« L'amitié est à la vie ce que la confiture est au pain rassis : elle la rend moins dégueulasse »
C'était le crédo d'EDEN, une phrase qui avait un jour germé dans son esprit et ne l'avait plus quittée depuis. Eden, c'était une âme de poète qui s'inspirait de son amour inconditionnel pour le ciel. Elle connaissait tous les cieux possible, tous ses reflets orangés, rouges, violacés. Elle associait tout à un ciel, car le ciel était tout pour elle.
Ses deux cieux préférés, c'était ses deux meilleures amies. Luna était un ciel rouge, chaud mais révolté, excentrique et passionné. Les levers et couchers de soleil lui faisaient toujours penser à elle. Judy quant à elle était un ciel bleu foncé, d'une douceur et d'une douleur infinie qu'elle faisait ressentir au monde entier à chaque coup de vent.
Et puis, face à ces deux âmes à l'imagination débordante et aux nez collés au sol, il y avait Eden toujours la tête dans les nuages, le buste incliné vers eux et l'envie irrépressible d'être engloutie par cette immensité maculée de bleu. Eden l'ignorait, mais elle était un ciel aux reflets iridescents. Ce genre de ciel rare et sublime qui était d'autant plus beau qu'il ignorait sa splendeur et sa rareté. C'était un arc-en-ciel dont chaque parcelle de peau était habitée de rage de vivre et de vers de poèmes.
Elle restait parfois des heures allongée sur le toit de son lycée, oubliant les cours et les gens autours, toujours collée à ce ciel, son plus fidèle ami. C'est d'ailleurs sur ce toit qu'elle avait rencontré les deux plus beaux cieux de sa vie. L'une arrivant pour dessiner sa rage, l'autre pour arpéger sa douleur, elles s'étaient retrouvées là, toutes les trois, le regard triste sans oser se l'avouer, à faire semblant d'aller bien, jusqu'à ce que qu'Eden se lance en récitant quelques vers de Baudelaire :
« On dirait ton regard d'une vapeur couvert ;
Ton oeil mystérieux (est-il bleu, gris ou vert ?)
Alternativement tendre, rêveur, cruel,
Réfléchit l'indolence et la pâleur du ciel »Luna se détendit et se mit à parler, à tout lâcher devant ces inconnues dont l'éclat des yeux lui paraissait pourtant si familier. Ce fut au tour de Judy de tout raconter. Et après cela arriva Eden, qui ouvrit les vannes et commença à conter son histoire. L'histoire d'une jeune fille élevée par deux pères, deux pères qui se faisaient critiquer, juger, insulter pour aucune raison. Des pères qu'elle voyait parfois revenir avec un œil noir en fente qui prétendaient que ça allait. Mais non, ça n'allait pas, et la douleur retenue dans cette œil plissé intensifiait la douleur personnelle d'Eden.
Eden en racontant tout cela sentait son coeur se serrer, et sentait ressortir les ecchymoses couleur ciel de son coeur. Elle avait l'impression qu'on appuyait sur ses bleus tout en étant soulagée de se confier, extérioriser, de retirer ces fils barbelés qui coinçaient son esprit. Les mots coulaient comme une fontaine, et on voyait les eaux s'éclaircir, la vapeur de ses yeux se retirer et le voile de son âme se lever.
Émues par les paroles poétiques d'Eden et dans l'espoir de la rassurer un peu, Luna récitat sur un air nostalgique, suivie de près par Judy la suite du poème énoncé plus tôt ;
« Tu ressembles parfois à ces beaux horizons
Qu'allument les soleils des brumeuses saisons...
Comme tu resplendis, paysage mouillé
Qu'enflamment les rayons tombant d'un ciel brouillé ! »
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- les demoiselles de baudelaire
Short Story❝ L'amitié est à la vie ce que la confiture est au pain rassis, elle la rend moins dégueulasse ❞ EDEN est amoureuse du ciel, perdue dans ses pensées à longueur de journées, elle tisse sa vie dans les airs LUNA est une artiste dans l'âme, elle peint...