Lumière

Vide. Tout était vide en moi. Je cherchais à voir quelque chose, un peu de lumière, un objet familier, un visage rassurant. Mais il n'y avait rien. Rien qui puisse m'aider. La lumière avait disparu depuis longtemps maintenant. Les objets que je pouvais voir m'étaient tous étrangers à présent. Et les visages que je trouvais rassurants auparavant étaient soudainement devenus effrayants d'agressivité et de mépris. Rien ni personne ne pouvait ni ne voulait m'aider. J'étais seule.

Et seule je marchais, regardant d'un œil indifférent et lassé ce monde qui tournait autour de moi sans m'adresser autre chose qu'un rapide coup d'œil dégouté de temps en temps. Soudain un bruit fort retentit et, levant la tête, je vis une lumière passer à tout vitesse devant moi. Je m'approchais mais la lumière s'éloignait déjà vers je ne sais quelle destination sur un chemin tracé au fer sur le sol.

Je décidais alors d'attendre la prochaine lumière depuis l'endroit où j'étais. Je la vis avant d'entendre son bruit. Elle se dirigeait droit vers moi. Fascinée, je ne bougeais pas. Je restais là, intriguée et intéressée par ce qui allait se passer. Quand la lumière me percuta, je sentis mon corps partir en l'air et retomber au sol mais je ne contrôlais plus rien, comme si j'étais soudainement devenue une poupée désarticulée. Je ne ressentais presque pas de douleur et je sentis mon esprit doucement s'embrumer. Alors je revis le visage de mes parents. Que ressentiraient-ils après ça? Seraient-ils tristes? Heureux? Ou n'en auraient-ils rien à faire?

Oh, devant les autres, ils pleureraient sans doute. Les parents pleurent toujours lorsqu'on vient les voir après un drame. Au moins, ils réaliseront enfin que j'existais. Je passerai certainement dans le journal d'ailleurs... Oui, je vois déjà le grand titre d'ici:
" Mia Charden, 19 ans, s'est donné la mort sur un chemin de fer"

Mais ils ont tort. Ce n'était pas un chemin de fer. C'était le chemin de la lumière.
Ma lumière.
Celle qui m'a sauvée.