Dark Faïz -T 3

Chapitre 4.4

Julio m'accueillit sur le seuil de la porte de la villa. Chaque centimètre carré de sa peau paraissait marqué par le temps. Ce dernier ne portait pas ses lunettes comme à son habitude, ce qui me laissait voir ses yeux clairs étincelants, les mêmes que ceux de son frère qui me manquait tant.

— Merci d'être venue directement après ton travail, dit Julio avec une accolade chaleureuse. Lily et Charles sont dans le séjour.

— Au téléphone, ça avait l'air urgent, m'empressai-je de répondre, tout va bien ?

— Oui, juste un petit imprévu, grimaça Julio, visiblement tracassé.

Sans me débarrasser de mes affaires, je me dirigeai aussitôt dans le salon.

— Bonjour, Zoé ! me salua Charles en finissant de consulter quelque chose sur son téléphone avant de le ranger dans sa poche.

— Veux-tu boire quelque chose ? ajouta-t-il.

— Attends, l'interrompit Lily en s'approchant de moi, laisse-la au moins se mettre à l'aise.

— Non... je ne peux pas rester. Georgia va bientôt finir l'école et j'aimerais passer au cimetière avant.

La fin de ma phrase se termina dans un murmure, mal à l'aise, vis-à-vis de Julio qui se tenait toujours debout près de moi. Lily m'adressa un sourire rempli de compassion puis alla chercher un journal, posé sur la table. Je compris à ce moment ce qu'il se passait.

— Voilà, débuta Charles d'un ton gêné. Ton collègue commence à être un peu trop curieux.

Je soupirai profondément et le duvet sur mes bras se hérissa en prenant le Los Angeles Times dans mes mains. J'avais découvert l'article, écrit par Jul, très tôt ce matin.

— « Ce que le gouvernement nous cache », récita Charles. Ce Jul est...

— Un journaliste plutôt coriace. Je ne sais pas comment il obtient toutes ces informations, avouai-je, les yeux toujours rivés sur le titre de cette Une.

— Tu ne peux rien faire ? demanda Julio en partant s'asseoir dans un des fauteuils.

— J'ai refusé de travailler sur ce projet avec lui il y a quelques jours. Depuis, il ne partage plus aucune info avec moi et travaille en solo sans rien laisser fuiter. J'ai découvert ceci en même temps que vous. L'autorisation pour cet article vient de plus haut. J'ai les mains liées.

— Il y a deux jours, le Los Angeles Times titrait « L.A a besoin que Black Shadow revienne ». Le gouvernement ne laissera pas ton collègue mettre son nez dans ses affaires, enchaîna Charles, d'une voix rauque à présent.

Je levai une main devant moi en prenant une mine ironique :

— Et ? Ce n'est pas non plus comme s'il allait se faire descendre dans une ruelle sordide à cause de ça.

Les trois protagonistes en face de moi me regardèrent sans sourciller, le visage fermé. À cet instant, une vague de panique détruisit aussitôt ma confiance. Je portai ma main à mon front, réalisant l'importance du danger dans lequel se mettait mon ami.

— OK, attendez. Lexy s'en occupe ! lâchai-je calmement.

— Lexy ? s'étonna Lily.

— Oui, le talon d'Achille de Jul, c'est elle ! Il est fou de cette femme.

Julio échangea un bref regard avec monsieur Mattew.

— Très bien ! Nous transmettrons l'information à Barthey. Nous comptons sur Lexy, conclut Charles.

Le silence s'installa. Nous méditions tous à présent sur l'inquiétant funeste avenir de L.A. Celui-ci semblait avoir renoncé à nous épargner.

— J'ai encore pas mal de boulot, si vous voulez bien m'excuser..., déclara Charles tout en posant un regard bienveillant sur moi. Zoé, nous te verrons samedi, après le départ de Faïz pour New York. Nous avons hâte de retrouver Georgia.

— Je vais y aller aussi, intervint Julio, on se voit plus tard.

Je m'efforçai de lui retourner son sourire.

— Fais attention à toi, dis-je d'une voix inquiète.