Chapter 1 : The Letter

2.4K 98 21
                                    

2040, Londres.


Quinze ans. Cela fait quinze ans que je n'avais pas écrit sur ma vie, tel que Tom l'a définit. Je ne pouvais pas, réellement, parce-que quinze ans correspond aussi au nombre d'années durant lesquels je n'ai eu aucun contact avec Tom, en dehors des regards croisés lors de cérémonies. Rien de plus. Absolument rien. Aucune parole. Aucune visite. Aucune nouvelle.

On a changés en quinze ans. Autant de temps loin de l'autre et pourtant l'impact que j'ai eu sur lui et l'impact qu'il a eu sur moi sont aujourd'hui si visible qu'il est impossible de les ignorer.

Il a suffit d'une lettre pour que nos chemins se croisent de nouveau. Une lettre, et tout à de nouveau basculé vers le chaos de notre romance in assumée et de nos passé douloureux.

Lorsque j'ai pris mon courrier de ma boîte au lettre ce matin, je n'ai pas regardé ce que j'avais reçu. J'ai posé les papiers sur un meuble et je suis retournée à mon occupation : Léonard, que j'appelle plus communément Léo. Il est le fils adoptif de Fionn et Alex et j'en suis la marraine. Léo court dans la maison, du haut de ses six ans, et passe entre mes jambes en rigolant.

-Va te cacher, je vais commencer à compter ! je lui dit.

Je l'entends rigoler de plus belle et s'éloigner en criant :

-Tu me trouveras pas ! Tu me trouveras pas !

Je regarde rapidement si Fionn et Alex, dans le jardin, ne s'ennuient pas trop et voyant qu'ils parlent à voix basse et sourient, je ne me gêne pas pour m'absenter cinq minutes et profiter de ce moment avec mon filleul. Je compte jusqu'à dix et préviens le petit Léo que je suis en pleine recherche de l'asticot qui se promène dans ma maison. Il se cache toujours au même endroit : dans mon armoire. Je fais semblant de ne pas réussir à le trouver et fais semblant de bouder quand j'entends pouffer. Instantanément, je souris et vais finalement vers mon armoire. Je l'ouvre et écarte les vêtements avant d'attraper Léo par la taille, de le mettre sur mon épaule comme un sac à patate et de partir en trottinant jusqu'au salon. Il rigole à pleins poumons et je suis essoufflée à la fin de ma course. Je le pose par terre et il s'en va dans le jardin. Alex y est seul. Je passe la tête dans la cuisine et retrouve mon meilleur ami. Je m'approche de lui, rouge à cause de l'effort et souriante. Mais mon sourire se dissipe quand je remarque le regard inquiet de Fionn. Il me fait un signe de tête vers mon courrier qui est sur la table. Inquiète aussi, je le regarde et ne trouve rien d'anormal jusqu'à tomber sur cette fameuse lettre. Je regarde le nom et l'adresse de l'expéditeur et lis à voix haute :

-Matthew Holland ?

Je lève les yeux vers Fionn.

-C'est qui Matthew Holland ?

Fionn me regarde un instant, hésitant probablement à la réponse qu'il va me donner ou redoutant l'effet que sa réponse aura sur moi. Il finit par m'avouer :

-Matthew est le fils de Tom.

Je ne savais pas qu'il avait un fils. En fait, je ne sais absolument rien de tout ce qui s'est passé dans sa vie ces quinze dernières années. Mes mains tremblent légèrement en ouvrant et tenant la lettre entre mes doigts. Je déplie le papier, peu confiante. Je me rapproche de Fionn de façon à ce qu'il puisse également lire ce que je m'apprête à lire. Je regarde mon meilleur ami et je prends sa main dans la mienne, sentant que je vais avoir besoin de m'y accrocher. Pourquoi son fils me contacte-t-il alors que l'on ne se connaît pas ? Que s'est-il passé pour que ce soit son enfant qui m'écrive plutôt que Tom ? Peut-être que ce n'est rien, mais ce n'est pas du tout l'impression qui se dégage de ce courrier. Je repose mon regard sur la lettre et commence la lecture.


