Nouvelle Terre [TOME 1]

Chapitre 1

(Musique d'ambiance ↑ )

  Le soleil couchant teintait le ciel d'incroyables couleurs. Il laissait une faible luminosité qui permettait à un petit être d'avancer. Son pelage était taché de sang et couvert de griffures. Des touffes de poils pendaient piteusement à son maigre corps. La petite créature marchait tête baissée, lentement. Les larmes qui autrefois coulait le long son visage étaient sèches et avaient laissé de fins creux. Les poches sous ses yeux trahissaient sa fatigue. Elle levait chaque patte péniblement, et se forçait à avancer tant la douleur était insoutenable. La pierre noire sous ses coussinets était dure, noire et sentait mauvais. Du moins, pas aussi mauvais que le chat qui empestait l'odeur du sang séché. Soudain une lumière commença à éclairer ses griffes écarlates, le petit félin leva brusquement la tête et sauta vers l'herbe verte. Un énorme monstre passa près du quadrupède manquant de peu de l'écraser et laissant derrière lui une fumée nauséabonde. Elle toussa, ces particules flottantes lui brûlant les poumons.

  Allez ! Ressaisis-toi Œil de Saphir ! Maman et les autres arriveront bientôt et voudront s'installer sur cette nouvelle terre !  se motiva t-elle intérieurement, bien qu'elle savait que tout son clan avait péri et que personne ne viendrait J-J'ai été lâche ! J'aurais dû les aider ! Mais je me suis enfuie, comme une lâche !

  Œil de Saphir déracina un brin d'herbe par la seule force d'un coup de griffe rageur, avant de fondre en larmes. Elle se laissa tomber dans la verdure ce qui lui fit pousser un cri de douleur : sa plaie avait dû se rouvrir. La féline releva sa lourde tête et entreprit de lécher sa blessure pour qu'elle ne s'infecte pas davantage. Sa langue était sèche et ne ressentait aucune saveur, pas même celle du sang. En se couvrant de coup de langue, elle entendit son ventre gargouiller. Elle réalisa à quel point elle avait faim  elle qui était si gourmande. Cette seule pensée la fit souffrir. Soudain, un fumet de rongeur vint chatouiller ses narines. Alors la femelle se tapit au sol et se décala de quelques pas afin que le vent ne porte pas son odeur. Mais malheureusement, elle écrasa une brindille ce qui alerta son futur repas. La proie tenta de s'enfuir, mais la féline était rapide. Elle n'eût besoin de quelques secondes pour rattraper l'herbivore, lui sauter dessus et l'achever !

  Ouf ! Heureusement que je l'ai eu !  Songea t-elle, avant de se rendre compte que ses muscles, mais particulièrement ses coussinets, la faisait souffrir. Ceux-ci étaient tous craquelés et à peine les effleurait-elle qu'il lui faisait mal.

  Elle s'assit lourdement et commença à dépecer la petite bête inerte. À la vue de son repas, elle se remémora le massacre qui avait eu lieu durant la matinée. Tout ce sang, ces corps, qu'ils soient ennemis ou non. Ces cris de douleur, de peine et d'horreur. Le sang collant à sa peau, le vent fouettant ses poils. Elle se força à manger le lapin, mais ne le finit pas. La chatte crème se releva tant bien que mal et reprit sa longue route, sans se douter que deux yeux azurs la fixaient intensément...