20 'Incontrôlable'

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J'ai mal d'y croire. J'ai mal d'y penser. J'ai mal d'y réfléchir. Avoir perdu ces ailes c'est sans doute la pire chose au monde qui puisse m'arriver. Je n'aie pas vécu longtemps avec elles mais, lorsqu'elles m'ont étés enlevées, un vide immense c'est fondé en moi et il m'envahit. C'est comme un trou noir, un néant. Une falaise où tout mes belles émotions tombent par naïveté. Mon cœur fait de son mieux pour garder la vue dans le bon chemin mais c'est une grande bataille. Je peux sentir tout mon être disparaître. C'est affreux. Je parle en ce moment même avec ma conscience et je sens que je vais en devenir fou. Mais vais-je avoir le temps de le devenir avant d'y laisser ma vie? C'est affreux. Ça fait peur, tout ce blanc. J'aimerais savoir où je suis. J'aimerais savoir s'il y a une issue. Une simple faille dans le système qui me permettrait d'apercevoir à nouveau le champs de fleurs blanches et les bâtiments. J'aimerais pouvoir tenir un café dans ma main et lire le journal au petit bistro comme chaque après-midi avant ce dimanche. J'aimerais avoir une amoureuse, humaine. J'aimerais pouvoir parler avec mes amis et ma petite sœur qui doit s'ennuyer énormément de moi. J'aimerais embrasser la joue froide de ma mère et offrir un clin d'œil à mon père comme chaque matin de semaine. Revenir, vers cinq heures, chez moi pour m'étendre sur le divan. Entendre la grande voix de ma bien-aimée mère qui me crie « Louis! Tes devoirs! » même si je suis âgé de dix-sept ans. Supplier ma petite sœur, Tris, de me laisser tranquille dans ma pauvre petite chambre. Laisser traîner mes vêtements sur ma commode au lieu de les ranger à l'intérieur de celle-ci. J'aimerais pouvoir me regarder dans le miroir et voir un Louis, jeune, insouciant, qui a d'innombrables peurs mais qui vit sa vie jour le jour. Mais le blanc prend possession de moi. J'ai vécu ange et je ne pourrai plus jamais vivre humain. C'est comme être entre deux mondes. Comme sur ce brancard dans cette ambulance illusionnée. Le vrai monde, le monde surnaturel et celui entre les deux. Ange déchu que je suis, plus jamais je ne serai humain. Plus jamais je ne pourrai regarder mes parents comme tout les autres matins, de manière normale. Je ne pourrai plus me mettre en maillot de bain, a peur d'exposer ma peau déchirée. Je ne pourrai plus me baigner avec Tris pendant les jours chauds d'été. Et si Élisabeth ne me laisse pas tranquille? Si elle reste dans mes pensées pour toujours? Si Alice revient?

J'avais déjà lu quelque part que les anges déchus peuvent devenir agressifs. Mais je ne sais pas du tout comment calmer cette agressivité. Et si je me fâche contre ma petite sœur? Si je détruis tout sur mon passage? Si Alice ou Élisabeth communique avec moi et qu'elles me provoquent? Comment vais-je faire pour me calmer? Je ne sais rien, je suis faible, inexpérimenté.

J'avais étendu mes bras, cherchant une issue. Je ne voyais absolument rien, mais j'avais de l'espoir. Je n'étais pas un lâche. Mais mes mains ne touchaient rien. Elles volaient dans le vide, dans le néant. J'avais délicatement fermer les paupières, espérant les ouvrir dans un autre monde, mais rien n'avais fonctionné.

Perdre espoir. C'est ce que ce monde attendait de moi? Et si je lâchais prise? Si je vidais mon crâne de toutes ces pensées, de tout ses "si". Si je me laissais abattre par le néant? Qu'est-ce qui pourrait m'arriver de pire? Mourir? Je m'en fiche, parce que, à mes yeux, je suis déjà condamné de mort.

J'avais laissé mes muscles s'endormir. Je ne pensais plus à rien. Je laissais le neutre entrer dans mes veines. Je sentais mon corps disparaître. J'avais voulu ouvrir les yeux mais je m'étais dis « Non, Louis, tu vas tout gâché. » alors je m'étais abstenu. Une douleur étrangement réconfortante vibrait dans tout mes muscles. Je pouvais sentir le sang stopper toute circulation. Mais bizarrement mon cœur s'était mis à battre rapidement, plus vite qu'il n'y est permis. Je ne comprenais pas mais j'aimais mieux laisser les questions de côté pour le moment.

Quand j'avais ouvert mes paupières, je voyais un brancard métallique. Il était gris et une dame était à genoux, les yeux fixés sur celui-ci. Le reste était complètement blanc. Les murs, le sol. Je m'étais approché pour mieux voir. La femme était habiller d'une grande robe rose et de petites ballerines. Elle devait avoir trente ans, maximum. Elle avait de court cheveux noir, coupés aux épaules. Je pouvais aussi voir un petit tatouage, un anneau et une petit phrase qui disait « C'est l'amour qui nous unit qui formera cet anneau de mariage. » Le brancard entreposait un jeune garçon. Je m'étais mis face à la dame, dans la même position qu'elle. Je connaissais cette femme. Elle avait de jolis petits yeux noisettes et un long nez, lui aussi, faisait son charme. Les larmes dévalaient ses joues mais elle ne levait pas le regard vers moi, comme si j'étais invisible. J'entendais le bruit des alarmes ambulanciers. J'entendais la pluie tomber brusquement sur le sol. J'avais regarder sur le brancard et je connaissais ce garçon également. Il avait de court cheveux bruns et des joggings gris. Il n'avait pas de haut et il était couché sur le ventre. Son dos était éventré, comme le mien. Je l'avais retourné et, ce garçon, c'était moi.

