Partie II

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Je prends mon vélo et pars en direction du Coffee Shop où travaille Evah dehors des cours. Elle n'a pas daigné à madresser un seul regard depuis notre dispute. J'ai donc décidé de laisser ma fierté de côté, et de lui présenter mes excuses. Elle les mérite amplement.

Je range mon vélo et entre à l'intérieur.

Evah nettoie une table, puis part derrière le comptoir. Elle adresse des sourires chaleureux aux clients tout en prenant leur commande.

On lui chuchote quelque chose à l'oreille et quand elle croise mon regard, son expression se ternit et son sourire se dégrade. Après avoir posé un milkshake à la fraise, elle marche rapidement jusquà moi.

- Qu'est-ce que tu veux ? Demande-t-elle avec dédain. Je suppose que tu ne viens pas commander une boisson.

J'ai l'impression qu'elle n'attend que mon départ

Elle fronce les sourcils, soupire.

- Je voulais te dire que je ne pensais pas ce que j'ai raconté hier. J'étais juste à cran.

- Tu pourrais m'en parler en dehors de mes heures de travail, réplique-t-elle.

Je contemple mes pieds, mal à l'aise. Et pourtant, une lueur déterminée prend place en moi.

- S'il te plaît, je veux juste que l'on s'explique. Je refuse que notre amitié se termine sur ça.

Elle se pince les lèvres et m'entraîne dans l'espace du personnel.

Elle s'assoit sur une table, et cherche ses mots. Puis elle déclare dun ton las :

- C'est pas grave. Je sais que c'est compliqué, que tu vas mal. Mais je veux seulement que tout s'arrange, que tu réussisses à faire ce que tu veux dans la vie et que tu t'en sortes. Que tu trouves une passion, une raison de vivre. Tu voulais sauver des vies, travailler dans la médecine. Alors garde cette envie et ne l'abandonne pas.

Je retiens ma respiration.

- Même si parfois je peux sembler autoritaire, ajoute-t-elle, ou désagréable, je serais toujours là pour te soutenir. Tu es une vraie amie, peu importe ton caractère

Je lui souris comme si je n'avais pas si mal. Elle essaie de me rassurer, mais la noirceur de mon âme ne me quitte pas. Ses mots ne me touchent pas. Rien n'y fait. Je revois toujours ces images incessantes. Mes démons reviennent. Je me perds à nouveau, mes pensées dérivent vers Océane et l'accident.

Elle continue :

- J'aimerais que tu me parles plus souvent. Chaque jour j'ai peur que tu fasses quelque chose de mal, que tu te blesses volontairement. Je sais que tu as peur et que tu souffres, et je me sens mal pour elle moi aussi. Mais ça s'est produit, on ne peut rien faire à part espérer. Rien de tout cela n'est de ta faute.

Je me retiens de la contredire. Je hoche la tête, murmure un « merci » évasif.

Je sors, et repars avec mon vélo.

Oui, je voulais devenir médecin. Je souhaitais guérir les gens. Petite, cette vocation m'a été dévoilée. Mais la motivation m'a quitté, je n'en ai plus envie. Je me demande même si ce n'est pas une erreur de m'être lancée dedans.

Je suis de retour au pont. Comme hypnotisée, je grimpe sur la surface en béton et me tient debout dessus. Prête à sauter à tout moment. L'adrénaline parcourt mes veines, le sang tape contre mes tempes. Est-ce que ma vie vaut la peine d'être vécue ? Je ne pense pas. Jai tout donné. Pour au final tout perdre. Le vent souffle, me rappelle la hauteur. Je ne réfléchis plus, fermant les yeux, tentant de me laisser aller vers l'avant.

Mais un cri m'interpelle.

Âmes en peine [ TERMINÉE ] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant