Realta

Chapitre 20: Le saint des saints

Après ce malencontreux événement, le planning fut considérablement allégé pour Ophélia, ce qui la faisait rager. Elle n'était pas une chose délicate qui avait besoin de protection, ce que les gens autour d'elle avaient tendance à oublier. D'accord elle était malade et oui, elle était jeune, petite et mignonne. Mais ce n'était pas une raison pour l'enfermer dans une prison non plus! Elle commença à s'ennuyer dans la journée et c'était encore pire pour la nuit.

Elle tint deux jours. Passé ces deux jours, elle s'ennuyait tellement qu'elle commença à passer ses nuits à explorer l'intérieur de la montagne. Il ne fallut pas plus de quelques explorations pour qu'elle se rende compte qu'il n'y avait pas tellement de choses intéressantes dans le coin. Et il y avait cette ziggurat, dont l'entrée était close à tous, qui lui faisait de l'œil. Un sanctuaire divin, c'était plutôt intéressant comme endroit à visiter... C'était la raison pour laquelle elle se retrouvait à une heure du matin en petit short de nuit et débardeur au sommet du monument, prête à entrer dans le saint des saints.

Elle poussa la porte, les yeux brillants de curiosité. La lueur s'éteignit presque immédiatement. Au fond, il y avait une statue immense d'un homme voilé qui portait une amphore. De l'eau jaillissait de l'ouverture dans l'amphore et s'écoulait avec un léger bruit jusqu'à un bassin dans le sol. Le reste de la décoration n'était pas aussi kitch, mais jouait plutôt sur le minimalisme. De la pierre, de la pierre et de la pierre... Bref, rien de spécial. Dommage... Elle s'attendait à des bouquins de prière, des objets sacrés, un trésor, ce genre de choses. Mais là, il n'y avait rien hormis ce gigantesque bassin et cette non-moins gigantesque statue. La luminosité surgissait de nulle-part, sans doute un petit tour d'une de ces prédécesseurs.

Ophélia s'assit sur le bord du bassin et mit les pieds dedans. L'eau était fraiche, ce qui était agréable avec cette atmosphère étouffante. Elle se pencha légèrement en avant pour se mouiller le visage. Ce changement de point de vue lui permit d'apercevoir une légère lueur au fond du bassin. Ophélia se remit dans le bonne angle, pile pour voir l'éclat sous l'eau.

Son insatiable curiosité couplé avec son dépit de sa maigre trouvaille la poussèrent à aller voir ce que c'était. De toutes façons, il n'y avait personne ici pour l'en empêcher. Elle plongea immédiatement. L'eau fraiche la recouvrit entièrement. Le bassin était encore plus large de ce point de vue et bien plus profond que celle qu'elle pensait. Elle nagea vers le fond et se propulsa jusqu'à la céramique qui ornait le bassin. Il y avait une légère dépression qui comprenait un sarcophage. Quelques ornements étaient en or et c'était le reflet de la lumière sur le métal qui avait attiré son attention.

Elle poussa le couvercle du sarcophage et aperçut un passage menant dans l'obscurité. Elle plongea sans réfléchir dans le trou. Le passage était assez large, quoi qu'obscur. Il descendit très peu, puis remonta. Il ne fallut que peu de temps pour qu'elle ne remonte à la surface dans une salle aussi obscure que le boyau. Ophélia inspira profondément, illumina la salle par sa volonté et se hissa sur le sol de pierre, trempée. Elle essora ses cheveux dégoulinants et jeta un coup d'oeil autour d'elle. La pièce ressemblait à une entrée de bâtiment, avec une grande porte.

Enthousiaste, elle se releva et s'engouffra dans les entrailles du bâtiment. Elle descendit une volée de marches pour arriver au sein d'une salle immense, tout bonnement gigantesque. Des éclats de couleur l'interpellèrent. Elle jeta un coup d'oeil surpris autour d'elle. Il était donc planqué là, le trésor. Et au fond, elle aperçut une bibliothèque avec de superbes livres qui avaient l'air assez anciens. Les fameux textes sacrés. Un sourire étira son visage. Finalement, sa petite balade se révélait plus fructueuse qu'elle ne l'avait cru précédemment.

Elle s'avança un peu, furetant du regard dans la salle. Elle s'attendait vaguement à un trésor, mais elle n'en attendait pas tant. Dans ce sanctuaire coupé du monde où tout le monde vivait en harmonie résidait tout de même un trésor colossal, des montagnes d'or de tous les côtés, des cascades de pierres précieuses scintillant sous la lumière magique, des centaines d'objets à caractères sacrés passant du calice à la hache, des objets venant du monde entier et d'époques différentes comme des amphores romaines, des sphinx égyptiens ou de la soie peinte chinoise. Certaines pièces vaudraient des millions aux enchères. Les pièces à caractère sacrées étaient mieux positionnées que les autres, posées sur des présentoirs. Elle passa devant un service à thé en cristal, une plume sculptée dans du bois de cèdre du Liban avec un réalisme saisissant, une armure en vibranium absolument indatable...