↬ deux.

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« Tout va bien chez toi ? »

Kokichi Ôma n'était ni un menteur, ni un honnête garçon.

Il savait parfaitement jongler entre la vérité et le mensonge, pour s'adapter à chaque cas particulier à la perfection. Il se tirait des situations les plus compliquées avec un petit mensonge malicieux, et gagnait la confiance des autres avec une pure vérité. Il savait toujours quoi dire, quels mots susurrer sur quel ton. Il privilégiait toujours la vérité malgré tout, quand bien même cette vérité ne lui avait pas apporté que du bonheur.

C'était un collégien de treize ans désormais, et il n'avait pas beaucoup changé depuis toutes ces années, en apparence en tout cas. Ses cheveux violets rebiquaient toujours autant, et ses yeux mauves brillaient de malice en permanence – ou presque. Ils s'obscurcissaient peut-être un peu lorsque personne ne les regardait réellement, mais c'était si léger, si subtil, si caché, que personne ne pouvait le savoir.

La question lui avait été posée par sa professeur principale, alors qu'il discutait tranquillement avec ses amis et camarades. Elle l'avait pris à part, et lui avait murmuré cette question à voix basse pour que les autres ne puissent entendre ce qu'elle avait à lui dire.

Il l'avait regardée, cette jeune femme fraîchement diplômée que tout le monde appréciait dans sa classe et qui faisait tout pour les aider, et que lui-même aimait bien. Elle avait le regard clair de ceux qui ne mentent jamais, et il sentait qu'il pouvait lui faire confiance.

Il avait repensé à cette fois où il avait répondu honnêtement à la question de sa mère, et que la vérité avait tout détruit sur son passage. Après cela, sa mère était partie. Sans dire où elle allait, sans leur dire au revoir, sans jamais redonner signe de vie, comme s'ils n'étaient qu'une page de sa vie qu'elle avait tournée.

Son père ne lui adressait quasiment plus la parole, trop occupé à fréquenter cette fameuse femme blonde qui semblait l'intéresser bien plus que la femme qu'il avait épousée autrefois, et qu'il avait juré d'aimer jusqu'à la fin de ses jours. Une promesse en l'air, sans le moindre doute. Il ne prononçait même plus son nom.

Kokichi n'était plus un enfant idiot et innocent. Il savait très bien que son père avait trompé sa mère, et qu'elle était partie pour cela. Il savait très bien que son père se fichait bien d'avoir un fils dont il devait s'occuper, trop occupé à fréquenter une jeune femme bien plus belle et intéressante. Et il prétendait ne pas voir.

Devait-il être honnête avec la jeune femme face à lui ? Devait-il lui confier toute la vérité ? Il hésita, se demandant si la pure vérité n'allait pas une nouvelle fois le détruire.

Il avait refait l'expérience, toutes les vérités n'étaient pas mauvaises. Alors il répondit honnêtement que non, mon pèrene s'occupe plus de moi et ma mèreest partie.

C'était une vérité. Une vérité destinée à l'aider.

Une vérité qui ne fit qu'aggraver la situation, qui fit plus de dégâts qu'un mensonge. 

LES MENSONGES SONT D'OR - 𝗼𝘂𝗺𝗮𝘀𝗮𝗶Où les histoires vivent. Découvrez maintenant