1. Sombre passé

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<<Jalaya‚ viens voir papa.>>

Malgré le ton doux de sa voix‚ je ne me laisse pas avoir et je me recroqueville un peu plus dans ma cachette.

<< Mon coeur‚ si tu ne viens pas toute suite je vais m'énerver.>>

Mais je ne me manifeste pas.

<< Je t'ai dit de venir ! >>

Son ton n'a plus rien n'a voir avec les autres phrases qu'il a prononcé quelques minutes plus tôt. Il est dur, menaçant et promet une punition sévère qui ne serait tarder.

Mais je ferais tout pour retarder la confrontation certaine, qu'elle va arriver. Et comme tout les autres jours‚ comme des années avant‚ je murmure des prières qui ne s'exauceront jamais.

Pitié qu'il ne me trouve pas.

Pitié qu'il ne me trouve pas.

Pitié qu'il ne me trouve pas.

J'entends un bruit de pas et je risque un coup d'œil.

<<Papa t'a trouvé.>>

Je hurle‚ alors que ses yeux fous croisent les miens. Je m'éloigne de lui comme je peux‚ toujours cachée sous mon lit, ma cachette "secrète." Il use de ses efforts en étirant son bras afin de m'attraper.

<<Idiote ! dépêche-toi de venir au lieu de me faire perdre du temps.>>

Il se relève‚ étrangement calme. Ma respiration se calme un peu‚ il a abandonné ?

Mais je suis vite détrônée de ma cachette, qui se soulève. Mon père envoie valser mon lit un peu plus loin et je suis maintenant à découvert plus rien ne peut l'empêcher de me faire du mal.

J'ai peur.

J'ai peur.

J'ai peur.

Il attrape mes cheveux‚ en me traînant de force dans la salle de bain.

J'ai peur.

Il allume l'eau glacée et me jette dedans. Je crie instantanément quand ma peau rencontre le liquide gelé.

J'ai peur.

L'eau monte petit à petit dans la baignoire.

J'ai peur.

L'eau m'arrive jusqu'au cou.

J'ai peur.

Alors que je grelotte et que ma peau vire au violet‚ sa main s'écrase sur mon crâne m'emenant au fond de la baignoire.

L'eau rentre dans mon nez‚ ma bouche‚ mes oreilles. Et je m'étouffe.

Instinctivement ‚mes pieds et mes mains se débattent dans une danse désynchronisée.

Il met fin à mon supplice, avant de recommencer quelques secondes plus tard.

Je ne sais pas combien de temps s'est écoulé‚ mais il a finalement arrêté et m'a enroulé dans une serviette. Avant d'embrasser le sommet de mon crâne et de me murmurer:

<<Je t'aime.>>

Je me réveille en sursaut la respiration encore haletante‚ je regarde l'heure :

6 H 10

Sachant que je n'arriverai pas à me rendormir je me lève et les pieds chancelant‚ je m'engouffre dans ma petite cabine de douche.

Quand l'eau glisse sur ma peau des éclats de mon rêve me reviennent en tête.

L'eau monte petit à petit dans la baignoire.

J'ai peur.

L'eau m'arrive jusqu'au cou.

J'ai peur.

Sa main s'écrase sur mon crâne afin de m'emmener au fond de la baignoire.

Je m'étouffe.

Je m'étouffe.

J'arrête d'un coup l'eau. La respiration paniquée, je m'extrais de la cabine.

L'air manquant de plus en plus je cherche paniquée ma ventoline. J'ouvre tous les tiroirs, mais je ne la trouve pas.

Je cours dans ma chambre et effectue la même opération. Je mets mon appartement sans dessus dessous, mais rien n'y fait.

Elle est toujours introuvable.

Je tente de me calmer mais mes poumons ne sont pas de cette avis.

Je fini par la trouvée.

Je l'inspire telle une naufragère, qui s'accroche à la vie.

Tout va bien‚ je vais bien.

***
- Jalaya !
Hurle la voix stridente de ma supérieure.

- oui ?
Dis-je essayant de calmer l'énervement, qui monte progressivement dans mon corps.

- Qu'est ce que tu fais !? Ça fait 5 minutes qu'on t'attend à la réception.

- Mais j'ai pas été prévenue et je dois nettoyer...

- Tu le feras plus tard, dépêche toi ! Des clients attendent.

De tout de façon je n'ai pas le choix !

***

Je souris aux clients qui se contente de me regarder d'un air supérieur.

- Une chambre‚ au nom de " Ludvig Senart".
Me lance un homme qui ne cesse de tripoter la jeune femme à côté de lui‚ sûrement plus jeune d'au moins 20ans.

Je pianote sur le clavier‚ avant de leur donner un passe.

- Bonne journée !

Évidemment aucun des deux ne me répondent.

***

La journée est passée à une allure fulgurante.

Je passe l'aspirateur pour la deuxième fois. Si il n'y a ne serait ce qu'une poussière, je peux dire adieu à mon boulot et à mon appartement en même temps.

Love tastes like poisonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant