Âmes en peine [ TERMINÉE ]

Partie III

Point de vue inconnu

Je ne sais pas pourquoi, mais en ce moment tout m'énerve. Je travaille dans un garage pour gagner ma vie, mais cela ne semble plus me convenir.

On me rejette souvent la faute. On dit que je suis impulsif ; c'est totalement faux.

Je n'ai jamais voulu avoir ce travail. Mais je devais, pour mes raisons personnelles.

Alors je me contente de sortir avec mes amis, de travailler. Il faut dire que ma vie actuelle n'est pas très remplie. J'ai un frère que je ne vois plus, des parents qui se sont détruits à force des disputes. Ma famille s'est dissoute il y a déjà longtemps.

- Je vais rentrer, dis-je à Joshua, le propriétaire du garage.

Il me fait un signe de la main, occupé.

Je rentre dans mon pick-up, et démarre le moteur. Je vis non loin des bois, dans une maison assez petite. J'apprécie la solitude et la nature, alors ça ne me dérange pas.

Je me suis déjà demandé ce que je faisais ici, si je ne ferais pas mieux de quitter cette ville et de reprendre mes anciennes activités. Mais quelque chose m'y retient. Quoi, je n'en ai aucune idée.

J'ouvre la fenêtre, le paysage défile. L'air rafraîchit l'habitacle. Puis un inquiétant spectacle se présente à moi. Je coupe le contact, et descends de la voiture, prudent. Mon cur tambourine, et je crains le pire. Elle allait sauter, je la voyais regarder en bas, comme ensorcelée. Pris par la peur et l'impuissance, le temps s'écoulant trop rapidement ; je me mets à hurler. Je lui hurle d'arrêter.

La fille ouvre les yeux, et recule légèrement, se retourne, interpellée par ma voix.

Je me rapproche d'elle en courant.

- S'il te plaît, descends. Ce genre de choses, c'est pas la solution. Je ne sais pas ce que tu as vécu pour en arriver là. Mais je suis sûr qu'il y a forcément une solution et que tout peut s'arranger.

Elle reste muette, mais quitte tout de même le muret en béton.

- Est-ce que ça va ? Demandai-je.

Elle hausse les épaules.

Bien sûr que non qu'elle va pas bien imbécile Est-ce que je devais vraiment poser cette question ?

- Tu veux que je te raccompagne quelque part ?

Elle acquiesce d'un mouvement de la tête. Je ne perçois rien d'elle. Aucun sentiment, aucune émotion. Son visage est dur, difficile à cerner.

Et aucun son ne sort de sa bouche. Elle est fermée. Mais je ressens le besoin de l'aider. A quelques secondes près, elle aurait certainement sauté dans le vide. Mais malgré son comportement, je sais qu'elle a dû vivre des choses terribles. Elle doit se cacher, se murer derrière ce visage froid. Mais le jour où ses émotions éclateront, elles seront dévastatrices telle une tempête.

Je l'invite à prendre place dans mon pick-up, et quand je la vois se déplacer, je me dis qu'elle est perdue. Elle erre comme une âme en peine, certainement le cur brisé et l'âme déchirée.

Et je dois la sauver.