Âmes en peine [ TERMINÉE ]

Partie I

Je la regarde, allongée sur son lit d'hôpital. Elle est plongée dans un profond sommeil. Cela fait trois semaines que l'accident s'est produit. Soit trois semaines qu'Océane est dans le coma.

Je déteste cette chambre. Les murs sont vides. Le sol carrelé est froid. Les meubles sont tous blancs ou d'un beige délavé. Il n'y a qu'une seule fenêtre et elle donne, en l'occurrence, vue sur des immeubles.

La fatigue me prend soudainement, comme si j'étais foudroyée par un éclair. Je garde difficilement les yeux ouverts.

Je ne dors presque plus la nuit. Il m'est impossible de me reposer bien longtemps après ce qu'il s'est passé. Je suis hantée par des cauchemars qui reviennent sans cesse, et hantée par un immense sentiment de culpabilité qui m'envahit et ne pourra se taire.

Sans moi, il n'y aurait rien eu. Il n'est même pas question davoir été là au mauvais moment, non. Tout est ma faute, et malheureusement mes lamentations ne changeront rien au problème.

Elle est comme ma victime. Elle ne mérite en rien ce qui lui arrive. Et le pire dans tout cela, est le fait que je sois vivante, guérie de mes quelques blessures, et elle entre la vie et la mort alors que je suis la coupable. Elle se bat chaque jour, immobile, et dans un silence défendant sa vie.

Je me mets à trembler sans pouvoir men empêcher. Un sanglot méchappe, et je prends sa main dans la mienne. Jai tellement besoin delle. Qu'elle me parle. Je veux revoir son sourire, je veux entendre sa voix. Qu'elle me dise que tout va bien, que l'on restera ensemble jusqu'au bout. Mais j'ai tout gâché.

J'ai détruit une vie, celle de ma meilleure amie. Celle qui est comme ma sœur. Ça fait de moi un être détestable.

Nous nous connaissons depuis des années. Depuis l'enfance. Elle a toujours été là. Même quand je me faisais rejeter, elle est venue vers moi quitte à subir à son tour le rejet et l'humiliation. Elle m'a tendu la main dans chaque moment difficile alors que les autres disparaissaient. Et je l'ai abandonnée, brisée dans un accident de voiture. Elle qui ne m'avait jamais lâchée.

C'est alors que je me rends compte, que je ne suis rien sans Océane. Elle m'a sauvé alors que je pensais n'être qu'une coquille vide sans intérêt. Elle savait que chez moi rien nallait, et j'enviais sa vie. Mais elle m'a appris que les amis avaient une place dans le cœur, qu'ils étaient une deuxième famille.

On m'a demandé de partir. L'heure de visite est dépassée, a dit la femme.

Je n'ai pas pris la peine de répliquer, et j'obéis sans contredire.

En sortant de la chambre, je croise le docteur dans les couloirs. Je tente de rattraper sa démarche saccadée, et il se tourne vers moi.

Quand il se rappelle de qui je suis, il m'adresse un sourire qui se veut rassurant. Mais son regard exprime ce qu'il pense de moi. Les yeux ne trompent jamais.

Il doit se dire que je suis une pauvre fille, avec mon mascara qui a coulé, mes larmes qui envahissent mon visage. Moi qui ait anéanti ma seule amie.

Il ressent de la pitié. Mais je n'en veux pas.

Je demande d'une voix instable ce qu'il va advenir d'Océane, et quand est-ce qu'elle se réveillera. En vérité, je connais déjà la réponse. Mais j'ai besoin de le redemander. Den être sûre.