Chapitre 5 : "Bibi"

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          Honteuse, je n'ose plus sortir de mon lit. Je me demande sans cesse pourquoi hier, j'entendais des rires autour de moi. Qu'est ce qu'il y avait de s'y drôle pour rire autant ? Je n'arrête pas d'y penser. Pour quoi le général 67 m'a essuyée le front ? Je pense en savoir la raison mais j'espère profondément que ce n'est pas le cas. C'était évident, pendant mon sommeil, ils avaient dû me dessiner quelque chose dessus. Vu la surface qu'occupe mon front sur le visage, c'est vrai qu'ils avaient tout l'espace nécessaire pour faire un grand chef d'oeuvre...

Je prends sur moi et je pars, prête à affronter leurs remarques. Comme je le pensais, ils se sont tous écartés quand je suis arrivée. Plus personne ne parlent. Tous les regards sont fixés sur moi. J'entends quelques chuchotements, quand quelqu'un cri fortement :

-Hé regardez Bibi est parmis nous !

Tout le monde se mis à rire de plus en plus fort. Les deuxièmes années traversent le trottoir d'en face. Le général 67 fait son cri de guerre avant de les remettrent à leur place. Le cri lancé fait démarrer la journée. Direction le jardin public, on avance comme un groupe du centre aéré. Laura me rejoint.

-Alors comment tu vas ?, me dit-elle d'une voix douce.

-Comme tu le vois, ça va très bien; répondis-je d'un air agacé.

-Je suis désolée pour hier, si j'avais su, je me serai assise à côté de toi.

-t'inquiète pas, je ne t'en veux pas.

-En fait, j'ai suivi le deuxième année dont je t'avais parlé.

-J'espère qu'au moins tu sais comment il s'appelle ?

-Non toujours pas.

J'ai mis fin à la discussion en voyant le général 67. J'ai besoin de savoir ce qu'il y avait décrit sur mon visage. Il me voit arriver. Il est occupé à parler avec ses copains. Mais je dois quand même le déranger, c'est plus fort que moi.

-Je peux te parler, s'il te plaît.

D'un hochement de la tête, il fait signe à ses copains de partir.

-Vas-y je t'ecoute.

-Eh bien, tu sais, pour hier soir...

Il me coupe en me disant :

-Je sais ne t'inquiète pas, je ne voulais pas te faire peur, je voulais juste t'aider.

-Oui, justement, qu'est ce que j'avais sur le front.

-Quoi ? Tu ne le sais pas ?

-Non, je dormais et quand je me suis réveillée, tout le monde riait.

-Eh bien, tu avais une bite sur le front. Elle était plutôt bien faite...

Surprise, je lui souris, mais je n'étais pas rassurée.

Par équipe, encore, nous devons jouer à poule, renard et vipère. Le commandant 35 m'a placé dans son équipe. Louis s'y trouve aussi mais pas Arthur. C'est vraiment très drôle comme jeu. Par réflexe, je pousse des petits cris quand un adversaire court après moi. Louis en est mort de rire.

À la fin de la partie, je parle avec Amandine. Je m'entends bien avec elle, je l'ai connu lors de mon immersion en février. D'un seul coup, Louis, arrive par derrière et me casse un oeuf sur la tête. La guerre est déclarée. Je m'empresse de lui courir après, un oeuf à la main. Pris de court, il en brise un nouveau sur quelqu'un et me fait passer pour la coupable. Je suis alors poursuivie moi aussi. Finalement, tout le monde s'est pris au jeu. Arthur, complice de Louis, me renverse la quantité d'une bouteille d'eau sur mon cuir chevelu. À la suite, le commandant 35 me jette de la farine. Je ne vois plus clair, j'ai de la pâte sur le visage.

Après cet après-midi, bien ensoleillée, on rentre chacun de son côté pour le grand soir. Une soirée nous est réservée dans une grande salle. J'enfile alors une magnifique robe courte à bretelle. Laura et Amandine me rejoignent pour qu'on se prépare ensemble. Amandine me maquille, elle est vraiment douée. Pendant ce temps, Laura enfile sa combi-short.

Arthur et Louis, viennent nous chercher vers vingt heures. Ils sont très élégants en costard cravate. L'endroit est merveilleux on aurait dit un palace. Le plafond est placé environ deux ou trois mètres au-dessus de nos têtes. Des baies vitrées remplacent les murs extérieurs. Du rez-de-chaussée, on peut percevoir une partie du premier étage. Deux escaliers blancs aux extrémités de la salle nous y emmènent.

Champagne à volonté, Louis est dans son élément. Je ne peux qu'admirer la beauté du général 67. Lui aussi en costume. Comme par réflexe, je me mords la lèvre. J'essaye de rester discrète. D'un coup, il regarde dans ma direction, je l'évite de peu. À ce moment, le commandant 35 m'appelle.

-Hé Maryline, ça va ? Tu t'amuses bien ?

-Ouais, l'endroit est vraiment splendide !

-T'en mieux alors si ça te plaît. Je te ramène un cocktail ?

-Oui, je veux bien merci.

La musique vient de commencer. C'est celle des années 80. Les deuxièmes années nous montrent une chorée. Je ne quitte pas le général 67 du regard. Il m'attire vraiment beaucoup. Ma langue passe au-dessus de ma lèvre inférieure, puis ma bouche devient entrouverte. Il danse comme un Dieu et fait un petit mouvement avec sa main, soulevant sa bretelle. Il faut aussi que je vous présice que même si on est en 2020, j'ai toujours un petit faible pour les bretelles. Alors imaginez comment je suis à ce moment là.

La soirée continue. Avec ma petite bande, on s'amuse comme des fous. Arthur est très bon danseur. Il m'apprend des pas de rock et dès que c'est du rap, il ne se contrôle plus. Il sait faire le robot et d'autres choses bien plus étonnantes. Les filles se retournent vers lui. C'est son arme de séduction.

Le commandant 35 me ramène mon cocktail, une demi-heure après. J'aimerai  bien vous dire leur nom, pour changer de commandant ou général, mais malheureusement je ne le sais pas, c'est une règle de l'intégration, il faut les appeller par leur surnom.

Il me donne ma boisson préférée : le sex on the beach. On échange quelques phrases. Il se met à danser, en se regardant droit dans les yeux. Il a déjà pas mal bu et parfois trébuche. Il danse autour de moi, pose sa main sur mon épaule, la descend le long de mon bras, jusqu'à arriver sur ma main. Je ressens quelques frissons. Il colle sa tête sur la mienne. Je continue à danser, lui aussi. Sa main gauche se pose sur mon côté gauche. Il l'a fait glisser jusqu'à mon ventre. Je sens un air chaud sur mon cou. Mal à l'aise, je m'écarte.

Il me prend alors par la main. Personne ne peut voir cette scène, on est bien trop nombreux sur la piste de danse, tous collés les uns aux autres. Je n'arrive pas à retirer ma main de la sienne. Il la tient tellement fort.

-Restes avec moi, on est bien là.

Je ne réponds pas. Choquée parce qu'il vient de se passer.

-Allez viens, me dit-il en me tirant vers lui.

Je le repousse, en lui demandant de me lâcher. Il n'entend rien. Comme s'il était incapable de se contrôler.

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