J'avais crié, même hurlé. J'étais maintenant dans une grande salle noir. Les murs et le sol. Il n'y avait absolument rien. En tout cas, je n'y voyais que du noir.

(Âme sensible, s'abstenir. Ce bout m'a un peu écoeurée quand je l'aie écris.)

J'entendais un petit craquement, chaque fois que je déposais un pied devant l'autre. Je grinçais des dents tellement ce son me dégoutait. Je m'étais accroupis pour mettre ma main sur le sol. C'était incroyable, le sentiment de touché était revenu et ça me soulageait légèrement. Mais ce que j'avais toucher, ce n'était pas dur. C'était mou, liquide. Il y avait des piquants et quelques choses bougeaient. Un coup de nausée m'avait pris. Lorsque j'avais retiré la paume de ma main, un truc s'était accroché à mon index. Cette chose était vivante, j'avais supposé que c'était un insecte. J'avais commencé à entendre des petits bruits, ceux-ci provenaient d'un peu partout dans cette pièce qui me paraissait immense. Un liquide chaud dévalait de sous mon nez. Cette petite bête marchait le long de mon bras et je restais figé. Elle était monter jusqu'à mon cou et j'avais commencer a crier. Je me sentais si peureux, mais être pris dans ce noir, sans savoir ce qui se passe réellement, c'était indescriptible. La peur prenait le dessus et j'en étais conscient.

Je m'étouffais. L'insecte entrais dans ma narine gauche. Je ne pouvais plus respirer. Ma bouche était grande ouverte et du liquide chaud dégoulinait de celle-ci. Lorsque la bête était complètement entrée en moi, j'avais pris une grande bouffée d'air. Je pouvais la sentir dans mon estomac. Elle se promenait et me chatouillait de douleur. J'avais reculé pour écraser pleins d'entre elle.

Une source de lumière inconnu éclairait maintenant la pièce. J'hurlais. Les murs étaient recouverts par des centaines et des centaines de papillons noirs. Du sang de la même couleur dégoulinait sur mon visage et sur mon haut. J'avais posé mon regard sur mes pieds. Des papillons, il n'y avait que des papillons.

J'hurlais si bruyamment. Les petites bêtes s'étaient toutes envolées ensemble. Elle se jetaient sur moi. J'hurlais sans m'arrêter. Je cachais mon visage avec mes bras mais les insectes réussissaient à atteindre mon visage. J'étais maintenant à genoux, tête levée vers le haut et bras de chaque cotés de mon corps. Les papillons entraient dans ma bouche et parcourraient tout organes de mon corps.

J'avais crié une dernière fois. Mais cette fois, de douleur. De grandes ailes plumeuses noirâtres encombraient mon dos. Les bêtes avaient toutes disparues et je me retrouvais dans une petite salle emplie de miroirs aux rebords dorés. J'étais accroupis, mains sur le sol et tête levée vers mon reflet, tel un animal. D'immenses ailes noires remplaçaient les adorables ailes blanches que j'avais eu.

Je ne savais pas qui j'étais. Mais je savais que j'étais une toute autre personne. Je savais que, maintenant, je ne devrais plus jamais approcher Tris. Que les baisés sur les joues de ma tendre mère et les clignements d'œil pour mon père n'existerait plus jamais. Ce qui me faisait le plus mal, c'était que j'avais toujours cru que les anges étaient gentils. Que leur monde était magnifique et brillant. Je n'avais jamais pensé aux papillons noirs et aux ailes que je portais. Je n'avais jamais imaginé cette situation. Alors, je croyais aux anges.

Je m'étais mis debout et battait des ailes pour m'habituer à une si grande charge. Elle était pointues aux bouts et ressemblais drôlement à celles des aigles, mais en plus démoniaques.

Je m'étais approché pour mieux voir mon visage, mes yeux m'avaient fait reculer de surprise. L'espace coloré était devenu noir.

Il m'avait fallut du temps pour remarquer ma nudité. J'avais ouvert grand les yeux, j'avais tout de suite pensé qu'il fallait me trouver des vêtements. Mais ça n'avait pas été nécessaire puisque à l'instant où cette idée avait entrée dans mes pensées, des joggings noirs et un haut au manches-courtes de la même couleur m'habillaient. J'avais souris.

En plissant les yeux, mon cœur c'était mis à battre un peu plus vite qu'à mon arrivé. Je serrais les dents. Une explosion de colère m'envahissait. J'avais frappé de toute mes forces un des miroirs, celui-ci c'était cassé en mille morceaux. Le poing, toujours sur le mur, j'avais levé le regard vers un bout de miroir encore stable.

« Qu'est-ce qui m'arrive? » avais-je chuchoté.

Je commençais a frapper et a frapper sur tout les murs de cette pièce. J'hurlais et je me sentais si puissant. Je ne me contrôlais pas. Je m'étais écroulé à genoux à nouveau. J'avais cessé toutes actions. J'avais chuchoté un « Merci. », pour une raison qui m'était inconnue.

Je suis incontrôlable.

Fin du tome 1.

Incontrôlable 1 | l.tOù les histoires vivent. Découvrez maintenant