« Tu aimes Saihara nan ? »
Kokichi Ôma était une nouvelle personne.
Ou, plus exactement, il était de nouveau celui qu'il était avant. Envolées, les insécurités et les craintes, envolés, les tremblements et les mots marmonnés. Il clamait haut et fort ce qu'il pensait – ou non, car il était aussi un menteur invétéré, capable des pires mensonges comme des meilleurs.
Il était Kokichi Ôma, Ultime Despote. Il était celui qui parlait toujours sur un ton léger, qu'il troquait parfois pour un ton plus sérieux, pour au final faire passer cela pour un mensonge. Il se vantait d'être capable de tromper tout le monde, même les plus aguerris, avec ses jolis mensonges.
Mais quelque part au fond de lui, il se raccrochait à la vérité.
Kokichi n'avait que des souvenirs flous de sa vie d'avant, comme tous ses camarades. Il savait qu'il était à la tête d'une organisation « illégale », que personne ne l'attendait réellement dehors et qu'il chérissait les mensonges car ils valaient mieux que la vérité. Ça, il s'en souvenait car cette idée était gravée dans son cœur, même s'il avait oublié pourquoi il pensait ainsi.
La Tuerie l'amusait au plus haut point. Voir les autres se raccrocher aux belles valeurs pour au final se laisser duper par des masques amicaux, qui cachaient des idées bien sournoises et des secrets dangereux était une source de divertissement incroyable.
Akamatsu, Tôjô, Shinguji. Ils semblaient si bons et si fiables.
Et ils n'étaient que des meurtriers.
Kokichi aimait jouer avec leurs nerfs et s'amuser de leur détresse et de leur frustration. C'était un jeu pervers, mais il avait toujours été comme ça non ? Même sans ses souvenirs, il ne devait pas être devenu une personne radicalement différente.
La question d'Iruma, posée alors qu'ils se trouvaient tous les deux au réfectoire, l'avait dans un premier temps grandement amusé. Il l'avait trouvée si insolite, et si drôle de la part d'une fille aussi grossière et ridicule qu'il avait d'abord ricané sans rien dire. Puis, il avait compris qu'elle était sérieuse et avait commencé à réfléchir. Était-il amoureux de Saihara ?
Il aimait l'embêter, juste pour voir son visage confus et rougissant quand il le taquinait. Il aimait l'observer pendant qu'il s'adonnait à des activités simples, juste parce que Saihara faisait tout avec simplicité, et qu'il était curieux de savoir ce que pensait cet Ultime Détective qui l'était apparemment devenu sur un coup du hasard.
Il l'avait observé résoudre tous les meurtres en laissant de côté ses propres émotions pour se concentrer sur l'essentiel. Tout le monde n'aurait sans doute pas été capable de condamner la seule personne qui comptait vraiment pour eux au début de la Tuerie. Il aurait pu se taire et laisser Akamatsu s'en sortir. Mais il avait fait surgir la vérité au détriment de ses sentiments. C'était quelque chose que n'importe qui admirerait non ?
Il resta silencieux si longtemps qu'Iruma finit par laisser échapper un éclat de rire méprisant avant de l'observer longuement et de marmonner un Apparemment, oui. Kokichi ne savait pas trop quoi lui répondre, réalisa-t-il ensuite. Aimait-il Saihara ? Non, cela lui semblait peu probable. Il était l'Ultime Despote, et Saihara était juste quelqu'un qui l'amusait. N'est-ce pas ?
Il finit par prendre une grande inspiration et répondre la vérité – tout en prenant soin de la rendre difficile à comprendre sous une large couche de sourire pour que personne ne soit sûr de la véracité ou non de sa réponse :
Peut-être bien !
C'était une vérité, mais qui ne blesserait personne ; puisque personne ne saurait jamais que c'en était une.
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LES MENSONGES SONT D'OR - 𝗼𝘂𝗺𝗮𝘀𝗮𝗶
Hayran Kurgu─ (🎏) ❝ CERTAINES VÉRITÉS BLESSENT BIEN PLUS QU'UN MENSONGE, ET CELA, KOKICHI L'AVAIT BIEN COMPRIS. ❞ C'était un paradoxe des plus absurdes : la vérité créait les menteurs, car elle n'était jamais à la hauteur. On avait beau dire qu'une vérité doul...