Est-ce la peine?!

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la légende a été enterrée et déterrée sous le regard du charognard qui reste le témoin passif de son existence. Ce charognard n'est personne d'autre que moi, Jules et la dite légende est mon histoire.

Cette matinée, semblable aux autres, d'un hiver glacial qui stimule mon esprit et mes pensées en même temps que le soleil levant. Des petits rayons de soleil qui accompagnent ce vent humide, traversant les rideaux de ma fenêtre et me donnent envie de ne plus exister, d'appartenir au néant et de disparaître à jamais. Comme si je n'étais jamais né. Autant de questions dont les réponses font la description d'un être paresseux, l'homme que je suis et qu'il faut que j'assume.

Mais sérieusement, dois-je vraiment l'assumer ? Hélas oui, on ne m'avait pas demandé si je souhaitais naître et du moment que je suis là, je deviens responsable de tout ce qui arrive et arrivera dans ma vie, que je qualifierais morose. Je n'aurais même pas voulu qu'on me le demande. Je suis né, alors il faut que je vive. Il faut que je reconnaisse mon appartenance et pérennise son honneur. Il le faut, mais je ne le veux pas. Je ne veux pas vivre ! je n'aurais pas voulu naître. Voyons ! je n'aurais pas demandé grand-chose, juste appartenir au néant, comme l'enfant avorté que personne ne verra crier, sourire, ramper ou marcher. Ou celui qui s'est contenté de ne point naître, que personne n'aurait connu au point de le voir grandir et devenir un adolescent comme moi.

- Jules! Tu es vraiment un ingrat sans scrupule (me dit la murmurante, cette voix qui réside en moi et qui me contredit dans toute mes entreprises, sous prétexte de la moralité et du bien-être).

La murmurante, elle aussi je ne l'aime pas, De ce fait je ne l'écoute pas. Elle me répugne tout autant que la vie. Car si je suis comme ça, c'est parce que ce monde est pourri, sans valeur, sans dignité et dépourvu considération envers les plus faibles. Il n'engendre que des prédateurs qui chassent et anéantissent toutes proies à travers de leur chemin.

En vrai, personne n'aime personne, chacun se préoccupe de ses intérêts exceptée une infime partie d'âmes charitables. Parce que la réussite des uns blesse le faible ego des autres et que voir sombrer les autres fait réjouir les uns. Parce que l'ignominie, la turpitude et la loi du plus fort sont les monnaies courantes. Parce que l'ami ou l'amour que tu crois fidèle ne l'est guère. Parce que la plupart des proches préfèrent organiser vos funérailles plutôt que de s'acquitter de vos frais médicaux qui auraient pu vous sauver la vie. parce que plus d'un aurait voulu vous voir rendre l'âme afin de pouvoir danser sur votre tombe. parce que la vie est simplement hypocrite et sans pitié.

- Regarde donc autour de toi Jules, tu es bien né et ta famille a toujours pris soin de toi.

Sur ce point elle a raison, j'aime cette famille plus que tout au monde, je l'adule et je la porte aux abysses de mon cœur. C'est là qu'est le problème. L'amour ne se contrôle pas. Ainsi, celui que je voue aux personnes qui m'ont vu naître et grandir est éperdu. L'amour que je voue à la dame m'a qui donné la vie est déferlant, tout comme à l'homme qui m'a légué son nom. Autour d'eux je suis  heureux mais quand ils ne sont pas là, le désir d'appartenir au néant me submerge, bien qu'il ne m'a jamais quitté.

Le soleil commençait à gagner du terrain et je ne me suis toujours pas levé de ce lit. Si cela se trouve, à quoi bon se lever si on a le privilège de s'asseoir, et pourquoi s'asseoir même alors que l'on a encore la possibilité de s'allonger.

- Ce qui n'arrange rien, jeune fainéant, est que tu dois forcement te lever, aller étudier et travailler afin devenir quelqu'un, quelqu'un de respectable qui réalisera de grandes choses et fera la fierté des tiens. Me dis la murmurante. Tu nous dois au moins cela.

Qui a dit que cela devrait se passer exactement ainsi, qui a dit que je voudrais que cela se passe ainsi. Voilà ce qui justifie le fait que je ne peux aimer cette maudite voix murmurante  en moi. Encore une fois, je n'aurais pas demandé grand-chose : juste appartenir au néant. Je ne peux nier que cela s'est toujours passé ainsi depuis des lustres. Mais ma vérité à moi, ma vrai vérité, est que je n'en ai rien faire.

CE SOIR OU DEMAINOù les histoires vivent. Découvrez maintenant