Himiko jeta d'ailleurs un œil au sol et grimaça. Ses pieds étaient ensevelis sous un sable sale et plusieurs étiquettes de produits indéterminés traînaient ici et là. Elle pensa que l'acheminement de ce sable a sans doute été artificiel, même avec la présence de la rivière juste à côté.
Lorsque l'on pense à rivière, on imagine un endroit naturel, avec un soleil qui brille, l'eau qui scintille et l'absence de bâtiments autour. Cette vision était totalement erronée : la rivière avait plus l'air d'un triste écoulement d'eau boueuse qu'autre chose.
Il y avait un tout petit panneau solaire accroché à un poteau de l'autre côté du petit fleuve. Juste à droite, on pouvait voir un arbre sans fruits. C'était le seul arbre aux alentours, et il était assez grand. En l'observant, Himiko leva les yeux, de plus en plus haut.
Et elle vit le Taj Mahal en ruines.
Et il semblait bien qu'elle ne fut pas la seule. Une aura noire la fit frissonner, elle faillit proférer une malédiction au monde entier, mais se retint. Ses malédictions étaient imprévisibles.
Korekiyo fulminait derrière elle. La rage, la colère, la fureur se déchaînaient à l'intérieur de lui, comme des barrages qui se brisaient sous la vue de ce paysage désastreux. Des travaux ancestraux, des efforts surhumains et un génie de l'esthétique : Le Taj Mahal était à présent réduit à néant. Tout avait été gâché, plus rien ne subsistait. Si son emportement n'avait pas été si brutal, il aurait fondu en larmes. Le Taj Mahal n'existait plus, des ruines restaient, honorant la collision des météorites avec la Terre.
La rivière n'était plus là non plus à ses yeux. Encore heureux qu'elle ne fut pas profonde, car Shinguji n'hésita pas à la traverser à pied, irrité et agacé comme il ne l'avait jamais été. Ces météorites avaient détruit un travail de plusieurs années. Elles avaient arraché un patrimoine historique hors-du-commun. Il serra les lèvres et continua de longer la rivière hautement polluée.
Et ne se rendit pas compte de son pouvoir qui échappait à son contrôle.
Des poissons visiblement morts et entraînés par le courant se réveillèrent. Un peu désorientés, ils se laissèrent aller jusqu'à ce que leur conscience illumine leurs yeux d'une lueur blanchâtre. Revigorés après la mort, dans une eau polluée comme jamais, ils sautèrent hors de l'eau, replongèrent, filèrent à travers les courants, comme s'ils essayaient de revivre leurs jeunesse insouciantes.
Et ce...juste avant de s'éteindre à nouveau, lorsque Korekiyo posa le pied sur la terre ferme, de l'autre côté du cours d'eau. Tous les poissons s'éteignirent aussi vite qu'ils s'étaient animés. Mais avant de retomber dans l'eau, leur corps se désintégra en fumée : tel était le prix pour être revenu à la vie. Plus besoin de sépultures.
Et personne n'eut manqué ce spectacle macabre. Yumeno resta perplexe et immobile l'espace de quelques secondes avant que Tenko ne lui empoigne la main et ne l'emmène longer la rivière à son tour. La japonaise avait les lèvres serrées. C'était à peine si elle n'avait pas réduit le poignet de la sorcière en miette en essayant de la prendre sous son aile.
Kokichi leva un sourcil mais ne commenta rien. Il suivit simplement Maki et Shuichi qui essayaient d'atteindre Korekiyo sans trop oser l'approcher non plus.
_ Tu veux que je te porte sur le dos ? demanda Kaito à l'adresse de Rantaro.
Ce dernier avait beau mimer qu'il se sentait mieux, l'astronaute américain insista pour lui prêter main forte, ce qui embarrassa le vert plus que ça ne le rassura.
De l'autre côté de la rivière, Kokichi aperçut une dizaine de tentes et de tapis installés à vingt mètres des premières ruines. Les tentes semblaient modernes et chacune était peinte d'une couleur froide, du mauve au bleu. De part et d'autre de cette file de tentes, les restes d'un ancien jardin se dressaient. Et le russe aperçut un grand homme baraqué, un arrosoir à la main et des lunettes sur le nez. Avant de remarquer le groupe d'élus, il arrosait des fleurs de Lys qui avaient résisté à la collision des météorites.
Korekiyo jeta un regard méprisant aux alentours. Tout était réduit à néant. Tout. Mais lorsqu'il aperçut l'homme baraqué faisant de son mieux pour rendre hommage aux ruines d'un travail ancestral, il s'immobilisa, le fixa longuement à son insu puis se calma. Son regard s'adoucit et d'une marche plus paisible, il se dirigea vers ce qui avait été l'entrée principale du Taj Mahal, aussi soucieux et inquiet que si le monument avait été son fils malade.
Finalement, l'homme de grande allure entrevit les nouveaux arrivants. D'abord étonné, il se précipita néanmoins vers eux et ne put s'empêcher de s'égosiller dans sa langue natale. Korekiyo était trop loin et ne se préoccupait nullement de ce dont il pouvait parler. Aussi, personne ne put discerner le moindre mot.
Lorsque le baraqué comprit que cela ne menait à rien, il songea un instant avant de se pointer du doigt et d'annoncer, avec un accent indien très audible :
_ Moi Gonta.
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Done for me
FanfictionIls n'ont pas éternué alors que la poussière violette leur chatouillait le nez : Ils se retrouvent tous avec des capacités extraordinaires. Mais dans un monde où le désespoir s'est éparpillé un peu partout au moment de la collision des météorites, i...