𝐈

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Lorsque le mon réveil commence son tintement agaçant qui semble interminable, je déguste les couleurs pastels du soleil avec gourmandise. Dans un état second, je laisse ma couverture en coton caresser ma nuque, tandis que mes paupières tentent difficilement d'admirer ce spectacle. Lorsque le Soleil rayonne, je m'incline face à lui et le félicite de cette représentation. Enfin, je rabats mes volets pour plonger mon cocon dans l'obscurité diurne. Lorsque les volets sont clos, mes yeux font de même, laissant les rayons du Soleil pénétrer mes rêves les plus doux. Cela ne dure malheureusement pas si longtemps puis j'abandonne mon lit en titubant.

 La simple ruelle dans laquelle je rôdait était si vide pendant ce matin pluvieux. Seuls le pépiement lointain des hirondelles se faisait entendre pendant mon parcours vers l'établissement. Sac sur l'épaule, bottines s'aspergeant dans les flaques, casquette enfoncée sur la tête, mon esprit erre parmi les nuages, aussi sombre que ces derniers. Mes écouteurs dans les oreilles, je franchis enfin le portail vitré accompagné cette fois-ci d'environ une dizaine d'étudiants dispersés ça et là dans le hall. Les visages des autres sont flous, leur voix muettes.

Je ne perdis pas mon temps et me dirigeai vers ma salle comme à mon habitude en titubant. Sans même y prêter attention, je pouvais ressentir les regards de mes semblables sur moi.Sans même me retourner vers leurs sources, je pouvais les répartir en deux catégories : jalousie et admiration. Tout le monde me connaissait ici, du plus jeune débutant au plus expert. Je me différenciais des autres étudiants grâce à mon ambition, ma grande volonté et mon niveau. Tout le monde connaissait Park Jimin, cet élève petit de taille mais classé parmi les meilleurs.  

À présent les quelques heures qui me paraissait si fugaces touchèrent à leur fin. J'ai déjà été témoins d'une multitude de plaintes et de revendications à propos de l'entraînement "dur" auquel nous sommes confrontés chaque jour. Je ne pense pas comme eux, enfin je ne pense plus comme eux. Car moi, quand la nuit engloutit le monde, je laisse les étoiles raviver mon âme, je regarde la lune et libère mon corps. Ce n'est que quand les autres dorment sur leur deux oreilles que je rates le train du sommeil pour déployer mes ailes et m'entraîner jusqu'à épuisement total.

Il ne me fallut que si peu de temps pour quitter les lieux, et ce dans la plus impassible des expressions. Un étranger pourrait me qualifier de froid, ou encore d'une sorte de machine. Mais en réalité j'étais quelqu'un de passionné. La dance avait le don d'égayer mon âme toute entière. Une sorte de gymnastique mais aussi un art. En dansant je suis maître de mes mouvements, maître du rythme.

Je pourrais plaindre l'état de quelqu'un comme moi, chaque jour confronté au jugement, son corps et ses capacités gymnastique étant les seuls caractéristiques qui pourraient préciser son classement. Moi aussi j'ai subit tout cela et bien plus encore. Nombreuses sont les fois où on m'a reproché d'avoir un visage rond, ou encore de ne pas être à la hauteur.

Ce corps là je l'ai forgé moi-même, ce que je suis maintenant est dû à mon entraînement dur et secret. Ce physique traité comme parfait m'a nécessité des semaines de régime excessif et dangereux.

Une sonnerie chassa mes pensées soudainement, je ne tardai pas à répondre.


― Oui allô ?

― Jiminie ! Te voilà enfin pourquoi tu ne répondais pas hier soir ? Je pouvais discerner la voix grave de mon ami à travers mon appareil, son appel ne fut pas étonnant puisque je m'y attendais de sa part.

― Désolé mon téléphone s'est éteint. Je marquai une petite pause pour bien positionner mon sac sur mon épaule droite. Que désires-tu Tae ?

 On pourrait manger ensemble ce midi ? Ça fait longtemps.

 Tae, désolée tu sais très bien que je ne peux pas je-

 Comme toujours ?

 Désolée je n'ai pas le choix.

 Bien, finalement je mangerais avec quelqu'un d'autre. Mon meilleur ami soupira avant de continuer d'un ton désespéré. Bon alors pour une prochaine fois, bonne chance. Sans attendre une quelconque réponse de ma part, le brun raccrocha.







Le Soleil prépare sa fuite et la fraîcheur de l'obscurité commence à se faire ressentir, la Lune commence à danser dans le ciel rose tandis que la Nuit tombe doucement. Je fantasme face aux couleurs chaudes du crépuscule. J'ai toujours été fascinée par la nuit. Je me suis toujours demandée pourquoi il y fait si sombre, pourquoi les gens en ont si peur ? Pourquoi elle est remplie d'étoiles et de galaxies ? J'ai appris qu'elle permettait d'obtenir certaines opportunités. Mais pourtant, certaines personnes vivent la nuit. Elle est remplie de rêves mais aussi d'insomnies, remplie d'amour mais aussi de solitude. Elle peut provoquer milles émotions dans les âmes, mais elle y laissera toujours des étoiles.

Encore une fois Je me suis perdu dans mes pensées aussi sombre que la nuit. La lune m'éclaire et je n'arrive plus à dormir.  

Alors que la lune s'offre en spectacle
Vêtue d'un drap de soie
Avec son sourire narquois
Elle m'accueille à bras ouverts
Dans son bain de lumière 

Les étoiles et la lumière pour me tenir compagnie jusqu'à l'aube d'un jour nouveau. Je peins la solitude et l'oubli avec mes larmes et ma sueur. Les battements de mon cœur s'estompent petit à petit comme mes souvenirs. Et le froid de la nuit glace mon esprit encore rempli de pensées. Et chaque soir j'essaye de me convaincre d'arrêter, à chaque fois je me dis que cette nuit est la dernière, mais rien n'y fait. En plus simple, j'ai plongé en pensant que cette fois c'est la bonne, mais c'est juste la bonne pour plonger encore plus profond, le cœur en premier.




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⏰ Dernière mise à jour : Jun 19, 2020 ⏰

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𝐋𝐮𝐦𝐢𝐞̀𝐫𝐞 𝐠𝐫𝐢𝐬𝐚̂𝐭𝐫𝐞 | ₚ.ⱼₘOù les histoires vivent. Découvrez maintenant