La Lune ne donne aucun signe ce soir plongeant Wyld dans une obscurité totale. Ma seule amie ne prend même pas la peine de m'accompagner durant ces dernières heures de libertés, ce qui en dit long sur l'avenir désastreux que je vais mener. Sur le toit de ma maison, j'observe les étoiles se défier. Certaines sont plus lumineuses que d'autres montrant ainsi leur puissance et beauté face au royaume médiocre dans lequel je vis. Parfois, j'aimerais être une étoile. Les étoiles ne vivent pas longtemps, au bout d'un moment elles s'éteignent et tout ce qu'il reste d'elles importe peu.
Un son de trompette me parvient jusqu'aux oreilles. C'est le signe qu'une information importante va être diffuser dans tout le pays. Les gens qui marchaient le long des rues deux secondes auparavant sont désormais en train de courir pour parvenir à temps chez eux afin de ne rien louper. Une petite voix me dit de ne pas aller dans le salon pour entendre la nouvelle, mais une autre, bien plus forte, m'intime de jeter tout de même un coup d'œil. La dernière fois que la trompette a sonné comme ceci, la reine Stroina venait de mourir.
Ma montre m'indique vingt-et-une heure cinquante huit. En général, les annonces sont faites à des heures piles. Je rattache ma crinière rousse dans une queue de cheval afin de mieux descendre le mur et ainsi, regagner ma chambre. Une fois arrivée, je me rue au petit salon où se trouve déjà mes parents. Ma mère me gronde du regard sauf que je me contente de hausser mes épaules. Elle n'aime pas que sa fille unique, donc moi, monte sur le toit. Elle trouve cela dangereux mais aussi barbare et masculin. L'escalade n'a rien de masculin pourtant. C'est un art où souplesse, précision et agilité sont de mises. Il n'y a pas besoin d'être masculin pour exercer ce sport. Puisqu'elle ne veut pas que je le pratique avec des professionnels, je m'arrange comme je peux.
Mon père s'apprête à parler mais la musique du générique de chaque annonce résonne donc il laisse tomber. Nous sommes tous les trois absorbés par la télévision et je donne ma main à couper que tout le pays se trouve dans la même position.-Bonsoir, chers citoyens et citoyennes, commence le présentateur, c'est à cette heure tardive que le Roi lui-même a décidé de vous parler. Sans plus tarder, sa majesté le Roi Nertas du royaume de Wyld.
On peut entendre d'ici les voisins applaudir. Je devrai sans-doute faire la même chose mais je m'abstiens car l'écran m'hypnotise. La seule chose que j'attends va bientôt arriver et le spectacle promet d'être magnifique.
-J'espère que ce n'est rien de grave, déclare ma mère en allant chercher des mouchoirs au cas où un drame immense arriverai.
-Je suis sur que non sinon ça irait beaucoup plus vite que ça, argumente mon père.Il me fait un clin d'œil signifiant que ma mère en fait encore des caisses. Cependant, une pointe de stress habite en moi. Ma mère fait parti de la garde royale au sein du palais et elle n'est absolument pas au courant de ce qu'il se passe alors que c'est la première à nous raconter tout les ragots croustillants sur ce qu'il se sème à l'intérieur. Est-ce un projet secret qui va être révélé au grand jour ? Est-ce que nous allons enfin être tous libéré et voir d'autres horizons ? Tellement de questions qui méritent des réponses affluent ma tête, pour certaines je ne suis pas sûr de vraiment vouloir savoir.
Les trompettes résonnent encore pour annoncer l'arrivé du Roi. Le moment que j'attendais est enfin là. Le cameraman tourne l'engin vers le ciel. Au début, seul les étoiles remplissent le cadre mais petit à petit une forme se dessine. Celle d'un rapace. Un spot lumineux éclaire l'animal et nous découvrons sur l'écran un aigle majestueux. L'envergure de celui-ci doit avoisiner les deux mètres. La caméra change d'angle pour nous offrir une vue encore plus spectaculaire de l'oiseau. Ses yeux perçants scrutent un point comme s'il s'agissait d'une proie qu'il devait à tout prix posséder. Ses plumes d'un marron boisés lui permettent de se camoufler afin de mieux surprendre ses ennemis ou ses envies. On sous-estime la puissance et dangerosité d'un aigle royale pourtant les dégâts qu'il peut causer peuvent êtres irréparables.
L'oiseau stoppe sa course folle en se posant sur l'estrade à côté du présentateur qui ne bouge pas d'un millimètre comme habitué par cette représentation. Tout ce cirque n'est qu'une mascarade afin de montrer la puissance des Nertas. La prestation nous intime de rester à nos places de citoyens, de nous émerveiller quand on nous le demande, de pleurer lorsqu'on nous l'exige. Nous sommes les marionnettes du gouvernement pourtant, la totalité des citoyens s'en contentent. C'est absurde.
Un cri ébahi se fait entendre dans ma rue. Je me concentre à nouveau sur la télévision et découvre le phénomène qui ne cessera de nous émerveiller. Que nous soyons riche ou pauvre, ce spectacle là vaut tout l'or du monde. Heureusement, chaque jour nous pouvons en voir un différent. Le processus de l'Oergong commence.
L'aigle grandit avoisinant maintenant une taille humaine. Ses ailes raccourcissent en faisant tomber une à une les plumes qui les recouvraient. À l'écran, les os de l'oiseau grossissent au niveau des pattes pour former des jambes humaines. Il en est de même pour les bras. En à peine une seconde, plusieurs couches de peau recouvrent le squelette à la place des plumes. Le rapace secoue sa tête légèrement dans tout les sens jusqu'à ce que des traits humains apparaissent. La caméra zoom sur les mêmes yeux perçants qui habitaient l'aigle tandis que des servants sont sûrement en train de l'habiller. C'est un des désavantage de la transformation. Les habits n'apparaissent pas avec. Je sais qu'il existe des gadget pour avoir à portée de mains des équipements mais tout le monde n'a pas cette chance de posséder des objets aussi coûteux. Le Roi pourrait en utiliser pourtant il choisi de rabaisser l'humain et de se satisfaire de leur service.
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The race for the crown
FantasyLe royaume de Wyld semble sur le point de vivre une expérience unique. Sous le feu des caméras, entre cours et épreuves, Lysis n'a pas eu le choix d'entrer dans ce qu'ils qualifient « la chance de votre vie ». Pourtant, les choses doivent changer...