Le jour se levait, Œil de Saphir, elle, dormait profondément. Elle se trouvait dans un nid de bipèdes et somnolait dans une petite cage, lovée dans un carré moelleux. Soudain, un bruit la réveilla. La femelle cligna des yeux pour s'habituer à la lumière puis, observa les alentours. L'espace était plutôt étroit, une odeur nauséabonde envahissait la pièce, ce qui la rendait encore plus petite. Le pire dans tout ça, c'était la cage, la petite cage remplie de toiles d'araignées extrêmement solides où elle avait dormit. Celle-ci ne pouvait s'asseoir sinon, elle se cognerait la tête contre les bâtons argentés.
Quel horreur ! Songea-t-elle en battant des cils. Un miaulement la fit frissonner.
« Quel dommage d'être enfermée... Mais, pour un petit être comme toi, ce n'est rien. »
« Q-Qui êtes-vous ? » Demanda Œil de Saphir, méfiante.
« Moi ? Tu crois que je vais te le dire ? Ce que tu es idiote ! » Pouffa le félidé.
« Je ne suis pas idiote ! » S'écria la féline sauvage. Un silence s'installa, un silence pesant.
Pendant quelques instants, la femelle pensait qu'elle était seule et que les paroles qu'elle avait entendu n'était qu'une hallucination. Mais, elle comprit que tout cela était bien réel en voyant, à quelques longueurs de queues d'elle, un bipède et une chatte noire au col blanc. La guerrière blonde attendit, couchée sur le carré confortable. Quelques instants plus tard, la chatte noire au pelage luisant s'avança vers elle et lui annonça :
« Mes maîtres vont te donner à manger.
– À manger ? Pardon ? Des croquettes pourries ? C'est ça à manger ?
– C'est mieux que rien. » Soupira la féline, ses yeux verts fermés, la tête levée vers le plafond. Œil de Saphir la fixa longuement.
« Luna... Ce nom vous va bien, pour une domestiquée... Vous étiez sauvage avant ? » Interrogea la quadrupède dorée.
« Eh ! Qu'est-ce qu'il te prend ? Ce ne sont pas tes affaires ! » Feula la fauve au col craie, ce qui fit sauter la prisonnière qui se heurta contre les toiles de la cage.
« Aïe ! » Gémit-elle en se frottant la tête du bout de la patte. Un bipède arriva et, de ses longues pattes, il ouvrit la cage et mit un objet collant sur la plaie de la chasseuse or. Puis il s'en alla comme si il ne s'était rien passé.
« Ça va ? S'enquit Luna en se redressant.
– Oui, ça va. J'ai une question...
– Vas-y.
– Qu'est-ce que ce deux pattes m'a mis ?
– Sur ta plaie ?
– Oui.
– C'est un pansement, ne t'inquiète pas, ce n'est rien. » La domestique eut un petit ronronnement amusé.
« Si, c'est un truc de bipède... » Marmonna la prisonnière avec dégoût.
Quelques instants plus tard, le même deux-pattes qu'auparavant posa deux gamelles, l'une remplie d'eau, l'autre de croquettes, devant les deux minettes avant de repartir en grandes enjambées.
« Je suis censée manger ça ? » Renifla Œil de Saphir, écœurée.
« Si tu ne veux pas mourir de faim, oui. »
***
La nuit tombait, teintant le ciel indigo d'une couleur plus sombre encore, les nuages recouvrant le clair lune. À la fenêtre d'un nid de bipède était assise Œil de Saphir qui observait tristement l'extérieur.
Oh, si seulement tu étais avec moi, Pelage de Rubis ! J'espère que tu m'attends, comme ça nous pourrons nous retrouver et reprendre la route... Oh ! Si seulement... Songea-t-elle avant de s'allonger sur le rebord de la fenêtre, verser quelques larmes argentées puis, gagner le sommeil...
Le réveil fût douloureux, les poils de l'endormie aux couleurs du soleil étaient ébouriffés, signe que sa nuit avait été agitée.
