce lui brûle les yeux et lui donne mal à la tête. Elle ne sait pas si elle est en train de rêver les voix autour d'elle, mais il y a quelqu'un qui parle, alors elle marmonne juste "vomir", en espérant que quelqu'un l'entende. Une main lui prend alors l'arrière de la tête et l'aide à se pencher en avant vers le haricot en métal.

Les paroles rassurantes de la personne qui l'aide sont coupées par ses vomissements, et la douleur qui émane de son abdomen l'empêche de se concentrer sur la voix. Romy est certaine qu'elle la connaît. La jeune femme est groggy, à cause des médicaments, ou peut-être est-ce autre chose. Toujours est-il que la voix qui lui parle est grave, douce, et apaisante. Romy n'a plus peur de ne pas savoir ce qui lui arrive, de ne pas savoir où elle est, ni pourquoi elle a mal. À l'odeur, elle dirait qu'elle est à l'hôpital. La dernière fois qu'elle a été assez consciente pour comprendre tout ce qui se passait, elle tabassait des russes dans le bar de Till. Pauvre Till. Son bar doit être fracassé à l'heure qu'il est.

- Le Requin ! s'exclame-t-elle faiblement, saisissant le bras qui tient toujours le haricot près de sa poitrine.

- Il est mort, la rassure la voix. Je ne sais pas si c'est toi ou quelqu'un d'autre, mais il a pris la balle qu'il méritait.

Romy ne répond pas. Ses longues inspirations ont pour vocation de l'empêcher de rendre un peu plus de bile. Elle n'a pas faim, mais elle sent que son estomac est vide. La jeune femme cligne plusieurs fois des yeux pour s'acclimater, et pour pouvoir faire le focus correctement. La main qui tient le bras de l'homme près d'elle le lâche, et le haricot disparaît pour aller se poser sur la tablette à roulette à côté du lit. Romy suit la main du regard, remonte le long du bras, et se pose sur le visage d'Oliver, pâle, mais souriant. Il est assis dans un fauteuil roulant, en jogging, et il la regarde.

- Ollie, commence-t-elle, inquiète.

Romy tente de se redresser un peu plus dans le lit en position semi-assise, mais une douleur lancinante lui coupe le souffle, la forçant à se laisser retomber sur le matelas. Oliver lève le bras, lui faisant signe de se relaxer.

- Je vais bien. Les transfusions m'ont remis sur pieds. Bon, ce n'est pas la grande forme, mais je vais m'en remettre. Toi par contre, tu as pris sept coups de couteau dans le thorax, et c'est encore miraculeux que tu sois aussi vivante. Donc ménage-toi, parce que toi et moi on n'a pas autant galéré pour être ensemble pour qu'au final que tu meures bêtement en essayant de t'asseoir.

Romy essaye de sourire, toutefois, vu la douleur, cela doit plus ressembler à une grimace. Oliver lui sourit, mais quelque chose dans son regard n'est pas si heureux que ça. Elle le regarde donc, tente de déchiffrer, de comprendre cette expression.

- Ollie, finit-elle par demander, qu'est-ce qu'il se passe ? Qu'est-ce que tu ne veux pas me dire ?

Le jeune homme secoue la tête. Il est toujours muet, la fuit du regard. Romy ne tarde pas à comprendre. Il s'est passé quelque chose de très grave.

- Oliver... Qui est mort ?

Parce que c'est de ça qu'il s'agit. A voir sa tête de croque-mort, quelqu'un a laissé sa vie dans cette sanglante bataille. Elle espère juste que ce n'est pas Christoph qui a encore voulu jouer au super-héros et qui est rentré dans le tas sans veste pare-balle.

- Dis-moi que ce n'est pas Christoph, murmure-t-elle, de plus en plus vaincue.

Oliver arrête son regard sur les doigts fins et pâles de la main de Romy, et glisse sa main dans la sienne. Il caresse la peau, Romy, pendant un instant, oublie toutes ses questions. Il n'y a plus qu'elle et lui, mais bien vite, elle se rappelle du pressentiment qu'elle a.

Le Requin [RAMMSTEIN - TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant