Chapitre Deux

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L’après-midi fut vite écourtée, puisque Gabriel devait aller chercher ses affaires et se rendre à l’orphelinat pour seize heures. Plus les aiguilles avançaient sur le cadran de l’horloge, plus le jeune homme stressait. Il avait fait face à ce genre de situations un bon paquet de fois, mais son cœur battait toujours aussi vite. Après un second coup de fil à l’orphelinat, ils avaient pu obtenir des informations supplémentaires. Apparemment, sa nouvelle famille était composée d’une jeune femme de 24 ou 25 ans, de son fils de 4 ans et d’un certain « Alex », et venait de déménager sur Inazuma. Ils n’avaient pas eu plus d’informations sur « Alex ». La standardiste de l’orphelinat devait avoir passé une très mauvaise journée, car elle leur raccrocha au nez, sans rien leur dire de plus. A quatorze heure vingt, son sac était fait, il était prêt, et il était surtout complètement paniqué.

Riccardo le regarda faire les cents pas dans l’entrée en soupirant. Décidément, il ne se calmerait pas de sitôt… Ils étaient censés partir à quinze heures, qui, avec le temps de trajet à pieds, les faisaient arriver vers quinze heures quarante cinq. Mais le jeune homme était de plus en plus tenté de partir maintenant, juste pour qu’il arrête de tourner en rond devant la porte d’entrée. Même un poisson dans son bocal ne faisait pas autant de tours en une minute. Il décida d’aller jouer au piano, dans la pièce d’à côté. Si ses calculs étaient bons, dans exactement deux minutes, Gabriel viendrai s’installer sur le fauteuil pour l’écouter.

Et les pas sur le parquet lui informèrent qu’il avait vu juste. Le rose alla calmement s’installer sur le fauteuil, tout le stress s’était miraculeusement envolé avec les notes de musique. Qu’est-ce qu’il aimait plus que la musique de Riccardo ? Sans doute rien. Ou peut-être Riccardo lui-même, à voir… Il se laissa bercer par les mélodies oniriques produites par son ami, apaisé. Quand le musicien joua la dernière note de sa performance, il était quinze heures trois. Ils se levèrent, et marchèrent tranquillement vers l’orphelinat du rose.

Devant eux, le bâtiment en pierres froides se dressait fièrement. Gabriel entra dans la bâtisse, et, arrivé devant la salle de rendez-vous, tout son stress lui revint en pleine face. Il souffla un grand coup. Heureusement que Riccardo avait le droit de l’accompagner, sinon il était foutu. Il attrapa discrètement sa manche, en quête de réconfort, et toqua. La gérante de l’orphelinat vint rapidement lui ouvrir, et ils entrèrent dans la pièce. Il vit une femme dans la vingtaine, qui devait sans doute être sa nouvelle « hébergeuse ».

Gabriel la détailla un peu plus. Elle était de taille moyenne, et avait des cheveux noirs, longs, avec juste les deux mèches encadrant le visage bleues. Un corps joliment sculpté, elle devait faire pas mal de sport. Une peau plutôt bronzée, et un visage typé européen. Elle portait un top noir, avec un jean taille haute noir troué. Une chaîne était attachée à sa ceinture, reposant contre ses hanches. Elle portait également plusieurs colliers, une jolie collection de boucles et de piercings d’oreille, des bracelets et des bagues. Elle avait de très jolies Doc Marteens noires aux lacets arc-en-ciel aux pieds. Son visage était très harmonieux, et dégageait une aura à la fois confiante et bienveillante. Ses yeux étaient gris-verts et soulignés de longs cils noirs et elle avait quelques tâches de rousseurs. Pas énormément de maquillage, un simple trait d’eye liner, un peu de mascara et du rouge à lèvres. Elle était vraiment belle, mais elle n’avait rien d’absolument extraordinaire non plus. Sauf peut-être son style vestimentaire. Il aimait beaucoup son style vestimentaire.

La jeune femme s’avança, et tendant une main vers Gabriel, elle se présenta.

- Salut ! Je m’appelle Paulina, t’es Gabriel, c’est ça ?

Il fut un peu surpris d’entendre un japonais aussi parfait, car elle avait tout d’une étrangère. Il serra la main qu’elle lui tendait, et se présenta aussi, plus par réflexe que par nécessité. Après le blabla et les papiers habituels, lui, la fameuse Paulina et Riccardo sortirent de la salle des rendez-vous. Selon une vielle légende, il paraît que cette salle avait un vrai nom, avant. Une fois arrivés devant le portail, un silence gênant s’installa. Gabriel ne voulait pas lâcher la manche de son ami. La jeune femme leur indiqua sa voiture, et proposa à Riccardo de venir avec eux, pour détendre le rose, visiblement stressé. Ils montèrent tous les trois, et au bout d’un quart d’heure de route, ils arrivèrent devant un joli pavillon de banlieue, sur deux étages et avec un jardin qui semblait plutôt grand.

- Bon, c’est un peu vide, parce qu’on vient d’emménager, mais du coup, tu pourras choisir ta chambre ! Déclara-t-elle en descendant du véhicule.

Les deux adolescents ne purent qu’acquiescer. Ça pour être vide, c’était vide… L’entrée était jolie, il y avait un portemanteau et… Eh bah juste un portemanteau en fait. Les autres pièces étaient aussi très épurées. Le parquet était noir sur tout le rez-de-chaussée, et les murs étaient encore nus de toute peinture ou papier peint. Le salon était la seule pièce qui n’était pas vide, puisqu’il y avait absolument tous les cartons. Quelques meubles y étaient aussi entreposés, des rouleaux de papier peint et des pots de peinture étaient éparpillés dans la pièce. Ils montèrent tous à l’étage, qui était composé de quatre chambres, deux dressings, une salle de bains, et une petite pièce qui servirait de bureau. Il y avait des lits dans trois des chambres.

- On a mit ton lit dans celle-ci, mais c’est juste pour un temps, tu peux changer si tu veux, l’informa Paulina.

La chambre en question était de taille moyenne, avec le même parquet qu’au rez-de-chaussée – qui avait été posé dans toute la maison, en fait – et les murs complètement nus. Il y avait  deux grandes fenêtres qui allait du sol jusqu’au plafond, et devaient faire un mètre de large environ. Une porte vitrée menait à un joli balcon, qui donnait sur l’arrière de la maison et le jardin. La chambre avait un dressing, qui n’était pas très grand, mais parfaitement fonctionnel et largement suffisant pour lui. Cette chambre était parfaite. Et de loin la meilleure chambre qu’on ne lui ai jamais donné depuis presque dix ans, alors qu’elle n’était même pas meublée ! Enfin, si, il y avait un lit double, mais a part ça, il n’y avait rien.

Un détail titilla tout de même la curiosité de Gabriel.

- Mais vous vivez seule ?

La jeune femme rigola, avant de répondre.

- Tu peux me tutoyer tu sais ! Je suis pas beaucoup plus âgée que toi ! Et sinon, nan, mon fils est encore à la garderie, et ma copine arrive demain.

