La Malédiction Des Immortels (En Pause)

Chapitre 4 : Espoirs douloureux

Cela fait plus d'une heure que je suis agenouillée devant lui. Les larmes ruissellent sur mes joues et tombent sur les mains d'Aksel devenus froides. J'ai arrêté d'espérer sa résurrection, pourtant je reste là. Les seuls mouvements que je fais sont les spasmes incontrôlés dû à mes pleurs. Son récit me donnait envie de découvrir Agartha. Mais c'est impossible maintenant, son esprit est parti et il ne reste que son corps.

Je patiente encore quelques temps près de lui et lache ses mains, je me relève et le regarde encore avec culpabilité. Le portail qu'il avait créé a explosé à cause de moi, je ne peux pas rejoindre Agartha pour essayer de prévenir quelqu'un. Je réfléchis et je me détourne du cadavre d'Aksel. Je ne peux plus le regarder.

Mais un détail m'oblige à le regarder de nouveau. La vibration d'un téléphone portable. Je me penche lentement, le téléphone se trouve dans ses mains. Merde ! Je suis une idiote ! Quand il m'as tendu ses mains il ne voulais pas que je l'aide à se soigner, il voulais que je prévienne quelqu'un ! Par quel miracle le téléphone n'a t-il pas été brisé lors du choc qu'il a reçu ? Je rapproche l'écran de mon visage et comprends que quelqu'un l'appelle, je regarde le nom inscrit sur l'appareil. Émilie. Je décroche et approche le téléphone de mon oreille mais sans rien dire. Un silence s'installe pendant quelques secondes avant qu'une voix féminine déclare.

-Aksel ? Tu es où ? Pourquoi tu es toujours pas rentré ? Elle rajoute après un autre silence. Je sais que je t'ai abandonné mais c'est pas une raison pour rester aussi muet.

Je reconnais cette voix, elle me donne envie de lui hurler dessus. Cette personne est la seconde intrus. Mais je ne peux pas lui déclarer la guerre maintenant, ce n'est pas le moment. Je dois lui expliquer pour Aksel.

-Ce n'est pas Aksel, il est... indisponible.

Génial. Je ne pouvais pas trouver autre chose. Mon intrus répond d'une voix sarcastique.

-Aksel indisponible ? Qu'est-ce que tu me racontes ? Et pourquoi est-ce que sa cible a son téléphone ?

-Aksel est... Mort.

Mon coeur se serre à l'écoute de ce seul mot, ça ne doit pas le faire qu'à moi. Émilie ne me répond qu'une dizaine de secondes plus tard.

-Tu peux me répéter cela ?

-Il est mort... Je suis encore dans la maison avec lui. Elle déclare du tac au tac.

-J'arrive toute suite. L'appel se coupe.

Je range le téléphone dans ma poche et j'ai à peine le temps de réaliser que l'appel est coupé qu'un portail se crée dans mon salon. Une femme apparait en sortant du portail. Je suppose que c'est Émilie, elle me regarde de haut en bas. Elle a les cheveux blonds attachés en queue de cheval et les yeux argentés exactement comme étaient ceux d'Aksel. J'espère qu'ils ne sont pas de la même famille, sinon cela risque d'être très dur pour elle. Je m'égare sur son visage pour découvrir un petit nez et un tatouage au niveau de son cou, mais je n'arrive pas à savoir ce qu'il représente. J'ai l'impression qu'elle n'est pas affectée, que la mort d'une personne proche d'elle ne la touche pas. Au moment où je sort de mes pensées, je la vois qui me fusille du regard. Pourquoi me regarde t-elle comme ça tout à coup ? Elle ferme les yeux deux secondes puis les rouvrent, elle a l'air à nouveau tout à fait calme. Elle sourit en inspectant du regard la pièce où nous nous trouvons.

-Tu n'y es pas allé de main morte. Où est Aksel ?

Elle n'as pas l'air de vouloir faire ami-ami, ça ne me dérange pas vraiment. Je pointe du doigt le cadavre d'Aksel sans le regarder. Sa tête tourne mécaniquement vers l'endroit que je pointe et elle s'y approche directement. Elle se penche vers lui et semble l'examiner de partout, elle se relève et me demande.

-Il est mort depuis combien de temps ?

-Environ une heure. Dis-je tristement.

-Ça devrait aller alors. Viens par ici. M'ordonne t-elle.

Je hoche la tête et m'approche d'elle lentement. Elle me regarde et lâche un long soupir. Je suis trop lente à son goût ? Je ne vais pas me battre avec elle maintenant, je ne peut pas faire ça pour la mémoire d'Aksel. Émilie se tourne vers moi et me lance avec mépris.

-Oui je te trouve trop lente, alors bouge toi et viens m'aider à le ressusciter.

Je suis bouche bée, cette personne est soit une psychologue soit elle peut lire dans les pensées. Mais je reprends aussi de l'espoir. Aksel peut être sauvé ! Cette nouvelle me fait oublier toutes les piques d'Émilie, je m'exécute automatiquement et me rapproche beaucoup plus vite. La blonde me lâche un sourire hautain, elle a l'air d'adorer donner les ordres. Elle plonge sa main dans sa poche et sort une petite fiole rempli d'un liquide rouge.

-Tiens moi ça, je dois l'infuser de ma magie. Ça risque de te brûler mais tu n'as pas intérêt à la lâcher. Cette fiole est remplie de sang de djabo, c'est très rare et vraiment très cher. Donc si tu la lâches tu peux dire adieu définitivement à Aksel.

Je déglutis et hoche la tête, je ne le laisserais pas mourir. Enfin pas définitivement. Je prends la fiole entre mes mains et Émilie place les siennes contre les miennes, ses mains sont tellement douces comparé à son caractère si dur.

-Arrête de penser à ce genre de choses, ce n'est pas moi qui vais me sentir coupable si l'on ne peux pas le ressusciter donc reste concentrée.

Elle ferme les yeux et respire profondément. Le contenu de la fiole se met à réagir, il brille et commence à chauffer. C'est assez supportable pour l'instant, j'espère qu'elle ne va pas chauffer plus. Comme d'habitude, j'aurais mieux fait de me taire, la chaleur augmente de plus en plus et donc la douleur aussi. Je commence à me mordre la lèvre inférieure et à froncer les sourcils. Le sang présent dans la fiole se met à bouillir. Je ne pourrais pas tenir longtemps. La douleur remplit rapidement mon esprit, je ne pense plus qu'à elle. Je n'arrive plus à retenir mes gémissements de douleur. Je hurle de plus en plus fort dans ce moment interminable. Je souffre encore plus que lorsque j'ai retrouvé la vue, je risque de m'évanouir aussi vite. Mais je ne peux pas abandonner, je vais donner un dernier ordre à mon corps avant de m'évanouir. Ne pas bouger. Je contracte tout mes muscles aussi fort que je le peux sauf mes mains, si jamais je brise la fiole alors tout est fini. Dans ma dernière once de lucidité, je souhaite seulement ne pas trop troubler Émilie dans sa concentration.

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