Elle rêvait, ou plutôt cauchemardait, qu'elle se trouvait dans la forêt et, d'un coup, des grillages en fer apparaissaient de chacun de ses côtés et se rapprochaient dangereusement, jusqu'au point où elle se faisait écraser, et fermait les yeux.
Lorsqu'elle les rouvrait, elle baignait dans une mare de sang, voyant tout les membres de son clan faibles ou décédés. Ses cris de peines et de fureur mourraient dans sa gorge et ne dépassaient jamais le seuil de ses lèvres. La chasseuse couleur or ne pouvait bouger et restait là paralysée, ses yeux embués par le chagrin, qu'elle chassa d'un clignement des yeux empli de rage. Un seul chat était assis là, l'auteur de tout ces crimes, son pelage flamboyant maculé de sang. Les faibles rayures qui ornait son dos étaient recouvertes de griffures et de plaies superficielles. Le félin roux se léchait une patte, contemplant ce massacre avec dédain, avant de se tourner vers Œil de Saphir, qui, reconnaissant les yeux azurs de la bête se mit à cracher du sang, beaucoup de sang, et sentit ses dernières forces la quitter, avant de se réveiller, la respiration haletante. Avec une peur nouvelle dévorant ses entrailles.
À quelques longueurs de queues de renard d'elle, se trouvait Luna qui était à présent sa camarade. En voyant son pelage crème emmêlé, la guerrière décida d'y remettre un peu d'ordre.
Après de nombreux coups de langue râpeuse, elle avait maintenant un beau manteau luisant au soleil. La femelle regarda le paysage à l'extérieur : il n'y avait que des nids de bipèdes, à perte de vue. Rien ici n'attirait de bonnes choses. Œil de Saphir sauta du rebord de la fenêtre et marcha vers son amie qui dormait profondément.
« Luna ? » En guise de réponse, l'endormie poussa un long soupir, puis un grognement. Elle s'assit lentement et se lécha brièvement les pattes avant d'enfin adresser la parole à sa colocatrice.
« Bonjour. Un souci, Œil de Saphir ?
– Moi ? Non, non ! Pas spécialement...
– Bien, dans ce cas... La féline domestique chercha une idée d'occupation. On pourrait jouer avec de la pelote de laine ? »
« De la... Quoi ?
– De la pelote de laine ! Attends, tu ne sais pas ce que c'est ?
– Pas la moindre idée.
– Quoi ?!
– En même temps, les objets pelote-je-ne-sais-pas-quoi qui proviennent des bipèdes ne m'intéressent pas ! Et, ajouta la chatte sauvage, ça ne fait que polluer notre Univers ! »
Luna poussa un soupir d'exaspération avant de s'en aller dans un couloir profond et de lancer :
« Tu verras, ça entraîne à la chasse ! Et puis c'est très doux... »
Ça entraîne à la chasse, mais bien sûr ! Pensa la blonde en arquant les sourcils, guère convaincue.
Alors que la féline à la robe noire revenait, un objet dans la gueule, Œil de Saphir contemplait ses griffes, songeant à ses belles parties de chasse qu'elle faisait naguère.
« Voilà ! Lâcha la minette en déposant la pelote de laine, ce qui fit sortir la chasseuse de ses pensées. Tu peux essayer, si tu veux. C'est très satisfaisant ! » Pour tenter d'amadouer Œil de Saphir, Luna s'amusa à faire bouger l'attraction mais, toujours rien. Alors, à contrecœur, elle décida de jouer seule. La guerrière dorée, elle, se rassit sur le rebord de la vitre, la queue enroulée autour de ses pattes, son regard désespéré se baladait sur les toits, puis dériva à l'horizon.
Pelage de Rubis, tu me manques...
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Nouvelle Terre [TOME 1]
FanfictionUn monde, deux Clans, deux ennemies. Assez différentes, mais prêtes à tout pour aider le plus loyalement leur Clan...