Gabriel fronça les sourcils. Sa copine ? On lui avait parlé d’une personne qui s’appelait Alex, mais il croyait que c’était un homme… Bah, peut importe. Ils continuèrent à visiter la maison et le jardin en discutant. Finalement, Paulina était plutôt gentille, et très drôle. Et il se sentait bien avec elle. Il avait appris pleins de choses sur elle, en une heure. Notamment ce qu’elle faisait dans la vie. Ou plutôt, la liste non exhaustive de tous les métiers qu’elle avait testé. Artiste, danseuse, mannequin, photographe, infirmière, secrétaire, actrice, chanteuse, styliste, historienne, auteure, compositrice, costumière, comptable, et bien d’autres encore. Elle était actuellement professeur de classes de lycée. Il appris aussi qu’elle avait eu son fils avec son ex, mais qu’ils s’étaient séparés il y a deux ans de ça. Elle avait obtenu la garde totale, bien qu’ils se soient quittés bons amis, et qu’il s’entendaient encore super bien. Elle aurait aussi été dans une équipe de foot quand elle était jeune, en tant qu’attaquante. Elle était d’ailleurs très heureuse de savoir qu’ils étaient les élèves des coachs Evans et Sharp, car elle s’entendait très bien avec eux, à l’époque. Elle leur raconta ses voyages, ses rencontres, quelques uns de ses désastres sentimentaux, ou des anecdotes croustillantes sur la jeunesse de ses coachs. Elle leur expliqua que sa mère était espagnole et son père japonais, et qu’elle vivait en Espagne avec son grand-père, avant d’arriver ici. Gabriel se demanda comment quelqu’un pouvait avoir une vie aussi incroyable, et surtout à 24 ans. A son âge, elle avait eu un nombre incroyable de conquêtes, un fils, et avait fait presque le tour du monde, tant elle avait voyagé.

Vers dix-sept heures, elle alla chercher son fils à la garderie, laissant Gabriel et Riccardo seuls dans la maison. Elle avait aussi donné son numéro de téléphone au brun, pour qu’ils puissent la prévenir en cas de soucis.

- Faut vraiment que j’me rachète un portable… Se désola le rose.

- Bah, tant que je suis là, ça devrait aller ! Bon, alors, comment tu le sens, cette fois ? Elle a l’air bien non ?

- Ouais… La maison est bien aussi, et puis, elle a l’air vraiment gentille… Ça serait cool si elle me gardait…

Le jeune homme était habitué à se faire mettre dehors par ses familles, mais pour une fois, il avait pas cette désagréable sensation d’étouffer. La maison lui semblait déjà accueillante, et les sourires de Paulina lui paraissaient vraiment sincères. Ils entendirent la porte d’entrée s’ouvrir et des voix s’élever depuis l’entrée. Ils se levèrent en même temps, pour voir entrer un petit garçon, qu’ils supposèrent être le fils de Paulina.

Le petit garçon lui ressemblait… Bah absolument pas en fait. Ah, si, peut-être les yeux ? Nan, même pas. Il avait les yeux noisette. Il avait les mêmes tâches de rousseur qu’elle, par contre. Il avait des cheveux courts et en bataille, châtains-roux. Une peau toute pâle et des joues bien rebondies. Il portait de jolies lunettes rondes et fines, un sweat gris perle, un jean noir et des baskets grises. Soit il avait déjà un sens du style pas dégueu, soit s’était sa mère qui choisissait ses fringues, mais en tout cas, il était trop chou.

- Gabriel, je te présente Ange, mon fils. Ange, mon chéri, vas dire bonjour, l’encouragea la jeune femme.

- C’est toi mon nouveau grand frère ? Demanda-t-il d’un voix mal assurée, et avec une diction un peu approximative.

- Euh oui ! C’est ça !

Gabriel avait essayé de le mettre à l’aise, mais il savait pas trop s’il avait réussi ou pas, vu que le petit lui fit juste un petit coucou de loin. Après cette étape un peu gênante, Paulina les emmena tous au restaurant, puisque la cuisine n’était pas encore fonctionnelle. Le repas dura jusque tard dans la soirée, alors elle déposa Riccardo chez lui en voiture. Elle resta dans la voiture avec Ange, tandis que Gabriel sortit avec lui de la voiture pour discuter encore un peu plus longtemps. Il avait passé une bonne journée, et il était vraiment content que le brun l’ai accompagné.

   Au moment de se dire au revoir, leurs yeux s’accrochèrent, quelques secondes, durant lesquelles ni l’un ni l’autre n’osait parler. Alors ils restèrent là, à se fixer dans le blanc des yeux, en silence. Et Gabriel fit comme s’il n’avait pas senti la main de Riccardo dans son dos. Et Riccardo fit comme s’il n’avait pas vu le regard de Gabriel dévier sur ses lèvres.

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 05, 2020 ⏰

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Rantaku - Bonjour MamanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant