Il marchait sous la pluie, sans même chercher à se réfugier quelque part. Il se tourmentait encore et encore pour savoir pourquoi personne ne le comprenait. Son monde à lui, si différent, son caractère aussi. Mais rien, malgré les efforts de ses proches il ne cessait de se lamenter sur son sort. Pourtant, beau garçon qu'il était, il aurait pu avoir une vie facile. Mais non. C'était sans compter son côté passionné et rêveur qui le séparait des autres.
Il n'était pas très grand, mais pas petit non plus. Ses yeux noisettes s'écarquillaient de merveille devant de simples fleurs et alors, le sourire aux lèvres, il prenait doucement son appareil, et en un "clic" il rendait cette petite pâquerette, aussi rabougrie qu'elle soit, la plus belle des roses. C'était son talent, sa magie. Il ne pouvait vivre sans la photo, et la photo n'aurait été que poussière sans cette graine de génie. Mais aujourd'hui ce n'était pas cet enthousiasme qui l'animait ; mais le désespoir. La peur aussi, de ne jamais être compris.
Il s'assit sur les marches d'une maison, toujours sous la pluie battante. Ses boucles brunes se collaient sur son front plissé d'inquiétude et se mêlaient aux larmes qui roulaient sur ses joues. Puis ses sanglots s'envolèrent vers le ciel gris qui s'étendait sur la petite ville.
Il aurait tout donné pour que tout cela s'arrête, pour qu'on le laisse tranquille avec ces différences. Qu'on arrête de lui reprocher d'être unique... Mais la chance n'allait pas avec lui et . La dépression. Elle s'était installé dans son cœur petit à petit en le rongeant de l'intérieur.
Au bout d'un temps ; une éternité? Peut-être. En tout cas il pleuvait toujours. Il lâcha prise et cria tous ses soucis ; pour qu'ils s'en aillent, qu'ils partent loin. Il était trempé mais cela avait peu d'importance. En tout cas, pour lui ce n'était qu'un problème qui s'ajoutait aux autres. Un de plus, un de moins. Qu'est-ce que cela pouvait changer à sa misérable vie?
Rien. Évidemment. Alors il remit ses pensées au fond de sa mémoire et continua de marcher sur les pavés humides qui recouvraient les ruelles. La pluie se calmait petit à petit et bientôt ce ne fut plus qu'un mauvais rêve. Traînant des pieds, les mains dans les poches, il songeait encore à tout ce qui l'entourait...
Son studio, son appareil photo, ses parents, sa sœur et ses amis, même si ils n'étaient pas beaucoup. Ce n'était pas grand chose que de revenir à tout ça, mais pourtant cela lui fit un bien fou. De savoir qu'en vrai, il n'était pas seul et qu'il n'avait pas vraiment à se plaindre.
Il dépassa bientôt l'avenue principale. Son petit appartement n'était plus qu'à quelques minutes de marche. Il accéléra le pas. Se savoir à l'abri au milieu de ce qu'il aimait lui redonnait un peu de joie de vivre. Un sourire triste s'affichant sur son visage pâle, il courut sur les derniers mètres qui le séparaient de son doux foyer. Se précipitant dans la cage d'escalier, il agrippa la rampe et monta les marches quatre à quatre. Arrivé devant sa porte, trempé et essoufflé, il l'ouvrit fébrilement et entra précipitamment à l'intérieur.
Après s'être séché et changé, le jeune Camille s'affala dans l'unique fauteuil de son studio et mis la musique qui le rendrait joyeux, celle qui te dit qu'au fond il n'y a rien de vraiment grave. Son nom m'échappe mais je sais que même le titre fait rêver. Il ferma doucement ses paupières et partit pour long voyage au milieu de son imagination où tout est possible et fabuleux. Ou plutôt, si cela se dit, où tout est fabuleusement possible.
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L'œil du Photographe
General FictionCamille, jeune garçon photographe aux yeux pétillants, va enfin saisir le pourquoi du comment de sa vie. Une grande étape pour un étudiant de dix-neuf ans! Son monde a enfin une place dans le cœur de quelqu'un et rien ne lui fait plus plaisir. Voilà...