L'Enfer, C'est les Autres!

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- Ne ressens-tu pas aucune honte à l'égard de cette pauvre dame qui gravite chaque matin les escaliers pour venir te tirer du lit ? Ne ressens-tu donc rien du fait que tu sois le seul de la maisonnée qui as besoin d'être injurié, proféré et arrosé pour te lever de ce sinistre lit ? hum...

Après tout, tu peux toujours ronchonner, tu n'est qu'une voix. Cela n'enlève en rien à mon désir de cogiter à ce que j'aurais souhaité être. Ce droit de garder en moi ce Jules-là est sans nul doute la plus ultime forme de liberté que la société ne pourra jamais me retirer. Cette dernière ne m'a presque guère donné le choix, ni de cadeau. Elle m'a tout prit depuis le début : le droit à la concertation quant à mon arrivée, celui de mon choix de ce que je voudrais faire de ma vie du moment que je suis là. Tout, elle ne m'a rien laissé hormis cette vie que je mène dans ma tête, dont elle n'a aucun pouvoir et que de toute façon la murmurante ne me facilite point l'exécution ?

Mais qui de nous est fautif ? Qui de nous a voulu transformé ma nature première à cette personne qui deviendra quelqu'un, qui accomplira des choses ? C'est eux tous ! Il ne s'agit nullement de moi et, ils refuseront certainement de l'être. Car l'enfer n'est jamais soi. Seulement, il faut avoir le culot de le dire, il est allègrement plus simple pour l'homme de rejeter le tort sur son prochain que de le subir et de l'assumer.

Permettez-moi, dans ce sens, de citer les paroles suivantes de YOUSSOUPHA :

- « On a des ghettos dans la tête qui nous rendent solitaires
Comment changer le monde si on n'est même pas solidaires?
On fait des erreurs mais on préfère rejeter la faute
Et on se contentera de dire que l'enfer c'est les autres ...»

Ils sont fautifs d'avoir été infectés par ce monde. Des hommes épris par le pouvoir et l'appât du gain, qui n'ont plus le temps d'apprécier la vie ou de rebrousser chemin de temps à autre pour aider les plus démunis. Ne voyez-vous donc pas qu'il n'existe plus de valeurs louables qui sont dignes des êtres humains? Quand je pense à l'aide que l'on pourrait octroyer à notre prochain, je ne parle pas de cette aide qui ne l'aide pas à dépasser de l'aide. (Pour ainsi me référer à AHMED SEKOU TOURE).

Par conséquent, je ne ressens pas de honte, pas de gêne non plus, juste parce que je m'obstine à garder ce qui m'est inné. Parce que je préfère m'en tenir à ce qui est déjà acquis que de le troquer contre une seconde nature. Pour la bonne et simple raison de vouloir rester moi-même. Ils sont tous malheureusement injustes. Ils sont vraiment, mais vraiment injustes à mon égard. 

-Il fait jour, Jules, il vaudrait mieux pour toi que tu te lèves ! Je parle juste pour ton bien.

Je sens que cette déception dont il sera question basculera plus probablement de mon côté. Que ce soir ou demain, je me décevrai. Sauf si je suis le seul responsable de ce qui arrive et arrivera dans ma vie, alors je prendrai les décisions qui m'iront le mieux sans me soucier de leurs avis. A force de vouloir leur plaire et d'œuvrer à faire fleurir cet amour que j'éprouve envers eux, je m'entraîne vers ma propre perte. Je prends le risque de vivre en marginalisant mon bien-être.

Quel hypocrite je fais ! Ne suis-je donc pas en sursis quand je décide de les privilégier à mon détriment? C'est effectivement cela. Je fonce droit à la perdition en suivant la logique de ces hommes que je n'arrive plus à cerner. Si cela se trouve, je commence à ne plus me cerner moi-même. D'où mon ressenti de culpabilité que j'abhorre.

Valent-ils vraiment la peine que je me sacrifie pour eux ? Je juge que non, car ils ont préféré se délaisser eux-mêmes, se délaisser au profit de cette vie immonde. Et c'est là que se fondent toutes leurs illusions. Pensant qu'ils mènent une belle vie, je les trouve malheureux. la vie est une grande fourberie. Elle nous berce avec sa folie des grandeurs, d'aventures et de conquêtes.

CE SOIR OU DEMAINOù les histoires vivent. Découvrez maintenant