~ Un souffle dans le noir ~

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Le noir absolu.
Une jeune fille court.
Elle court, elle court, vers qui ? Vers quoi ?
Elle court dans ce noir oppressant.

Que fait-elle ici, cette si jolie jeune fille ?
Elle court.

Une douce brise se lève, faisant se soulever ses belles mèches blondes.
La brise se colore, ondule autour du corps de la jeune fille, sautille, comme vivante.
Cette brise est emplie de chants d'oiseaux, de pétales qui s'envolent, de bruits de pas délicats dans l'herbe fraîche, de liens timides qui se créent.
Elle est accueillante, comme habitée d'un élan de renouveau et d'espoir.
Mais voilà que, aussi vite qu'elle est apparue, la brise tombe, et que la jeune fille retrouve la solitude de sa course dans cette infinité de noir total.

Arrive alors un vent calme, pesant mais pas pour autant dérangeant, dégageant sa chaleur, tel le soleil arrivé à son zénith lors du premier solstice de l'année.
Il occupe tout l'espace, l'entoure.
Ce vent là est empli du son du clapotis des vagues sur le sable chaud, du craquement du bois d'un feu de camp, de paroles échangées au clair de lune sous l'immensité de la nuit étoilée.
Le vent et sa chaleur diminuent à leur tour, laissant la jeune fille à sa course sans fin.

Une frêle bourrasque vient ensuite décorer ce sombre tableau.
Elle emporte avec elle l'odeur enivrante de la forêt humide, le souffle des feuilles qui brunissent avant de tomber avec légèreté, le fracas de la terre retournée, labourée.
Elle trottine à coté de la jeune fille, la dépasse, lui tourne autour, comme pour l'enjoindre à profiter de sa présence.
Elle finit, sans surprise, par s'éloigner.
Retour à la case départ pour notre brave jeune fille, elle court toujours, sans s'arrêter, dans cette lourde obscurité.

Un blizzard glacial lui tombe soudainement dessus, sans prévenir.
Il vient ballotter la jeune fille, la tiraille, force ses défenses, la fait frissonner de toute son âme.
Derrière cette impression de violence se cache cependant les rires des enfants glissant sur la neige, la majesté de ce grand manteau blanc, l'odeur de la fumée s'échappant d'une cheminée, la magie qui reigne dans les coeurs.
Le blizzard se retire maintenant, suivant l'exemple des trois précédents .
Et que fait donc la jeune fille ?
Elle court.

Elle nous apparaît toutefois différente, cette jeune fille.
Elle paraît plus brillante qu'au départ de sa course dans ce néant.
Elle ne semble plus perdue.
Elle à l'air emplie de couleur, elle raillonne.
Ses yeux pétillent, comme si ces différents courants d'air l'avaient emplie de souvenirs, de couleurs, de vie.
Elle brille tellement, notre belle jeune fille.

Tiens, mais que fait-elle ? La voilà qui s'arrête...
Pour la première fois depuis le debut de son périple, elle s'arrête !
Elle se retourne, regarde derrière elle.
La douce brise, le vent calme, la frêle bourrasque et le blizzard glacial sont là, ils ondulent, exécutent une danse complexe, et pourtant tellement évidente.
Ils lui disent au revoir, à notre fameuse jeune fille.
Elle lève la main, comme elle l'aurait fait pour saluer un vieil ami, puis leur tourne définitivement le dos, emplie de toutes ces belles couleurs, pour entrer dans la lumière qui est apparue, naturellement, devant elle.

La lumière au bout du tunnel.

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Recueil de TextesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant