Chapitre 19 comprende

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Point de vue d'Eren

Je tenais Levi dans mes bras, il pleurait comme je ne l'avais jamais vu faire. Je savais qu'il vivait une dépression et que son moral n'y était pas, mais je me sentais tellement impuissant à le voir aussi malheureux. Sa médication ne faisait toujours pas effet sur son humeur, il avait plus d'énergie, mais il ne souriait jamais. J'étais terrifié lorsqu'on m'avait annoncé que Levi était à risque de suicide. Je me demandais ce qui avait déclenché ce désordre émotionnel. Était-ce la mort d'Erwin où une accumulation d'événement qui en était la cause. Je n'avais pas la réponse et ne l'aurai peut-être jamais, mais je savais que mon noiraud avait besoin d'aide.

Je lui flattais le dos pendant que ses larmes se déversaient, mes yeux s'emplirent aussi, j'avais mal à le voir souffrir comme ça. La seule chose que je pouvais faire était d'être à ses côtés. Je baisai sa tête et lui soufflai que ça allait aller, que j'étais là, de laisser tout ça sortir. Sa main se refermait son mon pull me serrant très fort. L'intensité de ses larmes ne diminuait pas, elles restaient toujours aussi constantes. Je restais patient et le laissais se calmer, il avait besoin de faire sortir sa douleur peu m'importait la forme.

Sa respiration se calma peu à peu puis, ses petits yeux rougis se levèrent vers mon visage. Il semblait me supplier de son regard gris, je ne comprenais pas ce qu'il voulait. Je caressai sa joue du revers de ma main. Avec mon pouce, j'écrasai les perles qui glissaient de ses yeux. Je le regardais avec amour et lui me fixait avec toute la douleur accumulée dans son cœur. J'embrassai son front, son œil droit puis le gauche, je descendis sur son petit nez pour terminer sur sa bouche. Que de petits effleurements de papillon et pas plus. Il renifla quelque fois et cacha à nouveau son visage dans mon chandail. J'attrapai son menton et le l'obligeai à me regarder, je voulais le comprendre et savoir ce qui le rendais si vulnérable et déprimé.

- Parles-moi Amour, dis-moi ce qui se passe dans ta tête.

- Tout le monde veut que je parle et si moi je ne voulais pas parler?

- Si tu n'utilises pas de mots, personne ne te comprendra Levi. Je ne suis pas dans ta tête, je ne peux pas deviner.

Il resta silencieux un petit instant regardant ses pieds se tenant toujours à moi. Je lui laissai son temps, il en avait de besoin, le brusquer ne servirai à rien. Je voulais avancer avec lui et non pas reculer. Il se mordilla la lèvre inférieure puis, releva les yeux vers moi. Il craignait quelque chose, il était freiné par la peur. Je collai mon front au sien, le tenant toujours contre moi, je soufflai doucement.

- Amour, je ne suis pas là pour te juger, je n'ai pas le droit de le faire après tout ce que je t'ai fait subir. Je suis là pour toi Levi. Tu ne veux pas parler alors, ne parles pas. Tu veux crier alors, cris. Tu veux pleurer, alors pleurs toutes les larmes de ton corps. Je serai toujours là peu importe ce que tu feras, je serai là d'accord?

Il déglutit difficilement puis, opina du chef, ses yeux étaient grands ouverts, le blanc devenu rose par les larmes qui ont passées par là. Il semblait impressionné par mon discours. Je ne savais pas si je devais être fier de moi où déçu de lui.

- D'a-cord.

- Tu en parleras lorsque tu seras prêt.

- Oui.

Nous passions le reste de la journée en silence à regarder l'extérieur jusqu'à ce qu'il s'endormît contre moi. Cela prit beaucoup de temps avant qu'il ne se décidât à prononcer un mot. Il me regardait, il hochait de la tête, mais restait silencieux le reste du temps. J'avais eu la permission de le sortir dans le jardin de l'hôpital par les journées de beau temps. Nous étions assis sur un banc à regarder un papillon butiner une fleur. Mon aîné soupira et se retourna vers moi.

- Je ne crois pas que je vais mieux aller Eren.

Cette phrase tomba comme une bombe nucléaire dans mes oreilles. J'étais impuissant et j'en souffrais grandement. Je ne répondis pas immédiatement, je désirais entendre ses explications.

- J'ai toujours envie de mourir. Tu sais, certaines croyances disent que c'est un papillon qui guide les âmes vers l'au-delà.

Pour la première fois, je l'entendis ricaner, c'était presque muet, mais ça venait de lui, c'était sa voix. Un demi sourire ornait ses lèvres rosées, ses joues n'étaient plus aussi creuses, ses cernes presque toutes disparues.

- J'aimerais être guidé par un papillon noir avec des teintes aubergines. Je crois que je me sentirais plus en sécurité que savoir qu'il n'y aura rien de l'autre côté.

- ...

- Je sais que ce n'est pas ce que tu veux entendre Eren, je sais que tu m'aimes, mais... Comment je pourrais t'aimer si je ne m'aime pas moi-même?

Mon cœur se fendit encore plus, Levi venait de dire ce que je craignais le plus au monde. Ses premières paroles avaient piétinées mon cœur comme si je n'étais qu'une vulgaire feuille sur l'herbe en automne. Il comptait toujours mourir, le psychiatre m'avait avisé de cette possibilité, malgré le fait que je le savais, le choc fut tout aussi dur. Ma respiration se saccadait, ma bouche s'asséchait, l'envie de fumer m'envahissait.

- Est-ce qu'il y a quelque chose qui te raccroche à la vie?

- Je ne crois pas...

- Pas même moi ou Boréale?

Il soupira sans me regarder, ses yeux semblaient admirer quelque chose que je ne pouvais voir. C'était comme s'il était déjà parti dans un autre monde, je ne connaissais pas la solution pour le ramener à moi alors, je fis la seule chose que je croyais être bonne. Je me tournai vers lui et l'attirai à moi, tenant sa nuque, je cachai son visage contre mon torse, il n'opposa aucune résistance. Je collai mon nez dans ses cheveux d'ébène et me mis à chuchoter.

- Je suis peut-être égoïste, mais je suis prêt à me battre pour toi, si tu n'es plus assez fort pour te relever, je te relèverai. Si tu pleurs, je serai là pour sécher tes larmes. Je veux être ton roque, la personne sur qui tu peux compter. Je t'aime Levi et je n'abandonnerai pas.

Prove me wrongOù les histoires vivent. Découvrez maintenant