« Tu ne le regretteras pas ? »
Kokichi Ôma était une victime de la Tuerie.
Pas encore totalement pour être exact, mais il savait qu'il appartiendrait bientôt aux défunts. Le poison dans ses veines se répandait doucement, et le froid de la presse sur laquelle il était allongé lui rappelait sans cesse que la mort lui ouvrait grand les bras.
Il ne savait même pas exactement dire comment ils en étaient arrivés là. Il savait juste que tout avait été vite. Le carreau avait été tiré, le poison avait commencé à circuler, et les engrenages de son plan avaient commencé à tourner.
Un meurtre parfait, tel était ce qu'on leur demandait de faire pour sortir. Et Monokuma allait l'avoir, son meurtre impossible à résoudre. Un cadavre impossible à identifier et un tueur caché dans un Exisal qui ne sortirait à la fin. Monokuma n'en saurait pas plus que les autres grâce aux caméras hors service, et Kokichi regrettait presque de ne pas pouvoir savourer son expression paniquée.
Il n'était pas peu fier de ce plan. Mais réussirait-il ? Pourrait-il duper tout le monde et ainsi les faire sortir ? Il l'ignorait, et ne le saurait jamais. Sa vie allait prendre fin sous cette presse hydraulique, et dire qu'il s'en fichait aurait été un immense mensonge – digne de lui. Une part de lui était terrifiée. L'autre voulait que tout s'arrête.
Momota était penché sur lui, avec un visage soucieux. Il ne l'avait jamais aimé, mais il était désormais sur le point de le tuer, alors il ne pouvait pas rester indifférent, hein ? Kokichi ne voulait pas de sa compassion, mais sans doute était-ce mieux que de mourir dans l'indifférence totale. Il serait une victime de la Tuerie, mais il avait au moins choisi sa façon de partir et son tueur.
Quant à cette dernière question... Au fond de lui, il savait qu'il portait en lui quelques regrets. Mais il ne laisserait pas ces sentiments stupides le détourner de sa tâche. Il avait formulé la promesse puérile et idiote de faire quelque chose pour permettre à tous les survivants de s'en sortir. Même si cela n'avait été que des mots soufflés dans une chambre vide, sans personne pour l'entendre, il savait que c'était la chose la plus sincère qu'il ait jamais dite depuis que la Tuerie avait commencée.
Kokichi avait toujours eu un rapport étrange avec la vérité.
Quand il était petit, il lui faisait confiance pour être toujours efficace. Puis cette confiance avait commencé à s'étioler lorsqu'il avait compris que parfois, même la pure vérité ne peut être plus efficace que le mensonge. On dit souvent qu'il vaut mieux prononcer des vérités blessantes que des mensonges réconfortants, mais Kokichi n'en était pas sûr.
S'il n'avait pas dit la vérité à sa mère, il l'aurait peut-être plus connue. S'il n'avait pas dit la vérité à sa maîtresse, il aurait peut-être encore eu une famille. S'il avait privilégié le mensonge à cette vérité suave et trompeuse, il n'aurait peut-être jamais été dans cette situation.
Toutes ces pensées, ils les avaient oubliées évidemment, en même temps que ses souvenirs. Mais elles avaient toujours été bien présentes en lui, même une fois qu'il était devenu l'Ultime Despote et qu'il s'était prouvé digne d'être l'Ultime Menteur. Peut-être était-ce le souvenir lointain de ces vérités qui n'avaient apporté que du malheur qui l'avait poussé à mentir autant.
Il pouvait compter sur les doigts d'une main amputée le nombre de fois où il avait été honnête depuis qu'il s'était réveillé dans cette Académie des Prodiges Condamnés. Une fois, avec Iruma, sans qu'elle ne le sache. Une fois, avec lui-même, sans que personne ne l'entende.
Et sans doute quelques autres fois dont il ne voulait pas se souvenir.
Saihara avait une fâcheuse tendance à le pousser à l'honnêteté sans même s'en rendre compte.
La situation actuelle lui paraissait être un bon moment pour se laisser aller une nouvelle fois à la vérité. Mais une part de lui le retenait de le faire. De toute manière, il doutait que Momota le croie. Il était un menteur. Tout ce qui sortait de sa bouche, ce n'était pour lui que des mensonges entrecoupés de vérité, qu'on ne pouvait distinguer l'un de l'autre.
Alors il renonça à prononcer le Si, je vais regretter qui lui brûlait les lèvres pour laisser échapper une petite phrase moqueuse.
Personne ne le regretterait lui. Alors, quelle importance s'il regrettait certaines choses ?
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LES MENSONGES SONT D'OR - 𝗼𝘂𝗺𝗮𝘀𝗮𝗶
Fanfic─ (🎏) ❝ CERTAINES VÉRITÉS BLESSENT BIEN PLUS QU'UN MENSONGE, ET CELA, KOKICHI L'AVAIT BIEN COMPRIS. ❞ C'était un paradoxe des plus absurdes : la vérité créait les menteurs, car elle n'était jamais à la hauteur. On avait beau dire qu'une vérité doul...