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[Pdv Law]

"J'ai besoin de toi comme d'une infirmière
Quand je me demande ce que je fous ici
Et que je colle ma tête pendant des heures sur l'oreiller
Tétanisé, assommé, incapable de rien
J'en ai marre de faire semblant
J'en ai marre de faire comme si tout me glissait dessus
J'en peux plus d'entendre les sirènes
Même à travers le double vitrage"


La tête enfouie dans mes oreillers, voilà bien des heures que je fixais le plafond de mon appartement. La fenêtre fermée, laissant malgré elle les bruits assourdissants de la ville pénétrer la pièce, je laissais des pensées vagabondes envahir mon esprit.

Chaque soir c'était la même chose, alors que je passais enfin le seuil de la porte, le masque tombait ; je n'étais plus celui que les gens connaissent ; travailleur, rieur, toujours motivé.
Je devenais celui malheureux, seul et anxieux, celui qui, pour oublier ses journées d'hypocrisie, noyait son malheur en s'enfonçant dans les abysses.

Ces jours passés à jouer la comédie m'épuisaient, bien que je ne pouvais plus le supporter, que j'enverrai bientôt se faire voir le monde entier.
Mais la peur me freinait, quel accueil me réserveraient les gens si l'homme de la nuit venait à remplacer celui du jour ?

Sûrement qu'ils me poseraient des questions auquels je n'accorderais aucune réponse. Je m'éloignerais de plus en plus des femmes en qui je ne me vois ni goût ni saveur. J'enchaînerais les conquêtes d'un soir, celles d'une nuit, apprenant au monde que mon attirance sexuelle n'est pas la même que Monsieur tout-le-monde. Puis ils se mettraient à critiquer, j'en suis certain. Bien sûr qu'en apparence, je laisserais leurs commentaires me couler dessus, mais au fond de moi, c'est mon esprit qui s'enfoncerait toujours un peu plus à chaque nouvelle remarque.

Alors que j'étais dans mon lit, accablé de toute cette vie de mensonges, c'était ce genre de pensées que je haïssais le plus. Elles s'accaparaient mon esprit et ne me laissaient plus dormir, me tétanisaient, et me faisaient douter.
Que-est-ce que je fais ici ?

"On prend les mêmes et on recommence
Je m'étais décidé à sortir parce que
Je supportais plus d'être chez moi
Je suis allé rejoindre des gens
Dans un de ces pubs irlandais merdiques
Qu'on trouve sur les grands boulevards"


Plusieurs heures à fixer le plafond, sans réponses, seul avec mes démons. Ma tête était lourde et la brume qui habitait celle-ci ne faisait que s'épaissir et ne semblait pas vouloir se dissiper. J'étais seule entre quatre murs, je sentais l'angoisse monter en moi. Il fallait que sorte.

Je ne me le fis pas répéter deux fois et sortis de mon logement. La brise légère du crépuscule venait jouer avec mes cheveux bruns, les réverbères me semblaient plus lumineux qu'à leur habitude et la route centrale dégageait une légère odeur de béton mouillé.

Je déambulais sans trop réfléchir dans les allées de la ville. Où allais-je ? Seuls mes jambes le savaient. Je me laissai alors porter jusqu'à un vieux bar où ces dernières cessèrent leur course pour m'abandonner à ma destinée ; je sortais sans mon masque ce soir et derrière cette porte se trouvaient des gens, probablement dans un état proche du mien : perdus, venus se saouler un bon coup pour remettre à demain les problèmes d'aujourd'hui.

Sans trop hésiter, j'entrai dans l'enseigne et me livrai à cet endroit, qui, j'en suis convaincu, saura panser mes plais, aussi superficiel et éphémère que cela sera.

"À une table sur ma gauche y avait un groupe d'hommes
Dont un qui m'a tout de suite plu
Il était un peu mate de peau
Mais avec des cheveux châtains clairs
Ou blonds foncés je sais jamais
Mais surtout il avait l'air doux
Bienveillant et serein
Comme s'il n'avait pas renoncé
À rien, comme s'il n'avait jamais douté de la beauté du monde
Ni de celles des hommes"


𝐃𝐚𝐧𝐬𝐞 | 𝐋𝐚𝐰𝐥𝐮Où les histoires vivent. Découvrez maintenant