Chapitre 2

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J'attends maman. Elle ne devrait pas tarder. Je suis au portail du lycée avec mes meilleurs amis : Wendy, Suzanne, Tony et Scott. J'ai beaucoup de chance de les avoir. Ce sont les seuls qui m'ont accepté malgré mes différences et mes peurs. Je les adore. On a prévu depuis quelques jours de partir en camping pendant ces deux semaines de vacances mais je n'ai pas encore réussi à en parler à maman. Je ne veux pas qu'elle s'inquiète et j'ai peur qu'elle est besoin de moi. Tony, qui est aussi mon petit-ami, doit normalement m'accompagner et m'aider à convaincre maman.

Quelques minutes plus tard, une petite voiture vient se garer sur le trottoir d'en face et je vois une grande femme blonde ouvrir la portière et sortir. Elle porte une longue robe à fleurs bleue. Je souris en allant vers elle avec Tony.


-- Coucou maman ! m'exclamais-je.

-- Salut ma chérie ! Et à toi aussi Tony. Alors ta journée ?

-- Ennuyante, comme d'habitude.

-- Je m'en serai doutée, tiens ! dit-elle en riant.

-- Plus sérieusement, elle s'est très bien passée, répondis-je en riant à mon tour.


Au même moment, un groupe de filles passe à côté de moi en me bousculant. Elle me haïssent pour je ne sais quelles raisons. Tous les jours, elle me blessent, mentalement. Elles sont trois : Stéphanie, la chef du groupe, et ses deux toutous, Emilie et Olivia.


-- Oups ! Désolée, je n'ai pas fait exprès ! ironisa Stéphanie.

-- C'est ça rigole ! répliquais-je. Tu n'a vraiment que ça à faire ?

-- Exactement !


Puis elle part en gloussant avec Emilie et Olivia derrière. 


-- Stupides, marmonnais-je.

-- Tu as dit quelque chose Leslie ? demanda maman.

-- Euh, non... Ne t'inquiète pas.

-- C'était qui, ces filles ? Et pourquoi Emilie était avec elles ?

-- Personne et je ne sais pas, mentis-je.

-- D'accord... répondit-elle. Au fait, Tony, tu voulais me demander quelque chose ?

-- Euh... Et bien oui, dit-il. Comme vous le savez, nous sommes un groupe de cinq meilleurs amis et nou avons décidé de partir en camping pour les vacances. Votre fille n'a pas réussi à vous en parler car elle avait peur que vous ayez besoin d'elle.


Je baisse les yeux en maudissant mon manque de courage.


-- Oh Leslie ma chérie, bien sûr que tu peux y aller, annonça maman.

-- Vraiment ? Tu ne dois pas te sentir obligée d'accepter tu sais...

-- Mais si, il faut que tu t'amuses !

-- Merci maman, soufflais-je en la prenant dans mes bras.

-- C'est normal ! Alors, vous partez quand ? demanda-t-elle en s'écartant.

-- Dans deux jours, répondit Tony à ma place.

--Très bien !


Maman me fait signe de monter dans la voiture. Je vois Tony me jeter un regard inquiet. Il sait à quel point c'est dur pour moi. Je le rassure d'un geste de main puis je rentre dans la voiture et ferme la portière. Maman rentre à son tour et démarre.

On file à toute allure, direction la maison. Au bout de 5 minutes, on débouche dans une petite rue. Maman se gare et on sort. Je prends une grande inspiration. Je ne m'étais pas rendue compte que j'avais arrêté de respirer quand maman a démarré. On commence à marcher vers une maison assez petite, au bout de la rue. Tout d'un coup, un vertige m'assaillit. Je me tiens à l'épaule de maman pour éviter de tomber. Elle me regarde, inquiète.


-- Tout va bien ? 

-- Crise... répondis-je faiblement.


Maman se mord la lèvre puis me prends par les bras pour m'emmener dans la maison. C'était le signal que je faisais une crise. Il ne fallait surtout pas que je reste dehors. Quand je suis dans cet état, je ne pense qu'à papa et Meg en me répétant que c'est de ma faute s'ils sont morts. Maman m'allonge sur le canapé. Je me mets en boule et commence à pleurer à chaude larmes. C'était tout le temps la même chose, j'y étais habituée. Cinq minutes plus tard, je sens mes larmes se tarir et mon coeur battre moins vite. Mes crises durent beaucoup moins longtemps qu'avant l'enterrement mais elles sont éprouvantes. Je me lève du canapé et je me dirige vers la cuisine où j'entends maman. Quand j'entre dans la pièce, elle est au téléphone. Je lui demande en chuchotant :


-- C'est qui ?

-- Mérédith.


Je lève les yeux au ciel. Mérédith est la mailleure amie de maman mais aussi la mère d'Emilie. Je ne comprends pas qu'une mère puisse laisser son enfant devenir comme ça. Ma mère ne sais rien de cet harcèlement et je ne veux pas lui en parler. Je n'ai pas envie qu'elle s'inquiète. Je tourne les talons pour aller dans l'endroit où je me sens le plus en sécurité : ma chambre.

Maman vient me voire un peu plus tard. Elle entrouvre la porte puis me dit calmement :


-- Leslie ?

-- Oui maman ?

-- Tu veux manger quelque chose ? demanda-t-elle en baissant les yeux.

-- Oui, ne t'inquiète pas...


Depuis quelques jours, je ne mange pas beaucoup. Ce sera les 4 ans de l'accident dand un mois... Mais j'ai envie de faire plaisir à maman. J'ai envie de lui faire croire que tout va bien... Alors je souris... Le cri de maman m'arrache à mes pensées :


-- A table !

-- J'arrive ! criais-je.


Je regarde l'heure et remarque deux choses : il est presque 22h et je n'ai absolument pas faim. Pourtant, je descends et me dirige vers la cuisine. Je me mets face à la table et regarde le plat que maman m'a préparé. Du poulet avec des pomme de terre. Il donnerait envie à n'importe qui, c'est vrai, mais pas à moi. Je m'assois, prends ma fourchette et commence à piocher des petits bouts de poulet par-ci, pae-là. Après 15 minutes de dépiautage, je vois maman me regarder avec insistance.


-- Qu'est ce qu'il y a ? demandais-je.

-- Tu n'as pas faim, pas vrai ?


C'est à mon tour de la regarder. J'aimerai lui dire que si et que je vais bien, mai j'en suis incapable.


-- Non maman, je suis désolée...

-- Ne t'inquiète pas... Je sais ce qui te rend comme ça, c'est normal.

-- Euh... Je peux aller dormir ? Je suis crevée.

-- D'accord...


Je me lève et me dirige vers ma chambre, mais je sais que je n'arriverai pas à dormir. Et maman le sait aussi. Soudain, une voix derrière moi m'interpelle.


-- Leslie ?


Je me retourne et vois ma mère debout.


-- Fait attention à toi... dit-elle.

-- Oui maman, je t'aime... répondis-je en me forçant à sourire.

Le campingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant