chapitre 1

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Dans un silence absolu, drapé sous la tranquillité de la nuit, je me remémore les souvenirs de ma vie mouvementée parsemée d'obstacles et de déceptions. Aussi loin que je me rappelle, en amour, la chance n'a pas toujours été de mon côté. Moi, un homme pourtant décrit comme beau, attentionné, passionné et charismatique, le rêve de vivre pleinement tel que narré par les plus chanceux me berce chaque nuit jusqu'à ce que je tombe dans les bras de Morphée.
Jusqu'à ce jour, ce fameux dimanche sous le soleil brûlant de l'après midi, alors que l'idée de me blottir dans les bras d'une belle femme et ressentir les picotements le long de ma peau sensible commençait à sembler fade, je fis la rencontre troublante d'une créature aux allures de déesse.

Le teint clair, un sourire apaisant, sa silhouette parfaitement taillée confirmait l'esthétique de cette femme qui cachait ses formes sous la voile transparente qui faisait ressortir la forme parfaite de son visage. Sa démarche nonchalante au rythme des battements de mon cœur laissait admirer ses jambes si fine et clair qui m'ont plongé dans un océan de fantasmes à l'égard d'une parfaite inconnu qui pourtant m'avait si profondément troublé.

En un instant, j'avais même oublié que j'étais au milieu d'une conversation passionnante avec mes amis Ibrahima et Gora sous l'ombre d'un acacia pour nous protéger du soleil d'été brûlant de Dakar. 

Fatou, tel était son nom, s'approchait de nous de plus en plus avec un pas assuré. Sans me soucier de la convenance, mon regard perçant et toute mon attention étaient captivés par elle comme pour admirer une œuvre parfaite. Un désir envoûtant m'envahissait et je ressentais les palpitations synchronisées de tous les organes de mon corps qui influencés par une substance étrangère à mon entendement vacillaient et me fis perdre tout mes moyens en une fraction de seconde. 

Moustapha... Moustapha

Comme dans un rêve, j'entendais mon nom retentir de sa bouce avec ses lèvres taillées à la perfection, comme une musique douce de Mozart synchronisée à tous les éléments naturels qui nous entouraient.

Mais hélas !

Ce n'était qu'un rêve

Comme pour m'extirper de mon imagination si fertile, Gora scandait mon nom en continu pour recueillir mon avis sur la discussion que j'avais déjà perdu le fil. 

Arrivée à notre hauteur, avec un sourire chaleureux, Fatou étala toute l'étendue de sa nature joviale en lançant des salamalek typiquement sénégalaise, avant de s'approcher timidement vers nous pour entamer la discussion avec Ibrahima qui demandait des nouvelles de sa sœur Binta.

Brusquement, la conversation qui depuis plus d'une heure était centrée sur le foot, changea de tournure pour laisser place à une autre beaucoup plus abstraite et tournait maintenant à la rigolade et à une guerre de charme effrénée pour faire ressortir le mal Alpha le plus drôle, plus intéressant et plus attirant.

C'est fou comment une femme peut changer autant la nature des êtres. Même lorsque nous ne sommes pas vraiment intéressé par une histoire ou une aventure amoureuse sa présence suffit à nous rappeler l'être si ouvert que nous sommes. Sans aucune prétention elle attire et change le sauvage en domestique, le dur en moux et repousse sans même faire exprès tout comportement de racaille pour laisser place à ce que l'homme à de plus beau à offrir, l'attention.

Sans prendre part à cette activité pourtant si tentante, je me suffisait aux regards furtif que je lançait régulièrement vers elle comme pour me confirmer ce ressenti que je pensais disparu en moi depuis belle lurette. À la limite, ces oeillades avaient plus caractère d'une observation de l'infiniment envoûtant qu'une admiration passagère dans un silence que je ne me connaissais même pas. Rattrapé par la convenance je dû me ressaisir avec des auto-réprimandes que j'étais le seul à entendre et à en comprendre le sens "arrête de la regarder comme ça, tu risques de la mettre mal à l'aise". Comme pour me sanctionner, je décida alors de m'extirper complètement de la discussion pour me concentrer sur mon téléphone et répondre aux centaines de messages que j'avais ignoré jusque là. Aussi longtemps qu'elle est restée avec nous, je ne me souviens pas avoir prononcer un seul mot à l'exception de "enchanté" après les brèves présentations mais ses yeux rivés au sol comme pour fuir les quelques regards que je lançais me laissait croire qu'elle aussi était troublée, mais je ne sais par quoi. 

le poids du videOù les histoires vivent. Découvrez maintenant