Lily-Rose,

Je t'écris en dernier recours. Je crois que toi seule peut m'aider et c'est pour ça que j'ai besoin de toi. Enfin, mon père, Tom, a besoin de toi. Je sais plus de choses que tu ne voudrais ou que mon père voudrait, sur toi et sur vous deux. Je suis désolé et je suis gêné de te le demander. Je sais que vous ne vous êtes pas parler depuis très longtemps et je comprendrais que tu refuses. Je n'ai pas trouvé d'autres moyens pour te contacter et j'espère que je ne suis pas trop intrusif. Je ne sais pas si tu le sais, mais mon père vit seul. Je vit avec ma mère à Los Angeles et je peux voir mon père que quelques semaines dans l'année. Je ne demande pas ton aide par hasard, j'ai entendu mon père prononcer ton nom plusieurs fois dans son sommeil et il m'a déjà parlé de toi. Je tiens à lui, et j'aime passer du temps avec lui. Seulement, voilà, si son comportement ne s'améliore pas, je ne serais plus en mesure de le voir. Ma mère veut retourner en justice pour qu'il soit "rayé de ma vie", comme elle dit. La situation est que mon père est malade. Et je sais qu'il peut s'en sortir. Mais je crois que tu es la dernière option, la dernière solution. J'ai peut être tout faux, et ça ne m'étonnerait pas si tu ne me fais pas confiance sur toute cette histoire. J'ai 14 ans, et je ne connais pas mon père de la même manière que ma mère ou même toi. Je ne sais pas tout ce qui s'est passé avant ma naissance, mais je sais que tu étais très importante pour lui. Alors je me suis dit que c'était la chose à faire, de te contacter et de te mettre au courant. Je ne sais vraiment pas ce que je pourrais faire d'autre. Je suis limité pour aider mon père. Ça ne serait pas le cas si ma mère était du même avis que moi, mais elle n'aime pas mon père. J'étais trop petit pour me souvenir de ce qui s'est passé mais tout ce qu'elle m'a dit est que mon père lui avait fait du mal. Aucun des deux ne veut m'en dire plus. Et je ne sais même pas si tout ça est lié, entre mes parents, mon père et toi et la maladie de mon père. Mais comme je l'ai dit, je tiens à lui et j'ai l'impression d'être le seul à se soucier de lui. Si tu acceptes, rejoins moi mardi à 16H à Hyde Park, au Colicci Café près de la fontaine commémorative de la Princesse Diana. 

Matthew John Holland.


Je relève la tête et regarde Fionn, les sourcils froncés. Il à l'air tout aussi déconcerté que moi.

-Tu es au courant de quoi que ce soit par rapport à ça ? je lui demande.

-Non, je ne sais pas du tout de quoi il parle.

-Mais tu savais déjà qu'il avait un fils, je réplique.

-Oui, ça a fait du bruit quand Tom l'a dit. J'ai du voir ça sur les réseaux.

-Tu crois que je devrais y aller, à Hyde Park ?

-Oui, tu devrais. Tu ne t'engages à rien avec cette rencontre, tu sais. Tu pourras y réfléchir quand tu auras plus d'éléments. Là, ça paraît très floue, cette histoire.

-Et si c'était une grosse connerie ? Si c'est pas Matthew qui m'attends au café ?

-Je viendrais avec toi, si ça peut te rassurer. Si c'est lui, tu pourras y aller. Si c'est pas lui, je te raccompagnerais à la maison. D'accord ?

J'accepte son aide. L'inquiétude se mêle à un sentiment étrange dans mon estomac. De l'appréhension ? Un mauvais pressentiment ? Je n'arrive pas à bien l'identifier. Fionn reconnaît ma détresse et me prends dans ses bras.

-Ça va aller, je te le promets, me murmure-t-il.

-Ne promets rien, tu ne sais pas ce que Matthew a à dire de plus. Aucun de nous ne sais ce qui va nous tomber dessus.

-Je ne te dis pas que ça va être facile, je voulais dire que je serais là pour toi, comme toujours, et que, à la fin, tout ira bien.

Fionn trouve toujours les bons moments. Je l'embrasse sur la joue et nous retrouvons Alex et Léo dans le jardin au soleil, un sourire dessiné sur nos deux visages.

TALENTED IIIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant